jeudi 30 août 2018

Quinze ans après (21)


– C’est moi !
Eugénie.
– Je te dérange pas ?
– Pas du tout, non.
– J’en ai pas pour longtemps n’importe comment. Je t’ai juste apporté quelques vidéos.
Elle m’a tendu une clef USB.
– Ben, assieds-toi quand même !
– C’est des japonaises. Toute une série. De femmes mariées qui corrigent, en public, la maîtresse de leur mari. Qui lui foutent le cul à l’air et hop, ça dégringole.
– Ah, c’est ton truc, ça, hein !
– Non, mais comment elles en prennent pour leur grade, les filles. Ils ont beaucoup moins de complexes que nous, les Japonais, eux, là-dessus. Et puis alors ce qu’il y a aussi, c’est qu’ils mégotent pas sur les figurants. T’en as, chaque fois, toute une flopée. Et qui se contentent pas de faire nombre. Ils réagissent. Tu vois sur leur tronche ce que ça leur fait ce spectacle.
– Tu veux vraiment pas t’asseoir ?
– Si ! Oui. Et fais-moi un café, tiens, tant que tu y es ! N’empêche que qu’est-ce que j’aimerais que ça m’arrive à moi ! Pour de bon.
– Il doit bien y avoir moyen…
– Ben, c’est pas si simple en fait. D’abord parce qu’il y a Jérôme, mon mari. Et que, du coup, j’ai pas les coudées vraiment franches. C’est pas le genre de type à apprécier que je le trompe. Et puis même, à supposer que je parvienne à passer entre les mailles du filet, ça veut pas dire pour autant que sa réaction à la légitime de mon amant, ce serait de me flanquer une fessée déculottée dans la rue.
– Disons que c’est pas vraiment le cas le plus courant.
– Ce qu’il faudrait, en fait, c’est que je prenne les choses dans l’autre sens. Qu’avant de me jeter à la tête d’un mec, je sois sûre que ce qu’elle va faire sa bonne femme, c’est rameuter ses copines pour me tomber dessus.
– Oui, alors, Eugénie, je vais être très claire avec toi. Il est hors de question que tu t’approches de Coxan. près ou de loin.
– Quoi ! Non, mais attends ! Jamais, au grand jamais, il me viendrait une idée pareille enfin ! Tu es mon amie – ou c’est tout comme – et ça, à mes yeux, c’est sacré.
– Je n’en doute pas, mais mettre les points sur les i, ça peut pas faire de mal. Non ? Tu crois pas ?
– Tu te fais un film, là, complètement. Parce que ton Coxan, je l’ai vu une fois en tout et pour tout. Et encore ! En ta présence. Et puis tiens, si tu veux vraiment le fond de ma pensée, c’est vraiment pas le genre de type avec qui j’aurais envie qu’il se passe quoi que ce soit. Il me branche vraiment pas.
– Et c’est beaucoup mieux comme ça. Pour tout le monde.
– Quelle heure il est ? Oh là là, je me sauve. On m’attend. Regarde-les, les vidéos. Tu me diras…

– Allô ! Lisa ?
– Oui, Coxan. Qu’est-ce qui se passe ?
– Je viens quasiment de me faire violer.
– Eugénie, j’parie ! Qui n’a rien eu de plus pressé, en sortant de chez moi, que de se précipiter chez toi.
– Et qui m’a carrément sauté dessus.
– La bonne copine que voilà ! T’as pris ton pied au moins ?
– Elle, oui ! Et pas qu’un peu.
– Tu réponds pas à ma question.
– Quand une nana se pâme dans tes bras, ça ne peut pas ne pas te mettre dans tous tes états.
– Je vois…
– On fait quoi maintenant ? On passe à l’étape suivante ?
– Non. On va prendre notre temps. Tout notre temps. Que chacun y trouve son compte…

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