jeudi 16 mai 2019

Fessées punitives (3)


On avait échangé nos numéros.
Et elle n’a pas tardé à m’appeler.
– Je connais même pas votre prénom.
– Lucile. Et toi ?
– Océane. Oui, je voulais vous dire. J’ai parlé de vous à l’une de mes deux copines qui en reçoivent aussi, là. Et elle aimerait beaucoup faire votre connaissance.
– C’est quand elle veut. Tu me dis.
– Ce soir, ce serait possible ?
– Va pour ce soir.
– Ça lui fera le plus grand bien, je crois, de discuter avec vous. Parce qu’elle se pose des tas de questions. Elle se demande où ça va avec son mec. Si c’est pas en train de partir complètement en vrille.
– Comment ça ?
– Ben, elle a beau en être amoureuse comme une folle de son Clément, elle peut pas s’empêcher d’aller voir ailleurs. Dès qu’un mec lui plaît, faut qu’elle se le fasse, Bérengère, c’est plus fort qu’elle. Elle a toujours été comme ça. Depuis que je la connais. Et même avant, à ce qu’elle m’a dit. Sauf que lui, il apprécie pas vraiment. Ce qu’on peut comprendre. Ils ont eu des tas d’explications tous les deux, plus ou moins orageuses. Ils sont restés des jours et des jours sans se parler. Et, au bout du compte, ils ont décidé, d’un commun accord, d’avoir recours à la fessée. Chaque fois qu’elle irait voir ailleurs, elle s’en prendrait une. Carabinée. Ça a bien marché au début. Très bien même. Elle avait une telle horreur de se faire claquer le derrière que ça lui était quasiment passé. Et puis petit à petit, c’est revenu. Elle les appréhende toujours autant, les fessées, elle les déteste toujours autant, mais elles y font plus rien. Elle recouche autant qu’avant. Peut-être même pire qu’avant. Quitte à s’en ramasser des sacrées. Ça l’arrête plus.
– Je vois.
– Et son Clément, il vit tout ça très mal. Il est découragé. Il dit qu’ils y arriveront jamais. Que c’est pas la peine. Autant que chacun taille sa route. Ce qu’elle ne veut, elle, à aucun prix. Parce que d’un côté, elle tient à lui comme c’est pas possible, mais de l’autre…
– J’ai bien peur pour elle que…
– Oui, moi aussi…

Et j’ai donc fait, en compagnie d’Océane, la connaissance de cette Bérengère. Une petite brune qui ne payait pas de mine. À qui on aurait donné le bon Dieu sans confession.
Qui est presque tout de suite entrée, la mine défaite, dans le vif du sujet.
– Je crois que c’est mort.
– Si tu pars battue…
– C’est lui qui part battu. Et il a raison. Des dizaines et des dizaines, il m’en a donné des fessées. Ça a servi à rien. On en est toujours au même point. Dès qu’un type me fait les yeux doux, je peux pas m’empêcher de me demander comment il s’y prend. J’ai envie de l’essayer. Et j’y saute à pieds joints. Sur le moment, il y a plus rien d’autre qui compte. Même si, après, je dois m’en mordre les doigts. Je suis nulle.
– Mais non, t’es pas nulle…
– Ben si, la preuve ! Je gâche tout. Non, il a raison, Clément. On n’y arrivera jamais. Et c’est de ma faute. Complètement de ma faute.
J’ai suggéré.
– Et si vous essayiez autre chose ?
– Oui, mais quoi ?
– Ben si, par exemple, il vous la donnait devant quelqu’un la fessée ?
– Oh, non, non ! J’aurais bien trop honte.
– C’est peut-être justement ce qui la rendrait enfin efficace.
Océane a abondé dans mon sens.
– Mais oui, elle a raison. Ça te guérirait complètement si ça tombe. C’est une super idée, moi je trouve.
– Je sais pas, je…
– C’est peut-être votre dernière chance. Alors ça vaut le coup de la saisir, non ? Réfléchis-y au moins ! Discutez-en tous les deux…

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