Tableau de Franz von Defregger
Léontine
m’attendait. Elle a chuchoté dans la semi-obscurité et la
touffeur de la chambre.
– Alors ?
Tu l’as vu ?
– Je l’ai
vu, oui.
– C’est
vrai ? Ben raconte, quoi !
– Attends !
Laisse-moi d’abord me déshabiller.
Appuyée sur un
coude, elle m’a regardée faire.
– Wouah, mais
qu’est-ce t’as ? Au derrière ? Qu’est-ce t’as ?
C’est tout rouge. Tu t’es pris une fessée, on dirait. Mais oui,
c’est ça ! Qu’est-ce qui s’est passé ?
Je me suis étendue
sur mon lit.
– C’est le
jardinier. Il m’est tombé dessus à la grille. C’était le prix
à payer pour qu’il me laisse sortir.
– Eh ben, dis
donc ! Il s’est rendu compte, Rodolphe ?
– Non. C’est
au retour que j’y ai eu droit.
– En
attendant, en douce que t’as vraiment une tête de crevée.
– Et pour
cause !
– Vous l’avez
fait, hein !
– Trois fois.
– Trois
fois ! Eh, ben dis donc ! Et c’était bien ?
– Sublime.
Ah, pour donner, je peux te dire que ça a donné. Heureusement qu’il
est désert, le coin, parce que sinon…
– Dommage
qu’au retour…
– Oui, oh !
– Toute nue,
il te l’a donnée, la fessée ? Oui, forcément ! Vu
l’état de ton derrière. Comment je serais morte de honte, moi !
Pas toi ?
– Si, dans un
sens, mais…
– C’était
pour la bonne cause. T’aurais pas pu le voir, Rodolphe, sinon…
Peut-être que j’aurais fait pareil, je sais pas. Il a tapé fort ?
T’as eu mal ? T’as crié ?
– Un peu.
Beaucoup, même. Mais c’était moins pire que ce que je croyais.
Faut que je m’habitue de toute façon…
– Comment
ça ?
– Ben, si je
veux le revoir, Rodolphe, j’ai pas le choix.
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