jeudi 31 mai 2018

Quinze ans après (8)

Il y avait Andrea. Que j’avais revue. Deux fois. À qui j’avais, chaque fois, administré une retentissante fessée. Dont j’avais, comme convenu, enregistré les cris et les supplications. Qui en était absolument ravie.
– Avec le bruit des claques par là-dessus, ça fait un effet ! Tous les soirs, je l’écoute. Dix fois de suite. Je m’en lasse pas. C’est un peu comme si on était ensemble. Comme si on recommençait.
– Et tu te caresses.
– Ben oui, ça, forcément !
J’en avais conservé une copie.
– Ça t’ennuie pas ?
– Oh, non ! Non ! Bien sûr que non. Tu l’écoutes ?
– Quelquefois, oui.
– J’aime bien que tu le fasses. J’adore…
– D’ailleurs, à ce propos, ça t’ennuierait que je la fasse écouter à quelqu’un ? Sans lui dire qui tu es, évidemment.
– À qui ?
– Un ami. Un passionné de fessée. Depuis toujours.
– Tu peux. Bien sûr que tu peux, mais à une condition, c’est que tu me racontes. Ce qu’il a dit. Ce qu’il a pensé. Tout.

Il y avait aussi Eugénie.
Qui maintenant voulait qu’on se voie tous les jours. Qui ne me parlait plus que de mon amoureux supposé. Qui voulait tout savoir de lui. Absolument tout. Comment on s’était rencontrés. Comment il me faisait l’amour. Quand il allait enfin revenir.
– C’est long !
– Il fait pas toujours ce qu’il veut.
Coxan se frottait les mains.
– On la tient. Alors faisons-la mariner encore un peu. Je vais y passer une semaine de plus au Canada, mais alors à mon retour…

Et puis il y a eu Camille. Qui m’a contactée sans grande conviction.
– Parce que moi, les fessées…
– C’est pas ton truc.
– Non. Enfin, si ! C’est un peu compliqué.
– Eh ben, explique !
– Ce dont j’ai besoin, c’est d’obéir. Sans discuter. Sans réfléchir. Quoi qu’on veuille. Quoi qu’on me demande. Aussi difficile que ce soit. Surtout, si c’est difficile. Faut qu’on m’impose. Faut qu’on s’impose. Alors, bien sûr, les fessées, ça peut en faire partie. Ça doit en faire partie. Mais faut que ça aille au-delà. Bien au-delà.
– En somme, si je comprends bien, ce à quoi tu aspires, c’est être sous la coupe de quelqu’un, sous son emprise, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
– C’est exactement ça.
– Oui, ben c’est à pas toi de décider.
Il y a eu un long blanc au téléphone. Et puis :
– Oui, vous avez raison. Entièrement raison.
– Tu es où ? Tu habites où ?
– À Angoulême.
– Alors tu te débrouilles comme tu veux, mais demain, à quinze heures, tu seras devant la fontaine Saint-Michel à Paris.
– J’y serai.

– Et tu vas en faire quoi, sans indiscrétion ?
– Je sais pas. J’aviserai sur place. Quand je l’aurai vue. Mais tiens-toi prêt, toi aussi. Parce qu’en voilà une avec qui, à mon avis, on va pouvoir brûler les étapes.

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