J’aime
flâner dans les églises. J’en apprécie l’atmosphère, le
calme, la fraîcheur. Je m’attarde à contempler les tableaux, les
chapiteaux et les statues. Mais ce qui me fascine surtout, ce sont
les confessionnaux. Je m’en approche. Je les contemple longuement.
Je les effleure de la main, m’enhardis, les caresse amoureusement.
Si je suis seule, je finis par m’y agenouiller. Tant de choses se
sont dites là. Tant de péchés se sont avoués. Ont été
pardonnés. Je pense aux miens. Si nombreux. Si graves. Aux
pénitences qui se donnaient jadis. Si cuisantes, si mortifiantes
qu’on était pour longtemps dissuadé de pécher à nouveau.
Le
soir, dans la solitude de ma chambre, je m’agenouille au pied de
mon lit. J’énumère une nouvelle fois mes péchés. À voix basse.
Il m’écoute avec bienveillance, la tête penchée, opine, de temps
en temps, d’un bref mouvement de la tête.
Je
m’arrête.
– Est-ce
tout, ma fille ?
– C’est
tout, mon père.
– Vous
repentez-vous sincèrement de vos fautes ?
– Assurément.
– Avez-vous
conscience qu’en commettant l’acte de chair et, qui plus est,
avec une personne de votre sexe, vous avez sérieusement mis en péril
le salut de votre âme ?
– Je
le regrette de tout mon être.
– Et
le salut de votre complice que vous avez entraînée avec vous sur
les voies de la débauche.
– J’en
demande pardon à Notre-Seigneur.
– Qui
vous l’accordera, dans sa grande bonté, une fois pénitence faite.
– Ce
dont je Lui sais infiniment gré.
– Priez,
ma fille, priez, pour que ces péchés, malgré leur énormité, vous
soient pardonnés. Et pour que vous soit donnée la force de
supporter, avec courage et humilité, le châtiment qu’ils vont
vous valoir.
– Quel
sera-t-il, mon père ?
– Vous
allez être fustigée. De ma main. Ce n’est qu’à ce prix que
votre faute sera effacée et que vous pourrez reprendre place parmi
les élus
– Mon
père…
– La
souffrance est rédemptrice.
– Sans
doute, mais je suis femme…
– Ce
dont je ne saurais m’aviser. Je suis le serviteur de Notre
Seigneur. Et seul m’importe le salut de votre âme. Préférez-vous
donc la damnation éternelle ?
– La
damna… Oh, non, non ! Qu’il soit fait selon la volonté du
Seigneur !
– Fort
bien. Troussez-vous !
Et
il abat le fouet.
JE SUIS plus que jamais LUCIE !
RépondreSupprimerAh les églises, surtout lorsqu'elles sont vides et propices aux errances de tous poils, les sculptures et autres éléments architecturaux que l'on peut caresser du regard et parfois des mains, les vitraux, la lumière, ciel, la lumière...les confessionnaux, les prie-Dieu, les péchés et les pécheresses, la confession, la contrition et enfin la pénitence, comme une délivrance ! <3
Ce sont en effet des lieux très chargés. On peut laisser l'imagination se débrider ou se mettre en phase avec ce qui a pu s'y dérouler. Comme la contrition et la pénitence ont parfois dû y être jubilatoires…
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