lundi 20 mai 2019

Défilé militaire (5)


Tableau de Bertalan Karlovski

Elle a longuement hésité devant la porte, levé la main vers la sonnette, renoncé. Recommencé. Deux fois. Trois fois. Penché à la fenêtre, je l’ai regardée s’éloigner, lentement, tête basse. Très lentement. Une vingtaine de mètres. Une trentaine. Elle s’est arrêtée, est revenue sur ses pas.

– Entrez !
– Je ne vais pas rester. C’est une folie.
Mais elle est entrée.
– Donnez !
Son sac. Sa veste. Que j’ai déposés sur la petite table, près de la fenêtre.
– Asseyez-vous, je vous en prie…
Du bout des fesses. Sur le bord du canapé.
– Juste un moment alors !
J’ai pris place à ses côtés.
– Alors ? Depuis hier ?
Ses doigts se sont crispés sur le rebord de sa robe.
– Vous avez repensé à notre petite conversation ? Vous ne dites rien ? Bien sûr que vous y avez pensé. Et vous n’avez pas fait qu’y penser.
J’ai pris sa main entre les miennes. Pressé ses doigts. Caressé l’extrémité de son majeur, du bout du pouce.
– Vous vous êtes rendu une petite visite, avouez !
Elle a rougi, m’a précipitamment retiré sa main.
– Avouez ! En compagnie de tous ces beaux militaires que vous avez secrètement contemplés, dissimulée derrière votre rideau, l’autre jour. Vous savez que c’est mal ? Très très mal ?
– Oui.
Dans un souffle, les yeux baissés.
– Et que vous méritez d’être punie pour ça.
– Oui.
– D’ailleurs, vous allez l’être.
J’ai repris sa main. Elle me l’a abandonnée.
– Vous allez l’être. Comme la petite gamine vicieuse que vous êtes.
Elle a frissonné.
Je l’ai doucement fait lever.
– Dévêtez-vous ! Allez !
Elle s’y est docilement résolue, sans un mot, lentement, en me tournant le dos.
La robe est tombée.
Elle s’est interrompue.
– Eh bien ?
– Je… Ça me coûte. Beaucoup.
– Je sais. Et c’est très bien ainsi.
Elle a soupiré.
– Est-ce vraiment nécessaire ?
– Si vous ne voulez pas aggraver votre cas, oui. C’est indispensable.
Elle a encore soupiré. Et elle s’est décidée. D’un coup. Elle a tout retiré. Et elle est restée là, toute nue, sculpturale, à attendre.
Je me suis approché. Tout près. Ma main a effleuré son épaule.
– C’est mérité. Je veux vous entendre dire que c’est mérité. Parce que vous avez été très vilaine.
– C’est mérité. J’ai été très vilaine.
– Vous ne le ferez plus ?
– Non.
– Vous mentez. Et vous le savez très bien. Vous le referez. Ce sera le martinet pour la peine.
Un tremblement l’a parcourue toute.

J’ai fait courir les lanières, en caresses, tout au long de son dos, puis de ses fesses. De la raie entre ses fesses. Elle s’est crispée, dans l’attente du premier coup. Que je lui ai longuement fait attendre. Que j’ai fini par lancer. À toute volée.
Elle a crié.
Un autre. Un peu plus fort. Elle a pris appui, des deux mains, contre le mur.
Une dizaine d’autres. À intervalles irréguliers. Imprévisibles. Elle gémissait, chaque fois, et projetait son bassin en avant.
Je me suis interrompu.
– On va s’en tenir là.
Elle n’a pas bougé. Elle est restée en position.
– À moins que…
Ses fesses se sont imperceptiblement tendues vers moi.
– Vous en crevez d’envie en fait.
Se sont tendues un peu plus encore.
J’ai repris.
Jusqu’à ce que son plaisir surgisse. Et qu’elle le clame. À pleine voix.

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