Je
me suis garée le long du trottoir, devant le magasin, et j’ai
attendu qu’elle sorte.
– Camille !
Son
visage s’est éclairé.
– Ah,
c’est vous !
– C’est
moi, oui ! Monte ! Tu pourrais quand même me donner des
nouvelles de temps en temps, non, tu crois pas ?
– C’est
que…
– C’est
que quoi ? C’est quand même pas bien compliqué d’appuyer
sur les touches d’un portable. Si ?
– J’ose
pas. Vous appeler, j’ose pas.
J’ai
mis le moteur en marche.
– Et
c’est moi qui suis obligée de me déplacer. Ah, ben bravo !
Bon, mais on réglera ça tout à l’heure. Raconte-moi plutôt…
Comment ça se passe ?
– Bien.
– Mais
encore ? Je vois… Va falloir que je te tire les vers du nez.
Comme d’habitude. Alors dis-moi ! Tu t’es pris une fessée
depuis la dernière fois ?
– Oh,
plusieurs !
– Combien ?
– Deux…
Non. Trois.
– Pourquoi
t’as d’abord dit deux ? Il y en a une dont tu voulais pas
parler ?
– Mais
non !
– Bien
sûr que si ! Laquelle ?
– Je
sais pas. Je…
– Laquelle ?
– Celle
que Perrine m’a donnée.
– Nous
y voilà ! C’était quand ?
– Ce
matin.
– Où ?
Au magasin ?
– Non.
Chez elle.
– Qu’est-ce
tu faisais chez elle ?
– C’est
là que j’habite maintenant. C’est elle qui me commande. Pour
tout. Comment je m’habille. Ce que je mange. À quelle heure je me
couche, tout ça…
– Ce
qui te convient parfaitement, j’imagine.
– Oh,
oui ! J’ai plus rien à décider. À me demander. C’est
reposant. C’est rassurant.
– C’était
pourquoi cette fessée ce matin ?
– Je
sais pas.
– Comment
ça, tu sais pas ?
– Non,
je sais pas. J’ai fait quelque chose qui lui a pas plus, mais je
vois pas quoi. Faut que je cherche et que je trouve, elle m’a dit.
– Sinon ?
– Elle
a pas précisé, mais ce que je voudrais pas, c’est qu’elle me
flanque dehors.
Je
me suis arrêtée.
– Descends !
Je
l’ai poussée sous une porte cochère.
– Fais
voir ! Ta fessée… Fais-la voir !
Elle
a jeté un rapide coup d’œil autour d’elle. Et elle m’ a obéi.
Elle a descendu pantalon et culotte jusqu’à mi-fesses.
– Plus
bas !
Jusqu’à
mi-cuisses.
– Ah,
oui, dis donc ! Ah, oui !
C’était
d’un rouge intense. Sur toute la surface. Avec, par endroits, des
plaques plus sombres. Noirâtres. Ou violacées. J’en ai suivi le
pourtour. Du bout des doigts.
Il y
a eu une course précipitée dans un escalier, à droite.
D’instinct,
elle a voulu tout remonter. Je l’en ai empêchée.
– Non !
Elle
s’est arrêtée net. Le pas, dans l’escalier, aussi.
J’ai
poursuivi, un bon moment encore, l’exploration de son derrière
endolori.
– C’est
bon. Tu peux te reculotter.
Ce
qu’elle s’est empressée de faire.
– Tu
vas lui dire à Perrine ?
– Oh,
ben oui ! Oui. Je lui dis tout.
– Ce
qui va te valoir une autre fessée.
– Oh,
ben ça, sûrement, oui.
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