jeudi 30 mai 2019

Fessées punitives (5)


Elle en avait parlé à son Valentin, Océane ?
– Oh, ben oui ! Oui. Évidemment ! Il est quand même concerné au premier chef, non ?
Et il en pensait quoi ?
– Qu’il y a toutes les chances que ça s’avère effectivement très efficace. Que la perspective de me prendre une bonne fessée déculottée devant mes copines pourrait bien me guérir, une bonne fois pour toutes, de mes addictions. Si seulement ça pouvait être vrai ! Je demande pas mieux, moi ! Et vous ? Julien ?
– Il est convaincu qu’il est plus que probable que j’éviterai dorénavant soigneusement de nous mettre financièrement en danger. « À cinquante ans… Devant des filles qui ont la moitié de ton âge… Tu vas y réfléchir à deux fois… » Il a pas tort.
Son regard s’est perdu par la fenêtre. Est revenu à moi.
– On peut plus reculer du coup, maintenant qu’on leur en a parlé.
– Et c’est peut-être pas plus mal.
– C’est pas plus mal, non. Ça va nous obliger, un peu plus encore, à rester dans les clous.

* *
*

Elle n’y est pas restée. Elle m’a appelée, catastrophée, le mercredi de la semaine suivante.
– J’en ai fait une.
– Comment ça ?
– Ben, il était parti en stage, Valentin. Normalement pour toute la semaine. Sauf qu’il y a des intervenants qu’ont fait faux bond. Que ça a été annulé. Et qu’il est revenu cette nuit.
– Et que t’avais profité de son absence pour…
– Oui, mais attendez ! Ça faisait des années que je les avais pas vus, eux. On se retrouvait. On était contents.
– Et un verre poussant l’autre…
– Ben oui ! Je pouvais pas savoir qu’il allait rentrer…
– Et tu y es allée de bon cœur.
– Je me suis carrément mise sur le toit, oui. Ils ont été obligés de me ramener. De me coucher.
– Ah, ben bravo !
– Je sais, oui. Je suis complètement idiote il y a des moments.
– Et quand il est arrivé…
– Je comatais complètement. Et il y avait du dégueulis partout.
– Il a dû apprécier…
– Il a rien dit. Pas un mot. Pas un reproche. Rien. Il est allé se coucher sur le canapé du salon. Et c’était pire que tout. Parce qu’en temps ordinaire, je me serais ramassé une fessée, là, aussi sec. Et de pas la recevoir je me sentais mal, mais mal ! Comme s’il en avait plus rien à foutre de moi.
– Tu te doutais bien que ça allait venir. Que c’était reculer pour mieux sauter.
– Oui, mais quand même ! Quand même ! C’était insupportable, ce silence. Surtout que ça a duré. Tout le matin. Et encore tout l’après-midi. Il m’ignorait. Il m’ignorait complètement. J’ai fini par craquer. « Mais dis quelque chose enfin ! Dis quelque chose ! » « Tu es fière de toi ? » « J’ai honte, Valentin ! J’ai honte. Si tu savais… » « Oui, ah, ben ça, tu peux ! Et sournoisement t'as fait ça en plus en plus. Derrière mon dos. Ah, on voit ce qu’elles valent, tes promesses. » J’avais qu’une trouille, c’était qu’il me dise que cette fois ça suffisait. Que j’y avais été vraiment trop fort. Que j’avais dépassé les bornes. Qu’il pouvait plus me faire confiance. Et qu’il valait mieux qu’on en reste là tous les deux. Mais non. Non. À mon grand soulagement il a soupiré. « Enfin peut-être que devant tes copines… On sait jamais. On peut toujours essayer. » Tu parles que j’ai abondé dans son sens ! Et donc, ce sera dimanche…
– Si tard !
– Oui. Que j’aie le temps d’appréhender. De redouter. Ça fait partie de la punition. Comme d'avoir à vous l’annoncer. À vous, Lucile. À Bérengère. Et à Émilie.
– Émilie, que je ne connais pas encore.
– Elle est adorable, vous verrez !

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