Tableau d’Anders Zorn
Quand
je me suis réveillée, j’étais dans ses bras. Il me regardait
dormir.
Il
m’a caressé la joue. Souri.
– Alors ?
Notre petite promenade d’hier ?
Je
me suis blottie contre lui. J’ai caché ma tête dans son cou.
– Tu
as aimé ?
– Tu
sais bien que oui.
– Non,
tu n’as pas aimé. Tu as adoré.
Je
me suis pressée plus fort contre lui.
Tu
sais qu’il y a encore plein de choses qu’on pourrait faire ?
– Quoi ?
Dis-moi !
– Tu
t’habilles ? Je t’emmène.
– Où
ça ?
– C’est
une surprise.
– Un
truc comme hier ?
– En
pire.
– En
pire ? Hou là là ! Qu’est-ce que c’est ?
Il y
a pas eu moyen de le lui faire dire. Il s’est montré inflexible.
On a
roulé. Toute la matinée.
À
midi, on a déjeuné dans une petite auberge, sous la glycine.
Et
puis on a repris la route.
Quelques
kilomètres encore et il a garé la voiture, un peu à l’écart,
dans un chemin de terre.
On a
pris un sentier. On a marché une dizaine de minutes. Jusqu’à un
petit ruisseau.
On
s’est baignés. Tout nus.
– On
peut. Il y a personne.
On
s’est étendus au soleil. On s’est encore baignés. J’étais
bien. J’ai un peu somnolé à ses côtés.
Il
s’est redressé sur un coude.
– Bien !
Il est temps de passer aux choses sérieuses.
Aux
choses sérieuses ? Quelles choses sérieuses ?
– Tourne-toi !
Fais voir !
– Quoi,
donc ?
– Ta
fessée.
Je
la lui ai docilement montrée.
– Mouais !
Faudrait peut-être commencer par la raviver un peu.
Il
s’y est employé. À grandes claques de ses larges mains qu’il a
laissé puissamment retomber sur ma croupe, à une douzaine de
reprises. J’ai gémi. Et un peu crié vers la fin.
– Là !
C’est mieux !
Il
s’est rhabillé.
– On
s’en va ?
– Non,
non ! Moi, je m’en vais. Toi, tu restes là. Pour le moment.
Et
il s’est mis à rassembler mes vêtements. Il en a fait un paquet.
Qu’il a glissé sous son bras.
– Mais
qu’est-ce que ?
– Tu
laisses passer un petit bout de temps. Disons… Un bon quart
d’heure. Et puis tu me rejoins.
– Comme
ça ?
– Ben
oui, comme ça ! Une petite promenade dans les bois, toute nue,
avec le derrière en feu. T’imagines la montée d’adrénaline ?
Me dis pas que ça te tente pas. Que tu n’y as jamais pensé. Que
tu n’as jamais fantasmé là-dessus.
– Si !
Bien sûr que si ! Seulement…
– Seulement
quoi ?
– Si
je rencontre quelqu’un ?
– Il
y a peu de chances.
– Oui,
mais quand même ! On sait jamais.
– Tu
lui expliqueras que t’étais avec des copines au bord de l’eau,
que tu t’es endormie et que, quand tu t’es réveillée, tes
affaires avaient disparu. Qu’elles ont voulu te faire une blague,
sûrement.
– Oui,
oh, mais la honte ! Dans l’état où j’ai les fesses…
– T’auras
qu’à pas te retourner.
– Pour
qu’il… Ben, voyons !
Il
m’a enlacée.
– T’en
crèves d’envie, avoue !
– Ça
me tente, oui. Évidemment que ça me tente. Seulement…
– Alors
faut pas réfléchir.
Et
il m’a plantée là.
Je
l’ai regardé s’éloigner.
Il
s’est retourné, avant de disparaître, avec un petit signe de la
main.
(à
suivre)
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