Au
boulot, ils ont procédé à une restructuration générale. Ce qui
veut dire qu’ils nous ont déplacés d’un bureau à l’autre
sans logique apparente. J’en ai fait trois en une semaine avant de
venir finalement échouer – définitivement, selon les chefs –
dans un petit réduit au fin fond d’un couloir en compagnie de
Cordelia que ça n’a pas l’air d’émouvoir plus que ça.
– Au
moins ici on sera tranquilles. Et au calme.
C’est
quelqu’un d’à peu près mon âge, Cordelia. Une grande brune à
l’allure décidée qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui ne
s’en laisse pas compter. Par personne. Et surtout pas par son mari.
– Si
c’était à refaire, je le laisserais où il est, celui-là. Pour
ce qu’il me sert ! À quoi ça t’avance franchement d’avoir
un mec si c’est pour qu’il te tire tous les tournants de lune. Et
qu’il le fasse mal. En plus !
– Prends
un amant.
– Oui,
ben, pour ça, je t’ai pas attendue, merci. J’en ai même pris
plusieurs. Ça a des avantages, mais ça a aussi des inconvénients.
Non, il y en a un, lui, par contre, qui me déçoit jamais.
Et
elle a extirpé un gode du fin fond de son sac.
– Efficace,
toujours disponible quand t’as besoin, infatigable. Et puis de
bonne compagnie : jamais un mot plus haut que l’autre.
– T’es
conne !
– Me
dis pas que t’y as pas recours, toi aussi, à l’occasion.
– Je
dois bien reconnaître…
– Ben,
évidemment ! Et celles qui prétendent le contraire ou ce sont
de fieffées menteuses ou elles sont coincées que le diable. Une
nana bien constituée… Tu te le fais souvent, toi ?
– Encore
assez, oui.
– Moi,
c’est tous les jours. Ou pratiquement. Et même, quand j’en suis
vraiment, plusieurs fois par jour. Et puis alors il y a un truc, je
sais pas si ça te tente, toi, mais moi ! Ce serait de me le
faire ici, au boulot. Avant, avec cinq ou six filles autour, sans
compter les allées et venues dans le couloir, c’était mission
impossible mais maintenant, là, il y a que nous et si quelqu’un
vient, on aura largement le temps de l’entendre. Non ?
Qu’est-ce t’en dis ?
J’en
disais… J’en disais… que je disais pas non.
– Ah,
tu vois !
On
s’est tu.
Elle
a un peu reculé sa chaise. Ses mains ont disparu sous son bureau.
Elle a renversé la tête en arrière, fermé les yeux.
Et
moi aussi. J’ai ouvert mon pantalon, glissé mes doigts dans ma
culotte.
Dans
les lointains, il y avait des voix, des pas, le saccadé d’une
imprimante.
Elle
a soupiré.
– J’aime
les entendre.
Le
mouvement de son bras s’est fait plus ample, plus rapide.
Du
bout du doigt, j’ai mis mon goût sur mes lèvres.
Elle
a rouvert les yeux, les a plongés, tout embrumés, dans les miens.
– À
quoi tu penses ?
Je
n’ai pas répondu.
À
quoi je pensais ? Qu’elle me voulait nue, là, dans ce petit
bureau. Toute nue. Qu’elle l’avait exigé sur un ton qui ne
souffrait pas la moindre réplique. Qu’un martinet avait fait son
apparition au bout de son bras. Qu’elle allait le brandir. « Sale
petite branleuse ! Je vais t’en faire passer l’envie, moi,
tu vas voir ! » Qu’elle l’abattait, à toute volée,
sur mes fesses.
– Je
sais pas à quoi tu penses, mais qu’est-ce ça a l’air bon…
Oh,
oui, c’était bon, oui ! Et j’ai perdu pied. Ça m’a
emportée. Submergée. Je me suis mordu les lèvres pour ne pas
crier.
– Qu’est-ce
t’es belle quand tu jouis !
Et
elle a déferlé à son tour, à petits gémissements étouffés, les
joues creusées, la bouche entrouverte.
Lucie et ses fantasmes. Fallait oser là. Heu : "si c’est pour qu’il te tire tous les tournants de lune" Je ne connais pas cette expression. Je peux avoir une traduction François Fabien s'il vous plait ?
RépondreSupprimerFaut juste laisser venir des images… ;)
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