Tableau de Carl Larsson
Elle
fond sur moi. Elle est furieuse.
– C’est
inadmissible, Mélanie. Inadmissible !
Je
baisse la tête.
– Eh,
bien ! Dites quelque chose au moins !
– Je
demande pardon à Madame.
– Vous
demandez pardon. Ah, c’est facile. Ah, c’est commode. Mais c’est
loin, c’est très loin d’être suffisant.
– Je
supplie Madame…
Elle
hausse les épaules.
– Vous
en prenez beaucoup trop à votre aise ces derniers temps. Il faut que
cela cesse.
Et elle
me couvre d’une infinité de reproches. Mon travail laisse, ô
combien !, à désirer. Mon comportement aussi.
– Vous
devenez insolente. Vous répondez…
– Madame…
– Taisez-vous !
Je crois qu’il va malheureusement falloir que nous nous passions de
vos services.
Je
tombe à genoux.
– Que
Madame me punisse, je l’en conjure, mais que Madame me garde !
– Vous
me demandez là une faveur que vous êtes bien loin de mériter.
– Madame
est si bonne…
Elle
fléchit. Je la sens fléchir.
– Il
faut vous reprendre, Mélanie. Il faut absolument que vous vous
repreniez.
– Je
promets à Madame de m’y employer.
Elle
fléchit de plus en plus.
– Ne
vous estimez pas quitte pour autant.
Je
sais. Et je sais ce qu’il me reste à faire.
Je me
lève. Je m’agenouille. Je relève ma robe. Je lui tends ma croupe.
– Que
Madame me punisse ! Je l’ai mérité.
Elle
reste un long moment derrière moi, silencieuse. Finit par m’y
lancer une petite claque.
– Vous
n’y couperez pas ! Mais nous allons attendre le retour de
Monsieur.
– De
Monsieur !
– Y
verriez-vous un inconvénient ?
Si !
Oui. Mais non.
– Non,
Madame ! Non.
– Alors,
parfait !
Je
prends le pardessus de monsieur. Son chapeau. Il me soulève le
menton du bout du doigt.
– Vous
avez encore fait des vôtres, à ce qu’il paraît, Mélanie.
Je
baisse les yeux, confuse.
– Oui,
Monsieur !
– Vous
savez que ce n’est pas bien du tout !
Je
sais, oui.
Et
Madame ordonne.
– Allons !
En position !
J’obéis.
Mes fesses à nu. Tendues. Ma robe maintenue bien haut. Des deux
mains.
Et elle
cingle. À tout-va.
Je me
mords les lèvres pour ne pas crier.
C’est
long. Ça dure.
Monsieur
intervient.
– Plus
fort, ma chère ! Plus fort ! Si vous voulez que la leçon
porte.
Plus
fort. Beaucoup plus fort. Ça mord. Ça entame. Je crie. Je gigote.
Je me tortille. Sans la moindre pudeur.
Ça
s’arrête d’un coup.
Ils me
laissent là. Ils s’en vont. Précipitamment. Sans un mot.
Dans la
chambre, à côté, il y a d’abord ses gémissements à elle. Ses
plaintes éperdues. Puis ses rugissements à lui. Rauques. Bestiaux.
C’est
à moi qu’ils doivent leur plaisir. À moi.
Ils
recommencent.
Ma main
s’égare entre mes cuisses. Et je les accompagne.
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