Ça avançait Cordelia avec Émilie.
– Bien. Très
bien même. Le poisson est ferré. Et toi ? Bianca ?
– Pas trop.
Il se présente pas vraiment d’occasion.
– Oh, mais ça
se suscite, les occasions ! Parce que si t’attends que ça te
tombe rôti dans le bec…
Elle avait raison,
oui. Évidemment qu’elle avait raison. Fallait que je me bouge.
Et, le lendemain, je
lui suis tombée dessus, dans le hall, à la pause de midi.
– On déjeune
ensemble ? Je connais un super petit resto, pas cher en plus,
derrière l’hôtel de ville.
Elle a hésité.
– Mais si,
allez ! Viens !
On s’est
installées en terrasse.
– Avec le
temps qu’il fait !
On a commandé. Et
je me suis lancée.
– Franchement,
je trouve ça idiot. On bosse ensemble toute l’année, dans la même
boîte, et on se connaît à peine. Juste bonjour-bonsoir. Et les
petits ragots sur les uns et sur les autres autour de la machine à
café. Alors que, si ça tombe, on a plein de points communs. Et on
fantasme sur les mêmes mecs, va savoir !
Elle a éclaté de
rire.
– Ceux de la
boîte ? Faudrait vraiment avoir très très faim.
– Ah, ça !
Mais heureusement qu’ailleurs…
– Il y a que
l’embarras du choix. Suffit de se baisser pour en ramasser.
J’ai souri.
– Tu mènes
une vie très libre, hein !
– Je n’en
ai qu’une.
– Pareil pour
moi. Et je ne me refuse pas grand-chose, j’avoue. Dans toutes
sortes de domaines.
– Moi non
plus.
J’ai cherché ses
yeux.
– Il y a des
choses qui te choquent ?
– Très peu.
Très très peu.
– Alors si je
te dis qu’il m’arrive de fantasmer sur toi, tu vas réagir
comment ?
Elle a soutenu mon
regard.
– Ça dépend.
Quel genre de fantasmes ?
– Cuisants.
– Je donne ou
je reçois ?
– Ça peut
être l’un comme l’autre. Mais je préfère quand tu reçois.
Elle a fixé quelque
chose, très loin, au-dessus de ma tête. Un très long silence s’est
installé entre nous. Un silence que j’ai fini par rompre.
– À quoi tu
penses ?
– À ce que
les fantasmes sont faits pour être réalisés.
– Ce qui veut
dire ?
– Que c’est
quand tu veux. Ce soir, si tu veux.
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