lundi 17 septembre 2018

Le prix du silence

Dessin de Louis Malteste


– Devine ce que j’ai fait cette nuit…
– Qu’est-ce tu veux que j’en sache ! Tu t’es tapé un mec ?
– Non. Mieux que ça. J’ai épluché les comptes du cabinet.
– T’as vraiment du temps à perdre.
– Pas du tout, non ! Parce que j’ai fait des découvertes extrêmement intéressantes.
– Ah, oui ?
– Tu me demandes pas lesquelles ?
– Lesquelles ?
– Tu es vraiment une comptable hors pair.
– Tu me flattes, là. Tu me flattes vraiment.
– Surtout quand il s’agit de détourner des fonds.
– Tu as beaucoup d’imagination.
– Tu t’es allègrement servie, dis donc !
– Bon, écoute, t’es bien gentille, mais tes petites insinuations, là, tu peux te les mettre où je pense. Parce que je voudrais pas te vexer, mais la comptabilité et toi, ça fait deux.
– On verra.
– On verra quoi ?
– Ce qu’ils en pensent, nos patrons. Des avocats, ça se roule pas dans la farine comme ça. Ils voudront en avoir le cœur net.
– T’aimes vraiment ça, foutre la merde, toi, hein !
– Disons surtout que je suis foncièrement honnête.
– Ben, voyons ! Bon, parlons clair. Tu veux quoi ? Qu’on partage ?
– Ah, non, non ! Sûrement pas. Ce serait trop facile. Je deviendrais ta complice. Ce qui me réduirait au silence. Non, j’ai beaucoup mieux que ça.
– Quoi ? Mais parle à la fin ! C’est d’un agaçant !
– Je vais te foutre une fessée.
– Rien que ça ! Et puis quoi encore ? Non, mais tu m’as bien regardée ?
– Ben oui, justement ! Ça fait des mois que je fais que ça. Que je contemple ton petit cul bien moulé dans des trucs bien collants et que je me dis qu’un cul comme ça, c’est vraiment criminel de pas le mettre à l’air. De pas lui flanquer une bonne tannée. C’est du gâchis.
– T’es vraiment complètement barge.
– Ah, je peux te dire que ça fait un moment que je cherche comment je vais bien pouvoir parvenir à mes fins. Alors une occasion pareille, ça se laisse pas passer.
– Écoute…
– Non, non, non, j’écoute rien du tout. Tu vas encore chercher à m’embrouiller. Comme tu sais si bien faire. Alors tu te déculottes et tu discutes pas. Sinon, demain matin, à la première heure, je suis dans le bureau de Berthier.
– Tu es…
– Immonde… Ignoble… Abjecte… Tout ce que tu veux. Mais tu te décides. Et vite. Ou tu te déculottes ou tu assumes les conséquences de tes actes.
– Tu es vraiment…
– Je sais… Je sais… Tu l’as déjà dit. Ah, ben voilà ! Tu vois quand tu veux… Bon, ben allez ! Et crois-moi, tu vas t’en souvenir…

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