Elle
avait une idée, Alexandrine.
– Et
une bonne ! Tu sais, le père Victor ?
– Celui
chez qui tu fais le ménage ? Qu’est riche à millions ?
– Lui-même.
– Eh
bien ?
– Eh
bien, il a pas d’héritier.
– Toi,
je te vois venir…
– Et
il a un petit péché mignon, le père Victor.
– Qui
est ?
– La
fessée…
– Carrément.
– Il
a tout un tas de trucs là-dessus. Des photos. Des dessins. Bien
planqués. Enfin à ce qu’il croit. Parce que t’as vraiment pas
bien de mal à les dénicher. Et alors ce que j’ai pensé, c’est
que tu pourrais peut-être venir m’aider à faire le ménage chez
lui. Tu casseras un truc. Je te punirai. On recommencera. Ça le
rendra fou. Et, avant trois mois, on est héritières.
– Tu
crois ?
– Je
suis sûre. Et vu l’âge qu’il a, on aura tôt fait de toucher le
pactole.
J’y
suis allée de bon cœur. Je l’ai lancé de toute ma hauteur, cette
horreur de vase. Il a éclaté en tout un tas de petits morceaux qui
sont allés s’éparpiller aux quatre coins de la pièce. Et jusque
sous le buffet.
– Ah,
ben bravo ! Bravo !
– Je
l’ai pas fait exprès.
– Encore
heureux ! Manquerait plus que ça ! Tu pourrais t’excuser
au moins…
– Je
suis désolée, Monsieur Victor…
– C’est
malheureux ! J’y tenais, moi, à ce vase. C’est un vase que…
– Elle
en fera jamais d’autres. Oh, mais je vais t’apprendre à faire
attention, moi, ma petite, tu vas voir ! Une bonne fessée,
c’est encore ce qu’il y a de plus efficace.
– Oh,
non ! Pas la fessée !
– Si !
Et comment !
Et
elle m’a empoignée.
– Pas
devant lui, Alexandrine ! S’il te plaît, pas devant lui, je
t’en supplie !
Elle
n’a rien écouté. Je me suis débattue tant que j’ai pu. Fait
semblant. Pour finir, je me suis retrouvée les fesses pointant en
l’air. Avec elle qui tapait allègrement dessus. Ah, elle y allait
de bon cœur, la garce ! Lui, il en perdait pas une miette, les
yeux exorbités. Chaque fois qu’elle ralentissait la cadence,
qu’elle faisait mine de s’interrompre, il exigeait…
– Encore !
Encore ! Et ça repartait de plus belle.
Ça
s’est enfin arrêté.
Il a
constaté, la mine ravie.
– Comment
elle l’a rouge !
Lui,
c’était la figure qu’il avait toute rouge. Et il transpirait à
grosses gouttes.
Il a
hoché la tête.
– N’empêche
que ça me rendra pas mon vase, tout ça ! Un vase que mon fils
m’avait ramené tout exprès du Viet-Nam. Qu’est-ce que je vais
lui dire, moi, maintenant ?
– Un
fils ? Vous avez un fils ?
– Deux
même. Et une fille. Vous savez bien. Vous l’avez vue l’autre
jour.
– Tu
t’es bien fichue de moi !
– Je
savais pas… Je croyais… Je l’avais oubliée, sa fille.
– Prends-moi
bien pour une imbécile ! En plus !
– J’avais
trop envie.
– C’est
pas une raison !
– T’as
apprécié. Ça se voyait que t’appréciais.
– Pas
du tout, non.
– Menteuse !
– Un
petit peu. Juste un petit peu.
– Tu
m’en veux ?
– Oui.
Beaucoup. Non, en fait. Pas tellement. Presque pas.
Rire, excellent !
RépondreSupprimerMerci
SupprimerMoi aussi, écroulée.
RépondreSupprimerIl y a quand même des manipulatrices douées ;)
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