jeudi 27 décembre 2018

Les fessées de Blanche (8)


Elle chevauche, comme une automate, un Flamboyant extrêmement nerveux.
– Calme, Flambo, calme !
Elle est encore dans son rêve. Dont elle ne parvient pas à s’extirper. Dont les images l’obsèdent. Tout en paraissait si réel.
Sylvain toussote.
– Ce jeune homme est venu. Je lui ai dit que vous aviez un empêchement. Et de quelle nature il était.
– Merci, Sylvain.
– Il paraissait déçu.
Un coup de fusil résonne dans les lointains. Elle sursaute. Un autre.
– Vous croyez qu’il y aura la guerre ?
– J’en ai bien peur, Mademoiselle…
Elle frissonne.
– Vous êtes sûr ?
Il hausse les épaules.
– Sûr, on ne peut pas. Mais c’est, malheureusement, on ne peut plus vraisemblable.
Son cœur s’affole dans sa poitrine. Gontran ! Non, il ne mourra pas. Il ne peut pas mourir. Et si son rêve avait raison ? Si ça dépendait d’elle ? Non. Bien sûr que non ! C’est stupide. Et pourtant ! Elle sait qu’il faut qu’elle fasse quelque chose pour lui. Elle le sent. Quelque chose qui lui coûte. Beaucoup. Il faut. On lui en tiendra compte. Forcément. On ne pourra pas quelque part ne pas lui en tenir compte.
Encore des coups de fusil. En rafale, cette fois.
Oui, il faut. S’il lui arrivait quelque chose, par sa faute, elle ne se le pardonnerait pas.
– Sylvain ?
– Oui, Mademoiselle Blanche…
– Que pensez-vous de mon comportement ?
– Votre comportement ?
– Avec Gontran.
– Je n’ai pas à juger les faits et gestes de Madame.
Elle descend de cheval.
– Répondez-moi ! Franchement. Je vous en prie instamment.
Lui tend les rênes.
– J’ai déjà donné mon opinion à Mademoiselle. Toute faute mérite châtiment.
Elle respire un grand coup. Et elle se lance.
– Je dois convenir que vous avez raison. Entièrement raison.
Elle s’éloigne, se retourne.
– Il n’y a que vous qui soyez au courant. Il n’y a que vous à qui je puis adresser cette requête. Vous me châtierez, Sylvain !
– Comme Mademoiselle voudra…
Elle s’enfuit.

Il se montre ardent. Beaucoup plus encore que d’habitude.
– Tu me fais mourir…
– Du moment que c’est de plaisir…
Et il repart à l’assaut. Trois fois. Quatre fois. Elle s’endort contre lui, épuisée, dans l’odeur entêtante du foin.

Quand elle se réveille, Gontran n’est plus là. Mais il y a Sylvain. Près d’elle. Au-dessus d’elle. Une cravache à la main.
– Si Madame veut bien se retourner…
Elle obéit.
– Et relever sa robe.
Elle lui présente sa croupe dénudée. La cravache s’y abat avec force.
Elle gémit.
D’autres coups. Une dizaine. Réguliers. Espacés. Elle crie. Elle se contorsionne. Elle hurle.
Encore deux. Encore trois. Il s’arrête.
– Merci, Sylvain, merci.

2 commentaires:

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