Dessin
de Dagy (Daniel Girard)
– On
le fait ?
– Ça,
c’est toi qui vois…
– Oui,
allez, on le fait. Ça me tente trop. Arrivera ce qu’arrivera.
– T’es
sûre ? Tu vas pas me reprocher après de t’avoir forcé la
main ?
– Mais
non ! Allez, viens, on y va. Avant que je change d’avis.
– Là ?
Devant la mer ?
– Avec
l’hôtel derrière ? On peut voir des fenêtres.
– C’est
bien ce que tu veux, non ?
– Qu’on
puisse voir, oui. Sans savoir s’il y en a qui voient vraiment. Que
je puisse me demander pendant des heures et des heures, après, si
c’était le cas ou pas.
– Eh
bien alors ! C’est l’endroit rêvé, non ?
– Je
sais pas.
– Tu
veux qu’on aille chercher ailleurs ?
– Ça
risque d’être pareil. Ça m’ira jamais. Je trouverai toujours
des prétextes. Non, mais c’est fou, ça, quand même ! Parce
que j’en crève d’envie, mais, en même temps, ça me flanque une
trouille bleue que t’as même pas idée de comment j’ai la
trouille. Bon, mais tu sais pas ? Vas-y ! Vas-y sinon je
vais danser, comme ça, d’un pied sur l’autre, pendant des
éternités. Allez ! Non, attends ! Ça va faire du bruit
les claques, non ? Ça risque d’attirer l’attention.
– Ben
oui, ça, forcément ! Mais le moyen de faire autrement ? À
moins de faire semblant…
– Semblant ?
Ah, non, non ! Bon, mais on s’en fout. Allez, vas-y ce
coup-ci. Tape !
– On
aurait voulu le faire…
– Qu’est-ce
qui s’est passé ?
– T’as
pas entendu ?
– Si !
Des sifflets. Des cris. Et puis des rires.
– Ça
venait d’où ?
– Du
coin de la rue, là-bas. Une dizaine, ils étaient. Des joueurs de
foot ou quelque chose comme ça.
– Ils
ont vu, tu crois ?
– Ah,
ça, pour voir, ils ont vu. Ça fait pas l’ombre d’un doute.
– Oh,
la honte ! Longtemps ?
– Je
sais pas. Je ne me suis rendu compte qu’ils étaient là que quand
ils ont crié. J’ai arrêté aussitôt, mais si ça tombe…
– Il
y avait un bon moment qu’ils se rinçaient l’œil. Sans se faire
remarquer. Eh ben dis donc, si c’est le cas, ils ont dû se
régaler. Parce que comment tu me l’avais remontée haut la robe.
– Fallait
bien que je dégage le théâtre des opérations.
– Théâtre
sur lequel tu as allègrement tambouriné.
– C’est
de ta faute. Pas question de faire semblant, t’avais dit.
– Il
y a faire semblant et faire semblant.
– D’habitude…
– Plus
c’est fort, plus j’adore… Je sais, oui. Oh, mais je me plains
pas, hein !
– À
quoi tu penses ?
– À
rien. Enfin, si ! Je me demandais… Et aux fenêtres ? Il
y avait du monde aux fenêtres ?
– J’ai
pas regardé. Fallait pas avoir l’air trop insistant non plus…
– Je
sais bien, oui… En tout cas, j’ai aimé. Qu’est-ce que j’ai
aimé ! À ce point-là, j’aurais jamais cru. Ah, ça, j’ai
pas fini d’y penser et d’y repenser. On recommencera, hein ?
– C’est
quand tu veux !
– Oh,
mais le plus tôt possible ! Ce soir… Tout à l’heure…
Quelle dualité, "je veux, oui mais". Excellent. Et le "on recommencera, hein ?", c'est parfait.
RépondreSupprimerIls recommenceront forcément. Avec un peu plus d'appréhension encore. Et beaucoup plus de plaisir.… ;)
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