Dessin
de Louis Malteste
– Oui,
Madame la comtesse, oui. Elle a été punie comme elle le mérite. Ce
matin même.
– Une
telle insolence ! À mon égard ! Venant d’une petite
servante de rien du tout. Qu’on a sortie du ruisseau. C’est une
honte ! Une véritable honte !
– Soyez
assurée, Madame la comtesse, que cela ne se reproduira pas.
– En
êtes-vous bien certaine ? Avec des natures aussi viciées, on
peut s’attendre à tout.
– La
leçon aura nécessairement porté ses fruits. Nous ne l’avons pas
ménagée.
– Vraiment ?
– Vraiment.
Elle va vous montrer. Eh bien, toi, qu’est-ce que tu attends ?
Fais voir à Madame la comtesse. Mais là ! Là ! Devant la
chaise ! Et à genoux ! Ce que tu peux être empotée quand
tu t’y mets !
– C’est
surtout qu’elle renâcle. Quand je vous dis que vous n’en tirerez
jamais rien.
– Eh
bien ! Trousse-toi ! Tu vois bien que tu fais attendre
Madame la comtesse. Elle n’a pas que ça à faire… Plus haut !
Encore ! Encore, j’te dis ! Là… Vous voyez ?
Reconnaissez que nous avons eu à cœur de lui infliger une
correction exemplaire.
– Qui
aurait pu l’être davantage, me semble-t-il, eu égard à son
inqualifiable comportement.
– Si
Madame la comtesse estime…
– J’estime,
en effet…
– Dix
coups ?
– Disons
quinze. Sévèrement appliqués.
– Comme
Madame la comtesse voudra…
– Ça
t’a plu aujourd’hui ?
– Oh,
oui ! Et à elle aussi, on aurait dit, hein ?
– Aucun
doute là-dessus.
– Plus
que d’habitude ?
– Au
moins tout autant.
– Elle
se doute pas au moins que j’aime ça ?
– Absolument
pas.
– Non,
parce que ça gâcherait tout.
– Elle
se doute pas, sois tranquille !
– Comment
vous avez tapé fort, n’empêche…
– Trop ?
– Oh,
non, non ! Elles vont rester longtemps, comme ça, les marques.
Et je pourrai les regarder dans la glace. J’adore…
– Je
sais.
– On
recommencera, hein !
– Bien
sûr qu’on recommencera.
– Bientôt ?
– Très
bientôt.
– Et
ce coup-là, je la traiterai de vieille peau. Vous croyez que ça ira
« Vieille peau » ?
– Ce
sera parfait.
Rire, vous auriez presque pu terminer votre histoire par la morale de la fable Le rat et l'huître de Jean de la Fontaine :
RépondreSupprimerCette fable contient plus d'un enseignement.
Nous y voyons premièrement :
Que ceux qui n'ont du monde aucune expérience
Sont aux moindres objets frappés d'étonnement :
Et puis nous y pouvons apprendre,
Que tel est pris qui croyait prendre.
Est-ce que le "bonheur" de cette jeune plaisir provient davantage du plaisir de recevoir des coups ou de l'idée qu'elle tire toutes les ficelles?
RépondreSupprimerLes deux mon Capitaine !
SupprimerNous le savons bien, nous, les demoiselles qui adorons être fessées, que c'est nous qui menons la barque dont Monsieur (ou Madame dans le cas présent) n'est qu'un passager averti des dangers de passage par dessus bord en cas de non respect des règles...
Que c'est à nous, en premier lieu, de déployer tous les efforts par nos effronteries et autres insolences pour mériter notre récompense !
Ces Messieurs, s'ils ne versent pas trop dans le BDSM au point de se prendre au sérieux, ne sont d'ailleurs pas dupes.
Le savoureux et l'originalité de la situation que vous narrez est que Madame la comtesse, elle, semble l'ignorer. Seule sa main armée, la gouvernante, est dans le secret, rendant les deux employées complices de manipulation. Cette dernière en paiera-t-elle le prix ?
Qui manipule qui? C'est toujours un peu l'éternelle question.
SupprimerTant de paramètres qui se mêlent et s'entremêlent pour donner naissance au plaisir. Tant de liens noués avec la façon dont sa perception s'est construite. Dont on s'est "accoutumé" à le faire surgir.
Quelle gratification intime la gouvernante retire-t-elle de cette situation? On peut, bien évidemment, envisager toutes sortes d'hypothèses. Au lecteur de privilégier celle qui lui convient.
Le secret de cette collusion manipulatrice sera-t-il découvert? On peut en effet l'imaginer. Une imprudence. Un imprévu qui fait brusquement découvrir le pot-aux-roses. À moins que cette jeune personne ne vende sciemment la mèche, désireuse de voir les foudres de Madame la comtesse s'abattre, à son tour, sur la gouvernante.
Moi aussi. Je ris. Pour répondre à votre question, je dirais "les deux, mon capitaine".
RépondreSupprimerTant d'échos qui se répercutent à l'infini et qui se nourrissent les uns des autres.
SupprimerRien ne pèse tant qu’un secret
RépondreSupprimerLe porter loin est difficile aux dames...
Donc, s’il faut croire à La Fontaine... Peut-être que “la vieille peau” est déjà au courant xDD
Ce qui serait un comble. Mais après tout, ce n'est pas impossible. Comme quoi toutes sortes de possibilités sont offertes.
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