Restait Étienne. C’était le seul, quand j’avais dû rester
debout, nue, face à eux, sur lequel je n’avais pas pu m’empêcher
de lever les yeux, à deux ou trois brèves reprises. Il me fixait,
impassible. Qu’avait-il pensé ? Quel jugement portait-il sur
ce qui s’était passé ? Sur la façon dont je m’étais
comportée ? Il n’y avait que lui, au fond, dont l’opinion
m’importait vraiment. Et, pour la connaître, je n’avais pas
d’autre solution que d’aller interroger Émilie. J’ai mis
quatre jours à m’y décider tant j’appréhendais la réponse.
Une
réponse qu’elle s’est avérée incapable de me donner.
– Il
en a pas parlé ?
– Pas
du tout, non.
– Et
tu lui as pas demandé ?
– C’est
pas quelqu’un à qui on pose des questions, Étienne.
Elle
avait été d’autant moins tentée de lui en poser que, le
surlendemain, c’est elle qui y avait attrapé.
– Ça
m’arrive encore, de temps à autre, les méga crises de paresse. De
moins en moins souvent, mais n’empêche que ça m’arrive. Et il
laisse pas passer. Ce en quoi il a parfaitement raison d’ailleurs.
– Tu
y as attrapé, mais… devant eux ? Ils étaient là ?
– Ah,
ben oui ! Oui ! Évidemment qu’ils étaient là. Comme
convenu.
– Julien
aussi ?
– Julien
aussi. Tous les trois.
– Et
c’était quand, tu dis ?
– Avant-hier.
– Il
m’a rien dit.
– Ça,
peut-être. Mais je peux t’assurer qu’il y était.
– Et
il a réagi comment ?
– Franchement,
j’en sais rien. C’est vraiment pas le genre de situation où t’as
envie d’aller les regarder sous le nez, les types. Tu penses qu’à
une chose, c’est oublier qu’ils sont là.
– T’as
rien à me dire ?
Il a
levé sur moi un regard surpris.
– Non.
Quoi ?
– Elle
est bien fichue Émilie ? Elle t’a plu ?
– Ah,
c’est donc ça ! Elle marque vite, ce qu’il y a de sûr. Et
beaucoup.
– Pourquoi
tu m’as rien dit ?
– Parce
qu’il y avait pas d’urgence. Qu’on aurait bien le temps d’en
parler, le moment venu.
– Mouais.
Et alors ? Ça s’est passé comment ?
– Comme
une fessée. Il lui a baissé sa culotte et il a tapé. Fort. Et
longtemps.
– Elle
a crié ? Elle a gigoté ?
– Un
peu, mais pas tant que ça ! On voyait qu’elle avait décidé
de prendre sur elle.
– Et
après ?
– Il
l’a envoyée au coin, jupe relevée et culotte sur les chevilles.
– C’est
son truc, ça, le coin, j’ai l’impression. Il l’y a laissée
longtemps ?
– Une
demi-heure, à peu près. Et puis il l’a envoyée dans sa chambre.
On est restés à discuter entre nous. Et on s’est désolés :
ce n’est pas si efficace que ça, finalement, les fessées qu’on
vous donne. Ça ne vous guérit pas complètement, les unes comme les
autres, de vos sales habitudes.
– Un
peu quand même ! Ce serait pire sinon.
– Du
coup, on a envisagé d’autres solutions. Une en particulier.
– Ah,
oui ? Laquelle ?
Il a
souri, mis un doigt sur ses lèvres.
– Ce
que tu peux être chiant quand tu t’y mets !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire