Tableau de Bertalan Karlovski
Elle
a longuement hésité devant la porte, levé la main vers la
sonnette, renoncé. Recommencé. Deux fois. Trois fois. Penché à la
fenêtre, je l’ai regardée s’éloigner, lentement, tête basse.
Très lentement. Une vingtaine de mètres. Une trentaine. Elle s’est
arrêtée, est revenue sur ses pas.
– Entrez !
– Je
ne vais pas rester. C’est une folie.
Mais
elle est entrée.
– Donnez !
Son
sac. Sa veste. Que j’ai déposés sur la petite table, près de la
fenêtre.
– Asseyez-vous,
je vous en prie…
Du
bout des fesses. Sur le bord du canapé.
– Juste
un moment alors !
J’ai
pris place à ses côtés.
– Alors ?
Depuis hier ?
Ses
doigts se sont crispés sur le rebord de sa robe.
– Vous
avez repensé à notre petite conversation ? Vous ne dites
rien ? Bien sûr que vous y avez pensé. Et vous n’avez pas
fait qu’y penser.
J’ai
pris sa main entre les miennes. Pressé ses doigts. Caressé
l’extrémité de son majeur, du bout du pouce.
– Vous
vous êtes rendu une petite visite, avouez !
Elle
a rougi, m’a précipitamment retiré sa main.
– Avouez !
En compagnie de tous ces beaux militaires que vous avez secrètement
contemplés, dissimulée derrière votre rideau, l’autre jour. Vous
savez que c’est mal ? Très très mal ?
– Oui.
Dans
un souffle, les yeux baissés.
– Et
que vous méritez d’être punie pour ça.
– Oui.
– D’ailleurs,
vous allez l’être.
J’ai
repris sa main. Elle me l’a abandonnée.
– Vous
allez l’être. Comme la petite gamine vicieuse que vous êtes.
Elle
a frissonné.
Je
l’ai doucement fait lever.
– Dévêtez-vous !
Allez !
Elle
s’y est docilement résolue, sans un mot, lentement, en me tournant
le dos.
La
robe est tombée.
Elle
s’est interrompue.
– Eh
bien ?
– Je…
Ça me coûte. Beaucoup.
– Je
sais. Et c’est très bien ainsi.
Elle
a soupiré.
– Est-ce
vraiment nécessaire ?
– Si
vous ne voulez pas aggraver votre cas, oui. C’est indispensable.
Elle
a encore soupiré. Et elle s’est décidée. D’un coup. Elle a
tout retiré. Et elle est restée là, toute nue, sculpturale, à
attendre.
Je
me suis approché. Tout près. Ma main a effleuré son épaule.
– C’est
mérité. Je veux vous entendre dire que c’est mérité. Parce que
vous avez été très vilaine.
– C’est
mérité. J’ai été très vilaine.
– Vous
ne le ferez plus ?
– Non.
– Vous
mentez. Et vous le savez très bien. Vous le referez. Ce sera le martinet pour la
peine.
Un
tremblement l’a parcourue toute.
J’ai
fait courir les lanières, en caresses, tout au long de son dos, puis
de ses fesses. De la raie entre ses fesses. Elle s’est crispée,
dans l’attente du premier coup. Que je lui ai longuement fait
attendre. Que j’ai fini par lancer. À toute volée.
Elle
a crié.
Un
autre. Un peu plus fort. Elle a pris appui, des deux mains, contre le
mur.
Une
dizaine d’autres. À intervalles irréguliers. Imprévisibles. Elle
gémissait, chaque fois, et projetait son bassin en avant.
Je
me suis interrompu.
– On
va s’en tenir là.
Elle
n’a pas bougé. Elle est restée en position.
– À
moins que…
Ses
fesses se sont imperceptiblement tendues vers moi.
– Vous
en crevez d’envie en fait.
Se
sont tendues un peu plus encore.
J’ai
repris.
Jusqu’à
ce que son plaisir surgisse. Et qu’elle le clame. À pleine voix.
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