jeudi 2 août 2018

Quinze ans après (17)


– S’il avait su qu’il l’avait là, juste en face de lui, la fille !
– T’en serais morte de honte.
– Ah, ça, c’est sûr !
– Ce qui t’aurait pas déplu tant que ça, avoue !
– Je sais pas. Je me rends pas compte.
– La seule façon de savoir…
– Oh, non ! Non ! Ou alors, après, plus tard, pas tout de suite.
– Quand ?
– C’était qui, ce type, en fait ?
– Ça, faudra que tu demandes à Coxan.

Qui n’en savait pas plus que nous.
– Ben non ! Non ! Je l’ai trouvé sur Internet. Alors aucune idée de comment il s’appelle, d’où il habite et de ce qu’il fait dans la vie. Et pareil dans l’autre sens.
– Si bien que t’as plus de contact avec…
– Si ! Par mail. Il a été absolument ravi de notre après-midi. Et il me réclame la vidéo à cors et à cris.
– Envoie-lui !
– T’es sûre, Andrea ?
– Oui. Envoie-lui ! Qu’est-ce ça risque ? Il sait pas qui je suis. Il le saura jamais. Et on me voit que de dos dessus. Alors, oui, envoie-lui !
– Comme tu voudras.

– Il doit quand même avoir une drôle opinion de moi, Coxan.
– C’est quelqu’un qui a l’esprit très ouvert.
– Oui, mais quand même ! Je me dis que je fais fort des fois.
– C’est dans ta tête.
– Tu crois que je pourrais lui demander un truc ?
– Quoi donc ?
– Qu’il me donne accès à sa boîte mail. Que je voie ce qu’il dit de moi, le type.
– Ça m’étonnerait que ça lui pose problème.

– C’est drôle des mecs qui discutent d’une nana entre eux, n’empêche… On se rend pas vraiment compte en fait.
– De quoi donc ?
– De ce qu’ils parlent vachement cru.
– Et pas nous, peut-être, quand on parle d’eux ?
– Oui, si, c’est vrai. Mais là, ce qu’il y a, c’est que je le vois écrit.
– Et ça te gêne ?
– Oh, non, non ! J’ai pas dit ça. Non. Et tu sais qu’à cause de moi, il voit quasiment plus sa copine ?
– Comment ça ?
– Ben, elle lui fait tellement d’effet, ma vidéo, qu’il préfère rester avec moi et avec ma fessée plutôt que d’aller la retrouver.
– Carrément !
– Et, en plus, quand il va la voir, il s’est tellement donné avec moi qu’il est plus en état de faire quoi que ce soit avec elle.
– Eh, ben dis donc !
– Alors tu sais ce que j’aimerais du coup ? C’est qu’on recommence avec un autre. Mais pas exactement pareil. Coxan lui montrerait la vidéo. Et puis il lui proposerait : « Tu veux voir la tête qu’elle a, la fille ? Mais alors tu déconnes pas, hein ! Parce qu’elle m’arracherait les yeux si elle savait que je t’ai fait voir. » Et il nous ferait rencontrer sous un prétexte bidon. Trop génial comme situation, non ? T’imagines la situation ? Il croit que je suis pas au courant, le mec. Alors que c’est moi qu’ai tout manigancé.
– T’es redoutable dans ton genre.
– Et après, t’imagines les mails ? Oh, faut qu’on le fasse. Faut vraiment qu’on le fasse.

2 commentaires:

  1. Mais elles en ont, de l'imagination, ces deux-là.

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  2. Quand on leur laisse la bride sur le cou, elles en ont plus que quand on leur passe la corde au cou. ;)

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