Anders Zorn: Badande
C’est
décidément une véritable mine, ce bouquin. Je ne le quitte plus.
Je m’y replonge, aussitôt rentrée. Dix fois, ving fois, je
reviens sur mes pas.
Et
je retourne « là-bas. »
Les
trente coups de fouet nous ont été infligés. On nous fait
redescendre de l’estrade, une à une, pantelantes. Et il nous faut
à nouveau fendre la foule. Les pagnes sont restés là-haut et nos
derrières meurtris, zébrés, sont généreusement offerts aux
regards d’hommes et de femmes qui s’attardent complaisamment
dessus. Qui s’en repaissent. Qui savourent. Et qui commentent à
qui mieux mieux.
– Vous
êtes toutes belles comme ça, dites donc !
– Oh,
oui, faudrait vous le faire plus souvent…
– En
attendant, qu’est-ce qu’elles ont braillé !
– Ah,
elles feront moins les fières maintenant…
Le
retour est interminable. Entre deux haies de visages rigolards et
parfois hargneux. Aussitôt qu’ils nous ont ramenées à notre
point de départ, dans la petite salle, les archers nous abandonnent
à notre sort.
– Vous
pouvez rentrer chez vous.
Certaines
se rhabillent en toute hâte. D’autres éclatent en sanglots.
D’autres encore se laissent tomber sur les bancs où elles restent
longuement prostrées. La salle se vide malgré tout peu à peu. Je
ne bouge pas. J’attends. J’attends qu’à l’extérieur la
foule se soit dispersée. Margaux aussi. On n’est plus que toutes
les deux. On se regarde et on éclate d’un immense fou rire.
– Ah,
ça fait du bien !
– Comment
ça me brûle n’empêche ! Pas toi ?
– Ah,
ben ça !
– Ce
qu’il faudrait, maintenant, c’est se le tremper dans un bon
baquet d’eau froide.
Aussitôt
dit, aussitôt fait.
– On
va chez moi ? C’est à deux pas.
Chez
elle. C’est moi qui me le plonge la première dedans.
– Houlà !
Ça soulage ! C’est fou ce que ça soulage.
– Tu
veux que je te frotte le dos ? Ça te détendra.
Elle
n’attend pas la réponse. Sa main est douce. Légère.
– Tu
aimes ?
Si
j’aime !
– C’est
agréable. Très.
– Ça
t’a plu de les voir toutes nues les autres ?
Je
hausse les épaules.
– Il
y en a deux ou trois qui sont vraiment pas mal. Qui gagnent à se
déshabiller.
– Oui,
hein ! Mais pas autant que toi…
Sa
main descend, m’effleure le haut des fesses. Je ne proteste pas. Je
la laisse faire.
– En
douce qu’on n’est pas près de les revoir d’un moment, nos
maris.
– Et
ça va te manquer ?
Elle
soutient mon regard.
– Franchement,
non.
Elle
s’enhardit. S’aventure dans le sillon entre les fesses.
Je
me relève. Je tends ma croupe vers elle. Elle en longe les zébrures
du bout du doigt,y pose ses lèvres. Je m’entrouvre. Elle se fait
inquisitrice. Exploratrice.
Je
l’arrête.
– Attends !
Tu voudrais pas, avant ?
– Avant ?
Quoi donc ?
– M’en
remettre une.
Elle
sourit.
– S’il
y a que ça pour te faire plaisir… Tu la veux comment ? Au
fouet ou à la main ?
– Choisis,
toi !
– Alors
ce sera le fouet. Mais j’y mets une condition. C’est que tu me
rendes la pareille aussitôt après.
– Marché
conclu.
Et
je lui offre mon derrière.
Hé bien, il n'y a que dans les fantasmes qu'on peut en vouloir deux d'affilée... De cette force, j'entends.
RépondreSupprimerEffectivement! Au réel, ça risquerait de poser quelques petits (gros) problèmes.
RépondreSupprimer