jeudi 23 août 2018

Quinze ans après (20)


Andrea était tout excitée.
– Il va venir ? C’est vrai ? Là ? Maintenant ?
Coxan a regardé sa montre.
– Dans vingt minutes, il devrait, si tout se déroule comme prévu, faire son apparition. Je feindrai la surprise. Lui aussi. « Depuis le temps… Qu’est-ce tu deviens ? Etc. » Et je l’inviterai à boire un verre avec nous.
– Mais c’est qui au juste ce type ?
– Un certain Félicien. Qui se dit entraîneur de hand. Mais bon, il peut bien raconter ce qu’il veut.
– Il a quel âge ?
– La quarantaine. Peut-être un peu plus.
– Et alors, comme ça, il m’a vue ?
– Et plutôt deux fois qu’une. Quatre, même. Quatre fois il a fallu que je la lui repasse la vidéo de ta fessée. Il s’en lassait pas.
– Il commentait ?
– Ah, pour ça, oui !
– Qu’est-ce qu’il disait ? Ben, raconte, quoi !
– Que t’as un sacré beau cul. Un cul que le rouge met superbement en valeur. Et puis alors quand tu le gigotes ton popotin, que ça laisse voir bien à fond comment t’es faite, alors là, non, mais alors là, ça ferait damner un saint !
– Il bandait ?
– Ça, j’avoue que j’ai pas trop fait attention, mais sûrement, oui… N’importe quel mec normalement constitué devant un spectacle comme celui-là…
– Comment j’aurais aimé voir sa tête !
– Là où elle valait surtout son pesant d’or, sa tête justement, c’est quand je lui ai proposé de te rencontrer. « La rencontrer ? Comment ça, la rencontrer ? » « Ben, boire un verre avec elle. Histoire que tu découvres son charmant petit minois. » Je peux te dire qu’il s’est pas fait prier. « Mais alors motus et bouche cousue, hein ! Aucune allusion à cette vidéo. Tu ne l’as jamais vue. » Il a juré ses grands dieux. Bien sûr ! Évidemment ! Ça coulait de source.
– Ce que tu nous as pas dit, par contre, c’est ce qu’il croit.
– Comment ça ?
– La raison pour laquelle elle me la donnait, Lisa, cette fessée, il te l’a pas demandée ?
– Si ! Bien sûr que si !
– Et t’as répondu ?
– Que j’en savais rien au juste. Que vous aviez éludé, l’une comme l’autre, quand je vous avais posé la question. Et que j’avais pas insisté.
– Si bien qu’il peut tout imaginer. Ce qu’est pas plus mal, finalement…

– Comment ça faisait drôle ! Parce qu’attends, on était là, à échanger des banalités, à discuter de trucs sans la moindre importance alors que le mec, forcément, il pouvait penser qu’à ça. Et moi, de mon côté, pareil.
– Il y pensait d’autant plus que je lui ai glissé à l’oreille, quand il est arrivé, que je suis allé à sa rencontre, que t’en avais reçu une autre ce matin même.
– Ah, ben d’accord ! En tout cas, jamais on aurait pu aller imaginer qu’il savait. Il a rien laissé paraître. Rien du tout. À aucun moment.
– Tu le regrettes ?
– Non. Bien sûr que non. Mais ce que je me demande, c’est comment il va réagir maintenant. Ce qu’il va te dire.
– Je te raconterai.
– Il va vouloir me revoir, tu crois ?
– Alors ça, ça ne fait pas l’ombre d’un doute.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire