Dessinateur
allemand inconnu.
Je
l’ai croisée par hasard dans le hall de l’hôtel. Une inconnue
qui m’a tout aussitôt enfermée dans son regard. Qui m’a
obligée, confuse, à baisser le mien. Une inconnue qui a tout de
suite su qu’elle pourrait me plier à sa volonté, faire de moi ce
que bon lui semblait, sans coup férir, sans que je sois en état de
lui opposer la moindre résistance. Et elle a délibérément pris
possession de moi.
Quand
je suis descendue au restaurant, à midi, que les portes de
l’ascenseur se sont ouvertes, je me suis trouvée, comme par
hasard, nez à nez avec elle. Elle ne m’a pas laissée sortir. Elle
m’a délibérément barré le passage. Forcée à reculer. Fait
remonter en sa compagnie.
– Un
petit voyage… Paraît que ça forme la jeunesse.
Et
elle a ri. D’un rire moqueur. Elle a ri et elle m’a détaillée.
Des pieds à la tête. De la tête aux pieds.
– Vous
rougissez… Vous êtes troublée.
Je
n’ai pas répondu. J’ai baissé la tête.
Ça
s’est arrêté en haut.
– Vous
n’êtes pas pressée ?
Je
n’étais pas pressée, non. Pas du tout.
– Et
quand bien même vous le seriez… Je m’en fiche complètement.
Et
elle nous a fait redescendre, puis remonter. Redescendre encore.
Encore remonter.
– Ça
vous plaît ?
Elle
m’a relevé le menton. Du bout de l’index.
– Vous
êtes d’un naturel très docile. Mais on pourrait vous rendre bien
plus obéissante encore.
Elle
a laissé les portes s’ouvrir.
– Ce
qu’on va faire d’ailleurs. Rejoignez-moi dans ma chambre ce soir.
À dix heures. Sans faute. Sinon…
Et
elle m’a plantée là.
* *
*
J’ai
frappé. Deux fois. Trois fois. Quatre fois. La porte s’est enfin
ouverte.
– Revenez
dans une heure !
Juste
le temps d’apercevoir quelqu’un. Un homme. Son mari ? Et
elle me l’a claquée au nez. Comme faisait Solange. Exactement
comme faisait Solange. Un frisson m’a parcourue toute. Et une
bouffée de plaisir m’a voluptueusement traversée.
À
onze heures, quand je suis revenue, elle m’a encore fait patienter,
une bonne dizaine de minutes, devant la porte, avant de m’inviter
enfin à entrer.
Elle
était en train d’écrire, assise à une petite table, en face du
lit. Elle ne s’est pas interrompue. Lui, il n’avait pas bougé de
son fauteuil. Il envoyait de grandes volutes de cigare au plafond. Il
m’a longuement regardée ne pas savoir quoi faire de moi-même, mal
à l’aise, décontenancée.
– Bon !
Elle
a reposé son stylo. S’est levée. Elle s’est saisie d’une
cravache dans son sac. Approchée.
– Bon !
Alors, d’abord, pour commencer, vous allez nous montrer comment
vous êtes faite. Vous m’enlevez ça !
Et
elle a passé le bout de la cravache entre deux des boutons de mon
corsage.
– Exécution !
Exécution.
J’ai déboutonné, fait glisser, rejeté derrière moi.
– Ça
aussi !
Le
soutien-gorge. Qui a suivi le même chemin.
– Eh
bien, voilà ! Eh, mais c’est qu’il y a du volume, là, mine
de rien ! Et que ça se tient, tout ça !
Elle
en a effleuré les pointes du bout de la cravache.
– Qu’est-ce
t’en penses, toi, Léon ? Pas mal, non ?
Il a
émis un sourd grognement de satisfaction.
– Tu
reluques, hein, vieux cochon !
Elle
m’en a pris un en main, l’a soupesé, redessiné. En a fait
dresser la pointe, du bout du pouce. En a approché ses lèvres.
S’est ravisée.
– Je
pourrais m’amuser, si je voulais. Mais j’en ai pas vraiment
envie. Non ! Enlève le reste plutôt ! Et grouille !
La
jupe. La culotte.
– Les
chaussures !
Les
chaussures. L’une après l’autre.
– Le
chapeau !
Elle
ne m’a pas laissé le temps de le retirer. Elle l’a elle-même
fait sauter. Avec le manche de la cravache.
Nue.
– Vous
savez que vous êtes pas mal foutue du tout ?
Toute
nue.
– Profites-en,
Léon. Toi qu’aimes les chattes bien fournies, t’es servi !
Elle
a fait courir la cravache tout au long de mes cuisses. L’une après
l’autre. J’ai frissonné. Elle l’a glissée entre elles.
– Écartez !
J’ai
obéi.
Elle
s’est faite précise. Intrusive.
– Vous
aimez ?
Un
peu plus encore.
– Oui,
vous aimez ! Vous dégoulinez…
Elle
s’est brusquement interrompue. M’a giflée. À toute volée.
– Vous
n’avez pas honte, grande dégoûtante ? Et devant mon mari en
plus… Tournez-vous ! Allez !
Elle
a pesé sur mes épaules. De tout son poids. M’a obligée à
m’agenouiller.
– Tu
les trouves comment ses fesses, Léon ?
Il a
vaguement borborygmé quelque chose.
– Oui,
hein ? Oh, mais on va leur donner de belles couleurs. On va bien
les zébrer. Tu vas aimer, tu vas voir !
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