lundi 10 décembre 2018

Rencontre…


Dessinateur allemand inconnu.

Je l’ai croisée par hasard dans le hall de l’hôtel. Une inconnue qui m’a tout aussitôt enfermée dans son regard. Qui m’a obligée, confuse, à baisser le mien. Une inconnue qui a tout de suite su qu’elle pourrait me plier à sa volonté, faire de moi ce que bon lui semblait, sans coup férir, sans que je sois en état de lui opposer la moindre résistance. Et elle a délibérément pris possession de moi.

Quand je suis descendue au restaurant, à midi, que les portes de l’ascenseur se sont ouvertes, je me suis trouvée, comme par hasard, nez à nez avec elle. Elle ne m’a pas laissée sortir. Elle m’a délibérément barré le passage. Forcée à reculer. Fait remonter en sa compagnie.
– Un petit voyage… Paraît que ça forme la jeunesse.
Et elle a ri. D’un rire moqueur. Elle a ri et elle m’a détaillée. Des pieds à la tête. De la tête aux pieds.
– Vous rougissez… Vous êtes troublée.
Je n’ai pas répondu. J’ai baissé la tête.
Ça s’est arrêté en haut.
– Vous n’êtes pas pressée ?
Je n’étais pas pressée, non. Pas du tout.
– Et quand bien même vous le seriez… Je m’en fiche complètement.
Et elle nous a fait redescendre, puis remonter. Redescendre encore. Encore remonter.
– Ça vous plaît ?
Elle m’a relevé le menton. Du bout de l’index.
– Vous êtes d’un naturel très docile. Mais on pourrait vous rendre bien plus obéissante encore.
Elle a laissé les portes s’ouvrir.
– Ce qu’on va faire d’ailleurs. Rejoignez-moi dans ma chambre ce soir. À dix heures. Sans faute. Sinon…
Et elle m’a plantée là.

* *
*

J’ai frappé. Deux fois. Trois fois. Quatre fois. La porte s’est enfin ouverte.
– Revenez dans une heure !
Juste le temps d’apercevoir quelqu’un. Un homme. Son mari ? Et elle me l’a claquée au nez. Comme faisait Solange. Exactement comme faisait Solange. Un frisson m’a parcourue toute. Et une bouffée de plaisir m’a voluptueusement traversée.

À onze heures, quand je suis revenue, elle m’a encore fait patienter, une bonne dizaine de minutes, devant la porte, avant de m’inviter enfin à entrer.
Elle était en train d’écrire, assise à une petite table, en face du lit. Elle ne s’est pas interrompue. Lui, il n’avait pas bougé de son fauteuil. Il envoyait de grandes volutes de cigare au plafond. Il m’a longuement regardée ne pas savoir quoi faire de moi-même, mal à l’aise, décontenancée.
– Bon !
Elle a reposé son stylo. S’est levée. Elle s’est saisie d’une cravache dans son sac. Approchée.
– Bon ! Alors, d’abord, pour commencer, vous allez nous montrer comment vous êtes faite. Vous m’enlevez ça !
Et elle a passé le bout de la cravache entre deux des boutons de mon corsage.
– Exécution !
Exécution. J’ai déboutonné, fait glisser, rejeté derrière moi.
– Ça aussi !
Le soutien-gorge. Qui a suivi le même chemin.
– Eh bien, voilà ! Eh, mais c’est qu’il y a du volume, là, mine de rien ! Et que ça se tient, tout ça !
Elle en a effleuré les pointes du bout de la cravache.
– Qu’est-ce t’en penses, toi, Léon ? Pas mal, non ?
Il a émis un sourd grognement de satisfaction.
– Tu reluques, hein, vieux cochon !
Elle m’en a pris un en main, l’a soupesé, redessiné. En a fait dresser la pointe, du bout du pouce. En a approché ses lèvres. S’est ravisée.
– Je pourrais m’amuser, si je voulais. Mais j’en ai pas vraiment envie. Non ! Enlève le reste plutôt ! Et grouille !
La jupe. La culotte.
– Les chaussures !
Les chaussures. L’une après l’autre.
– Le chapeau !
Elle ne m’a pas laissé le temps de le retirer. Elle l’a elle-même fait sauter. Avec le manche de la cravache.
Nue.
– Vous savez que vous êtes pas mal foutue du tout ?
Toute nue.
– Profites-en, Léon. Toi qu’aimes les chattes bien fournies, t’es servi !
Elle a fait courir la cravache tout au long de mes cuisses. L’une après l’autre. J’ai frissonné. Elle l’a glissée entre elles.
– Écartez !
J’ai obéi.
Elle s’est faite précise. Intrusive.
– Vous aimez ?
Un peu plus encore.
– Oui, vous aimez ! Vous dégoulinez…

Elle s’est brusquement interrompue. M’a giflée. À toute volée.
– Vous n’avez pas honte, grande dégoûtante ? Et devant mon mari en plus… Tournez-vous ! Allez !
Elle a pesé sur mes épaules. De tout son poids. M’a obligée à m’agenouiller.
– Tu les trouves comment ses fesses, Léon ?
Il a vaguement borborygmé quelque chose.
– Oui, hein ? Oh, mais on va leur donner de belles couleurs. On va bien les zébrer. Tu vas aimer, tu vas voir !

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