J’ai
un voisin beau comme un dieu, mais alors là beau que c’est même
pas croyable d’être beau comme ça. Du coup, c’est souvent,
quand il est dans son jardin, que je me trouve, comme par hasard,
dans le mien. On échange quelques mots par-dessus la haie. Des
banalités. Sur le temps qu’il fait. Sur mes rhododendrons. Sur ses
hortensias. Ça ne dure jamais bien longtemps. Il s’excuse. Il a à
faire. Et il me plante là. Je ne compte pas pour lui. Je ne
l’intéresse pas vraiment.
Mais
moi, je l’emporte avec moi. J’emporte son sourire. J’emporte le
grain de sa voix. J’emporte le velouté de son regard. Dans ma
chambre. Je m’allonge et je ferme les yeux. Je me transporte chez
lui. Dans sa maison. J’en explore chaque pièce avec curiosité.
J’ouvre ses tiroirs. Je visite ses placards. J’entre dans sa vie.
Je m’en empare. Avec volupté. Avec délectation. Je contemple
longuement son lit. C’est là qu’il dort. C’est là que
peut-être – sûrement – il se donne du plaisir.
Souvent ? Sans doute. C’est un homme et les hommes… Je
m’agenouille. J’enfouis ma tête dans son oreiller. Il est plein
de senteurs. Son parfum. Son odeur. Enivrants. J’hésite un peu. Et
puis je me déshabille. Résolument. Complètement. Je m’enfouis
entre ses draps. Je me pénètre de lui. Mes doigts m’effleurent,
insistent.
– Non,
mais faut pas se gêner !
Je
sursaute. Tout occupée de lui, je ne l’ai pas entendu arriver.
Je
m’affole.
– Excusez-moi !
Je suis désolée… Je…
– On
peut savoir ce que vous faites là ?
– Mais
rien ! Rien du tout. D’ailleurs, je m’en vais.
Et
je m’extirpe tant bien que mal de son lit.
– Vous
vous en allez ! Ben, voyons !
Il
se repaît tranquillement, tout à loisir, de ma nudité. Je me
précipite en toute hâte sur mes vêtements. Je veux me rhabiller.
Je… Il m’arrête.
– Pas
si vite ! Parce que d’abord on a un petit compte à régler
tous les deux.
Je
feins l’étonnement.
– Un
petit compte ? Comment ça, un petit compte ?
– Non,
mais attendez ! Vous vous introduisez chez les gens. Il y a
violation de domicile. Vous vous installez dans leur lit. Et vous
espérez que je vais vous laisser repartir comme ça ?
Tranquillement. Non, mais vous rêvez, là !
– Je
le ferai plus…
– Vous
le ferez plus, non ! Parce que je vais vous flanquer une fessée
qui vous en fera passer définitivement l’envie.
Et,
sans me laisser le temps de proférer le moindre mot, il me courbe en
travers de sa jambe tendue et il me fesse. Généreusement. Ça tombe
dru. Ça claque. Ça pique. Ça brûle. Mais je suis heureuse.
Tellement. Parce que c’est lui. Ce sont ses mains à lui. Il tape.
Il tape sans discontinuer. De plus en plus fort. De plus en plus
vite. Sa respiration s’accélère. Est-ce qu’il aime me lanciner
le derrière ? Bien sûr qu’il aime. Évidemment.
Il
s’arrête tout soudain…
– Mais
qu’est-ce que ?
Il
me passe une main inquisitrice entre les cuisses.
– Mais…
Mais… vous êtes trempée.
Oh,
que oui, je suis trempée. Oui.
Il
me pousse doucement vers le lit. Il m’y fait tomber. Mes bras se
referment autour de lui. Je m’ouvre. Je m’ouvre en grand. Il se
loge en moi. Il y palpite. Il s’y active. Il s’y répand. Je
gémis mon plaisir dans son cou.
Quand
j’en ai terminé, je sors. Aussitôt. Si la chance me sourit, il
est là, dans son jardin. Je m’approche, toute pleine de lui, toute
pleine de nous. Je lui parle. Je l’écoute. Il ne sait pas qu’il
y a dix minutes, là, à côté, il me flanquait une monumentale
fessée. Avant de me donner un plaisir inouï. Il ne sait pas. Je lui
parle encore. Je l’écoute encore. Je le regarde. L’envie
revient. Et j’y retourne.
Joli, vraiment. Si ça se trouve, le voisin n'en pense pas moins...
RépondreSupprimerSauf qu'il est difficile d'aller lui poser la question comme ça, à brûle-pourpoint. "Excusez-moi, cher Monsieur, mais je viens de me donner du plaisir en pensant à vous. Est-ce que vous de votre Côté?" Ça ferait bien un peu désortdre, non?
RépondreSupprimerElle pourrait toujours, alors qu’elle pend son linge, chantonner quelque chose...
RépondreSupprimerElle pourrait en effet. Je lui soumettrai l'idée.
RépondreSupprimerL'inviter à boire un thé ?
RépondreSupprimerDe toute façon, vu qu'ils habitent côte à côte, ils sont forcément appelés à être, par moments, en contact réel. Dès lors beaucoup de choses peuvent se produire.
RépondreSupprimerOh il fait rêver ce récit, pendant la lecture j'étais Lucie..elle va l'avoir j'en suis sûre, on aura un suite ?
RépondreSupprimerCrocodelle
Elle l'aura sans doute, peut-être, allez savoir! Il y aura une suite, oui, tous les samedis, mais pas forcément centrée sur le voisin. Les fantasmes de Lucie ont tendance à emprunter toutes sortes de directions.
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