Dessin
de Dagy
– Où
sont mes bagues ?
– Vos
bagues ? Quelles bagues ?
– Celles
que j’avais posées là, dans la petite soucoupe, à l’entrée.
– Je
les ai pas vues.
– Faites
bien l’innocente ! Vous me les avez volées, hein, c’est
ça ?
– Moi ?
– Vous,
oui !
– Mais
jamais de la vie !
– Bien
sûr que si ! Ce qui va vous coûter cher. Parce que, si je ne
m’abuse, vous avez déjà été condamnée pour des faits de même
nature. À la prison. Avec sursis.
– C’est
une vieille histoire.
– Pas
si vieille que ça…
– Je
vous jure que je n’ai pas volé vos bagues. Je vous le jure.
– Oui,
oh, alors ça ! Qui a bu, boira. C’est bien connu. Et, de
toute façon, je vous ai vue faire, de mes yeux vue. Par la petite
fenêtre, là-bas. C’est d’ailleurs ce que je dirai aux
enquêteurs. Sous la foi du serment. Parce que vous n’allez pas
vous en tirer comme ça : je vais porter plainte.
– Vous
pouvez pas faire ça !
– Je
vais me gêner…
– Si
je suis reconnue coupable, mon sursis va sauter.
– Il
fallait y réfléchir avant.
– Mais
je suis innocente, comment faut vous le dire ? Je suis
innocente.
– Ça,
il vous faudra le prouver ! Et je peux vous assurer que je ferai
tout ce qui est en mon pouvoir pour que vous n’y parveniez pas. Ce
qui me sera d’autant plus facile qu’avec les antécédents que
vous avez… Bon, mais assez perdu de temps ! Assez discuté !
Je m’en vais, de ce pas, vous dénoncer aux gendarmes.
– Non,
attendez !
– Que
j’attende ? Mais que j’attende quoi ?
– Je
ferai tout ce que vous voudrez. Mais pas les gendarmes ! Je vous
en supplie, pas les gendarmes !
– Je
suis pas mauvaise fille, au fond, vous savez ! Et je ne tiens
pas spécialement à vous enfoncer. Mais reconnaissez quand même que
ce serait vous rendre un très mauvais service que de passer
l’éponge. Vous méritez une sanction, c’est indéniable. Ne
serait-ce que pour vous dissuader de recommencer. Alors voilà ce que
je vous propose : je vous flanque une bonne fessée et tout ça
reste entre nous. Il y aura pas de suites.
– Une
fessée, mais…
– C’est
à prendre ou à laisser. Et décidez vous. Vite. On va pas y passer
la journée.
* *
*
– Bon,
ben voilà ! Vous voyez que c’était pas la mer à boire. En
tout cas, ça lui a donné de très très belles couleurs à votre
joufflu. Ah, si, si ! Et j’ai adoré la jolie petite chanson
que vous nous avez poussée. Vous y avez mis tout votre cœur. Quant
à votre jeu de jambes, un véritable délice… Non, j’ai passé,
quant à moi, un excellent moment. Pas vous ?
– Je
les ai pas volées vos bagues, vous savez…
– Mais
oui que je le sais ! Bien sûr que je le sais. Elles sont dans
ma poche. Mais ça faisait des mois et des mois que je rêvais de
vous mettre le derrière à l’air et de vous le tambouriner. Une
opportunité s’est présentée. Je l’ai saisie. C’est de bonne
guerre, non ? D’autant qu’avec vos antécédents, je jouais
sur du velours…
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