lundi 17 juin 2019

Réprimande



Tableau de Carl Larsson

Elle fond sur moi. Elle est furieuse.
– C’est inadmissible, Mélanie. Inadmissible !
Je baisse la tête.
– Eh, bien ! Dites quelque chose au moins !
– Je demande pardon à Madame.
– Vous demandez pardon. Ah, c’est facile. Ah, c’est commode. Mais c’est loin, c’est très loin d’être suffisant.
– Je supplie Madame…
Elle hausse les épaules.
– Vous en prenez beaucoup trop à votre aise ces derniers temps. Il faut que cela cesse.
Et elle me couvre d’une infinité de reproches. Mon travail laisse, ô combien !, à désirer. Mon comportement aussi.
– Vous devenez insolente. Vous répondez…
– Madame…
– Taisez-vous ! Je crois qu’il va malheureusement falloir que nous nous passions de vos services.
Je tombe à genoux.
– Que Madame me punisse, je l’en conjure, mais que Madame me garde !
– Vous me demandez là une faveur que vous êtes bien loin de mériter.
– Madame est si bonne…
Elle fléchit. Je la sens fléchir.
– Il faut vous reprendre, Mélanie. Il faut absolument que vous vous repreniez.
– Je promets à Madame de m’y employer.
Elle fléchit de plus en plus.
– Ne vous estimez pas quitte pour autant.
Je sais. Et je sais ce qu’il me reste à faire.
Je me lève. Je m’agenouille. Je relève ma robe. Je lui tends ma croupe.
– Que Madame me punisse ! Je l’ai mérité.
Elle reste un long moment derrière moi, silencieuse. Finit par m’y lancer une petite claque.
– Vous n’y couperez pas ! Mais nous allons attendre le retour de Monsieur.
– De Monsieur !
– Y verriez-vous un inconvénient ?
Si ! Oui. Mais non.
– Non, Madame ! Non.
– Alors, parfait !

Je prends le pardessus de monsieur. Son chapeau. Il me soulève le menton du bout du doigt.
– Vous avez encore fait des vôtres, à ce qu’il paraît, Mélanie.
Je baisse les yeux, confuse.
– Oui, Monsieur !
– Vous savez que ce n’est pas bien du tout !
Je sais, oui.
Et Madame ordonne.
– Allons ! En position !
J’obéis. Mes fesses à nu. Tendues. Ma robe maintenue bien haut. Des deux mains.
Et elle cingle. À tout-va.
Je me mords les lèvres pour ne pas crier.
C’est long. Ça dure.
Monsieur intervient.
– Plus fort, ma chère ! Plus fort ! Si vous voulez que la leçon porte.
Plus fort. Beaucoup plus fort. Ça mord. Ça entame. Je crie. Je gigote. Je me tortille. Sans la moindre pudeur.
Ça s’arrête d’un coup.
Ils me laissent là. Ils s’en vont. Précipitamment. Sans un mot.

Dans la chambre, à côté, il y a d’abord ses gémissements à elle. Ses plaintes éperdues. Puis ses rugissements à lui. Rauques. Bestiaux.
C’est à moi qu’ils doivent leur plaisir. À moi.
Ils recommencent.
Ma main s’égare entre mes cuisses. Et je les accompagne.

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