samedi 11 mai 2019

Les fantasmes de Lucie (51)



Dessinateur allemand inconnu (années 30)

Au retour, Cordelia a voulu que je lui raconte. Tout. Bien en détail.
– Et, évidemment, tu vas y retourner.
– Je sais pas. Peut-être.
– Tu parles ! Alors là, je suis bien tranquille… Toi, dès qu’il s’agit de te ramasser une fessée. Et s’il y a un voyeur à côté en plus !
On a déliré tant et plus là-dessus.
– Et, le lendemain matin, tu prends la place de Pauline. C’est toi qui apportes aux clients les petits déjeuners au lit, les fesses à l’air. Et toutes rouges.
– Oh, les têtes !
On a imaginé. Les types, les yeux écarquillés de stupéfaction. Et puis leurs femmes, quand il y en avait.
– Furieuses.
– Et jalouses. Parce que c’est pas pour me vanter, mais…
C’est un peu parti dans tous les sens. Et ça a fini par dériver, comme souvent, sur les mecs du boulot. Leurs fesses. Qu’on reluquait en douce dès qu’on avait l’occasion.
Sur le petit Gaël.
– Il paye pas de mine comme ça, mais je suis sûre qu’il est monté comme un taureau.
– Faudrait aller vérifier.
Le nouveau DRH.
– J’en ferais bien un tour, moi, de celui-là !
– Et moi donc !

Ça nous a donné envie à force.
Et je suis allée chercher, dans ma chambre, le gode qu’elle m’avait offert.
– Oh, oui ! C’est vrai qu’il y a lui. Tu me le prêtes ?
– T’as qu’à y croire !
– Tu l’as tout le temps. Chaque fois que tu veux. Ça peut bien être un peu mon tour.
On s’est disputées. On a fait semblant.
Et on a fini par décider que, puisque c’était comme ça, on allait le laisser choisir, lui ! Après tout, c’était le premier concerné.
On l’a posé par terre devant nous. Et on a attendu.
– Bon, alors, il se décide ?
– Allez, un bon mouvement, quoi !
– Penses-tu ! Il fait la gueule.
– Non. Il a peur de te vexer s’il me choisit. Allez, vas-y ! T’occupe pas d’elle. Elle est vilaine.
– Il en a rien à foutre de nous.
– Faudrait peut-être lui mettre le GPS ? Qu’il sache où aller.
– Bon, allez, il se bouge ?
– Oh, mais lui donne pas de coups de pied !
– Je lui donne pas de coups de pied. Je le sollicite. Du bout de l’orteil. Allez, saute ! Tu vas sauter, oui ?
– Il te regarde même pas. C’est comme si tu pissais dans un violon.
– J’ai jamais vu ça ! Une queue qui veut pas me sauter, alors là, c’est une grande première.
– Bon, mais on va pas le supplier à genoux. Il veut pas, il veut pas.
– On peut très bien se passer de lui n’importe comment.
– Oui. Ce sera lui le plus puni.
On s’est enlacées.
Elle s’est penchée à mon oreille.
– Mais quand même ! Je suis l’invitée. T’aurais dû me le laisser. C’est pas poli, ça ! Tu mérites une fessée. Carabinée. Que je vais te donner.

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