jeudi 27 juin 2019

Fessées punitives (9)


J’y jetais un coup d’œil, mais alors juste un coup d’œil, comme ça, vite fait, sur Internet. Un truc qu’un type avait mis au point pour gagner au Keno. À coup sûr. Sur le long terme, à ce qu’il disait, on rentrait largement dans ses frais. Et même, dans l’immense majorité des cas, on dégageait un coquet petit bénéfice. Pourquoi pas ? À voir. Je pouvais toujours tester. À blanc, bien sûr. Sans engager le moindre centime. Pour me faire une idée.
Une main s’est posée sur mon épaule. Celle de Julien. Que je n’avais pas entendu arriver.
– Tu fais quoi, là ?
J’ai précipitamment rabattu le capot de mon ordinateur.
– Rien.
– T’as la conscience tranquille, on dirait.
– Mais non, Julien. Non, je t’assure. Je regardais juste. Comme ça. Simple curiosité.
– Toi, tu finirais par y repiquer…
– Sûrement pas. Alors là, il n’en est pas question.
– Mouais…
– Si, c’est vrai, hein ! Il faut que tu me croies, Julien. Tu me crois ?
– Il a quel âge, le Valentin d’Océane ?
– Au juste, je sais pas. Dans les vingt-cinq. Par là. Pourquoi ?
– Et le Clément de Bérengère ?
– Je l’ai jamais vu. Mais à peu près pareil. Sûrement. Mais pourquoi tu me demandes tout ça ?
– Parce que je te connais et que je sais que la perspective d’être, à ton âge, fessée devant deux gamins n’a rien, pour toi, de particulièrement séduisant, c’est le moins qu’on puisse dire, et qu’il me paraît souhaitable de procéder, par précaution, à une petite piqûre de rappel.
– Je t’assure, Julien, que…
– Dans ton cas, et je préfère être très clair dès à présent là-dessus, si tu devais rechuter, il n’y aurait pas de passage par la case « Fessée devant les copines. » On irait directement à la case « Fessée devant les messieurs des copines. » Alors à bon entendeur…
– Tu n’as pas le moindre souci à te faire.
– J’espère. Parce que reconnais que j’ai été patient. Et de bonne composition. Beaucoup plus que de raison. Par ta faute, on est condamnés à vivre au ralenti. Sans pouvoir s’offrir quelque plaisir que ce soit. On ne part jamais en vacances. On ne peut pas. J’ai vendu ma moto. On roule dans une voiture qui affiche plus de deux cent mille kilomètres au compteur. Et on n’a pas les moyens de s’en payer une autre.
– Je sais tout ça, Julien, je sais tout ça. Je m’en veux assez.
– Alors si tu devais en rajouter une couche…
– Je ne le ferai pas. Il est hors de question que je le fasse.
– En es-tu si sûre ?
– Absolument !
– Tu es tout de même tentée. Tout-à-l’heure, à l’ordi…
– C’était juste… Je t’ai dit… N’importe comment, tu as visé en plein dans le mille, tu sais. Parce que, franchement, une fessée devant Valentin et les deux autres, là, comment ce serait humiliant. Je n’ai pas du tout la moindre intention de m’exposer à ça. D’ailleurs…
– D’ailleurs ?
– Tu veux être sûr, absolument certain, que je ne recéderai pas à la tentation ?
– Et comment !
– Eh bien, si jamais je le fais, si jamais je recommence, t’en parleras à Cynthia et Kevin.
– Cynthia et Kevin ? Nos amis ?
– Évidemment, eux. Qui tu veux d’autre ? Tu leur diras que tu es obligé de me fesser et tu leur diras pourquoi. Et alors là, je peux te dire que c’est, pour moi, une perspective totalement dissuasive. Tu le feras ?
– Je le ferai.
– Et, du coup, tu n’auras pas à le faire. Qu’ils sachent, eux, mais j’en mourrais de honte !

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