– Il
est bien jeune…
Sur
le ton de la simple constatation. Il n’y a pas de véritable
réprobation dans sa voix.
Il
est jeune, oui, et alors ? Elle n’a pas à se justifier. Elle
ne se justifiera pas.
Ils
chevauchent côte à côte en silence. Prennent à droite vers La
Bastide de Peuch.
– Avec
monsieur Pierre, Madame n’est pas heureuse. N’a jamais été
heureuse.
Inutile
de nier. Il la connaît depuis si longtemps. Et il vit à côté
d’eux. À leur contact. Il y a une foule de choses qu’il sent. Ou
dont il a pu se rendre évidemment compte.
Une
nuée de perdreaux les survole.
– Ce
mariage…
Que
ses parents ont voulu. Parce que Pierre avait une bonne situation.
Parce que leurs deux familles étaient liées depuis des temps
immémoriaux.
– Ce
mariage était une énorme sottise.
Jamais,
auparavant, il ne se serait permis de donner ainsi son avis. Jamais
il ne se serait octroyé une telle liberté. Seulement il y a… ce
qui s’est passé ces jours derniers. La complicité qu’elle a
été, par la force des choses, obligée de laisser s’instaurer
entre eux. Il s’imagine qu’elle lui donne des droits dont il ne
disposait pas auparavant.
– Vous
n’avez, Monsieur Pierre et vous, strictement rien en commun. C’est
le jour et la nuit.
Si
elle n’y met au plus vite bon ordre, il va en prendre de plus en
plus à son aise. Se permettre beaucoup. De plus en plus.
– Vous
vous trompez, Sylvain ! Vous vous trompez complètement. Il y
une foule de choses sur lesquelles, Pierre et moi, nous nous
entendons à merveille.
Il
insiste.
– Ah,
oui ! Et lesquelles ?
Elle
cherche désespérément. En toute hâte.
– Nous…
Nous apprécions tous les deux la peinture. Et… Et la musique du
XVIIIème siècle. Et puis…
– Et
puis ?
Un
lapin, sur le chemin, effraie Flamboyant. Qu’elle rassure de la
voix et du geste.
– Là…
Là… C’est tout…
Gontran
veut encore la grange.
– C’est
mieux, attends !
Et
ils sont dans le foin. Et il la chatouille. Les côtes. Sous les
bras. Sous les pieds.
– Arrête !
Arrête ! Je suis chatouilleuse.
– Ben,
justement, raison de plus !
Il
se déchaîne.
– Ah,
t’es chatouilleuse ! Ah, t’es chatouilleuse !
Elle
se tortille, tente, sans succès, de lui échapper.
– Pouce,
Gontran ! Pouce !
Il
l’immobilise, bras en croix, poignets fermement enserrés. Sa
bouche s’approche de la sienne, s’y pose. Elle ferme les yeux. De
sa langue, il lui entrouvre les lèvres. Sa queue est dure contre son
ventre. Elle tend la main vers elle. Elle s’en empare.
Ils
reposent l’un contre l’autre.
– On
est bien, hein ?
Ils
sont bien, oui.
Gontran
se redresse sur un coude, fixe, devant lui, la paroi de planches mal
jointes.
– Il
y a quoi, derrière ?
– Une
remise.
– Peut-être
qu’il nous regarde !
– Sylvain ?
Sûrement pas, non !
– Qu’est-ce
t’en sais ?
Voilà qui commence à rapporter, ce vieux et noble métier de cocher-palefrenier xD
RépondreSupprimerIl y aura encore bien des péripéties… Pour la plus grande joie, sans doute, de notre cocher…
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