Tableau d’Anders Zorn
– On
va où ?
– Tu
verras bien.
La
nuit était tombée. On roulait, depuis un bon moment déjà, en rase
campagne. De temps en temps un hameau. Un bourg. Des pans de forêt.
Pourquoi
il voulait pas le dire ?
– Parce
que.
– Parce
qu’on va retrouver Luc et Ophélie. C’est ça, hein ?
C’était
pas ça, non.
– C’est
quoi alors ?
– C’est
que tu as triché, l’autre jour, dans les bois. Tu devais revenir
toute nue à la voiture. Tu l’as pas fait. Alors on va reprendre
les choses là où on les avait laissées. En mettant la barre un peu
plus haut.
– Avec
vous, je crains le pire.
– Pour
ton plus grand plaisir, tu le sais bien.
Ça,
je devais reconnaître que…
Il a
garé la voiture devant une vieille maison aux poutres apparentes,
avec une grande cheminée en pierre.
Il a
commencé par y faire du feu.
– Que
tu n’aies pas froid. Les nuits sont un peu fraîches maintenant.
Y a
suspendu un chaudron.
– Parce
que si on veut de l’eau chaude… C’est la campagne ici. Et j’ai
laissé la maison en l’état. C’est ce qui fait son charme.
On
s’est installés devant.
– Bon,
alors… Comme tu peux le voir, il y a deux fenêtres.
Ça,
j’avais remarqué, oui.
Sans
rideaux. Et avec des volets qui vont rester ouverts. Il y a aussi des
voisins. Un vieux célibataire. À une centaine de mètres. À peine.
Un peu plus loin, un couple, avec un fils de vingt ans. Un peu plus
loin encore un autre célibataire, plus jeune celui-là. La
quarantaine. Comme ils sont à l’affût de tout, ils ont à coup
sûr entendu la voiture. Et il n’y aurait rien d’étonnant à ce
que l’envie de passer jeter un coup d’œil prenne l’un ou
l’autre d’entre eux. Histoire de se rendre compte si je suis tout
seul ou pas. Et, le cas échéant, de profiter un peu de la
situation.
Je
le voyais venir, là. Je le voyais vraiment venir.
– Et
tu ne voudrais tout de même pas les faire se déplacer pour rien. Ce
serait d’une impolitesse ! Tu n’es pas de mon avis ?
Non.
Enfin, si ! Oui. Peut-être un peu.
– Un
peu ?
J’ai
ri. Comme il me connaissait bien !
– Allez,
Lucie ! Il fait bon maintenant.
Allez !
Et je me suis déshabillée. Une fois en sous-vêtements, j’ai levé
sur lui un regard interrogateur.
– Tout ?
– Évidemment,
tout.
Tout.
Tout.
Et
je suis venue me rasseoir.
– Oh,
ben non ! Non ! Ça vaut pas ! Va ranimer le feu,
tiens, plutôt !
Longuement.
En prenant tout mon temps.
– Tu
sais qu’elle est encore là, ta fessée d’avant-hier ? Bien
installée. Joliment rougissante. S’il y en a un, là, le nez collé
au carreau, il doit être aux anges.
Il
m’a rejoint, a passé un bras autour de mes épaules.
– C’est
excitant, hein, de pas savoir. Il y a quelqu’un ? Il y a
personne ? Je suis sûr que t’es toute trempée.
Il
m’a passé une main entre les cuisses.
– Qu’est-ce
que je disais ! Oh, mais ça mérite, ça ! Ça mérite. Et
pas qu’un peu ! Une bonne fessée. Par-dessus l’autre. Mais
là-haut. Dans la chambre. Ça, ils y ont pas droit. Pas encore.
Et
on a gravi l’escalier.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire