samedi 19 mai 2018

Les voisins

Dessin de Kal

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C’est d’abord en sourdine. Feutré. Des claques. Toutes timides. Légères. Espacées. Et puis, peu à peu, ça prend son envol. Ça se fait plus rythmé. Plus intense. De plus en plus bruyant. De plus en plus énergique. Elle gémit. Elle crie. Elle feule. Et puis le silence. Et puis son plaisir.

Le jeudi, tous les jeudis, elle va faire ses courses pour la semaine. Le matin. Moi aussi. Je la croise dans les rayons. On échange un rapide bonjour. Un sourire. Sans plus. Bien que proches voisins, on ne se connaît que de vue. Je joue les affairés. Je voltige des surgelés aux produits d’entretien. Des viennoiseries aux conserves. Mais, en réalité, je suis à l’affût. Je saisis la moindre occasion de jeter, surtout si elle a eu droit la veille à une bonne claquée, autant de regards que possible, aussi discrètement que possible, sur ses délicieuses petites fesses. Je m’en repais. Là-dessous, sous la robe, sous la jupe ou sous le pantalon, ça brûle de mille feux. Ça rougeoie. J’essaie, le cœur battant, de me représenter. J’imagine. Je « vois ».

Il m’aborde sur le palier. Lui. Le mari. Tout sourire.
– C’est un peu idiot, vous trouvez pas ?
– Quoi donc ?
– Ben, on habite côte à côte depuis des mois et on s’est seulement pas donné la peine de faire connaissance. Ce serait quand même la moindre des choses, non ?
En effet, oui. Je suis bien de son avis. Complètement.
– Bon. Mais il est jamais trop tard pour bien faire. Passez ce soir. On boira l’apéro.

– Alors, voilà. Elle, ma gentille petite femme, c’est Mylène. Moi, c’est Étienne. Et vous ?
– Clément.
– On se tutoie ? Ce sera mieux, non ?
On se tutoie. On parle de choses et d’autres. De l’immeuble. Qui est bien situé. Pas trop loin de la gare. Et propre. De leurs métiers. Elle est secrétaire médicale. Il est commercial chez Volvo.
– Et toi ?
– Je travaille chez moi. Sur ordi.
– Ah, on se disait aussi…
Il se râcle la gorge, repose son verre.
– Et justement on voulait te demander… On fait pas trop de bruit ? On te dérange pas ?
– Oh, non, non ! Pas du tout !
– Parce que c’est du papier à cigarettes les murs ici. On entend tout ce qui se passe chez toi. Alors forcément dans l’autre sens… On te choque pas ? Parce qu’on a parfois des jeux…
– Oh, quand même ! On n’est plus au Moyen-Âge.
– Oh, alors ça ! Il y en a, c’est carrément à la Préhistoire qu’ils sont restés.
Mylène contemple quelque chose, très loin, par la fenêtre.
– Vous tracassez pas pour moi, je vous assure ! J’ai l’esprit large.
– Tant mieux ! Tant mieux ! Parce que, pour te parler franchement, on avait tendance à se brider un peu, mais maintenant qu’on sait que ça te pose pas de problème, on va plus se gêner. Ah, non, alors !

Et effectivement ! Pour se débrider, ça s’est débridé. Des orgies de claques. De lanières qui cinglent. Un martinet. Ou un fouet. On une cravache. Ou les trois. Alternativement. Selon l’humeur du moment. Et puis ses plaintes. Ses lamentations éperdues. Ses cris à pleins poumons. Et ses supplications. « Encore, Étienne, encore ! Et plus fort ! S’il te plaît, plus fort. »

Le jeudi matin, là-bas, aux courses, maintenant on échange rapidement quelques mots. On se demande si tout baigne. Et chacun reprend son périple de son côté. On se croise. On se recroise. J’ai parfois l’impression qu’elle se penche à l’équerre plus longtemps que nécessaire sur le bac aux légumes surgelés quand elle me sait derrière elle. Ou sur le coffre de sa voiture pour y ranger ses courses.
Et puis il y a ce matin-là où je me retrouve derrière elle à la caisse, où je l’aide à sortir ses achats du chariot et à les déposer sur le tapis. Où nos visages sont à quelques centimètres l’un de l’autre. Où ça m’échappe d’un coup, dans un souffle.
– S’ils savaient, les gens ! S’ils se doutaient !
Elle soutient mon regard.
– Eh bien ?
– Ils ne pourraient plus penser qu’à ça.
Un très léger sourire, du bout des yeux, avant de se détourner.

Étienne remplit nos verres. Il a l’air outré.
– Tu sais ce qu’elle m’a dit ? Non, mais tu sais pas ce qu’elle m’a dit ?
Elle, elle est assise, toute penaude, auprès de lui, sur le canapé.
– Je te le donne en mille. Elle prétend que t’en perds pas une miette, toi, à côté, l’oreille collée à la cloison et que ça te met dans tous tes états. Non, mais tu te rends compte ?
Je me rends compte, oui.
– Ça mérite, avoue ! Ça mérite une bonne fessée, non, tu crois pas ?
Je suis bien de cet avis.
– Et toi, Mylène ?
– Aussi. J’aurais pas dû. Je mérite.
– Eh bien, allez, alors !
Elle se lève. Elle s’approche. Il lui baisse lentement, très lentement, le pantalon jusqu’à mi-cuisses. Et elle vient, d’elle-même, s’allonger en travers de ses genoux.

2 commentaires:

  1. Sympa le voisin de lui faire profiter du spectacle. Et qui sait, il va peut-être le laisser essayer ?

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