jeudi 5 septembre 2019

Fessées punitives (19)


Restait Étienne. C’était le seul, quand j’avais dû rester debout, nue, face à eux, sur lequel je n’avais pas pu m’empêcher de lever les yeux, à deux ou trois brèves reprises. Il me fixait, impassible. Qu’avait-il pensé ? Quel jugement portait-il sur ce qui s’était passé ? Sur la façon dont je m’étais comportée ? Il n’y avait que lui, au fond, dont l’opinion m’importait vraiment. Et, pour la connaître, je n’avais pas d’autre solution que d’aller interroger Émilie. J’ai mis quatre jours à m’y décider tant j’appréhendais la réponse.
Une réponse qu’elle s’est avérée incapable de me donner.
– Il en a pas parlé ?
– Pas du tout, non.
– Et tu lui as pas demandé ?
– C’est pas quelqu’un à qui on pose des questions, Étienne.

Elle avait été d’autant moins tentée de lui en poser que, le surlendemain, c’est elle qui y avait attrapé.
– Ça m’arrive encore, de temps à autre, les méga crises de paresse. De moins en moins souvent, mais n’empêche que ça m’arrive. Et il laisse pas passer. Ce en quoi il a parfaitement raison d’ailleurs.
– Tu y as attrapé, mais… devant eux ? Ils étaient là ?
– Ah, ben oui ! Oui ! Évidemment qu’ils étaient là. Comme convenu.
– Julien aussi ?
– Julien aussi. Tous les trois.
– Et c’était quand, tu dis ?
– Avant-hier.
– Il m’a rien dit.
– Ça, peut-être. Mais je peux t’assurer qu’il y était.
– Et il a réagi comment ?
– Franchement, j’en sais rien. C’est vraiment pas le genre de situation où t’as envie d’aller les regarder sous le nez, les types. Tu penses qu’à une chose, c’est oublier qu’ils sont là.

– T’as rien à me dire ?
Il a levé sur moi un regard surpris.
– Non. Quoi ?
– Elle est bien fichue Émilie ? Elle t’a plu ?
– Ah, c’est donc ça ! Elle marque vite, ce qu’il y a de sûr. Et beaucoup.
– Pourquoi tu m’as rien dit ?
– Parce qu’il y avait pas d’urgence. Qu’on aurait bien le temps d’en parler, le moment venu.
– Mouais. Et alors ? Ça s’est passé comment ?
– Comme une fessée. Il lui a baissé sa culotte et il a tapé. Fort. Et longtemps.
– Elle a crié ? Elle a gigoté ?
– Un peu, mais pas tant que ça ! On voyait qu’elle avait décidé de prendre sur elle.
– Et après ?
– Il l’a envoyée au coin, jupe relevée et culotte sur les chevilles.
– C’est son truc, ça, le coin, j’ai l’impression. Il l’y a laissée longtemps ?
– Une demi-heure, à peu près. Et puis il l’a envoyée dans sa chambre. On est restés à discuter entre nous. Et on s’est désolés : ce n’est pas si efficace que ça, finalement, les fessées qu’on vous donne. Ça ne vous guérit pas complètement, les unes comme les autres, de vos sales habitudes.
– Un peu quand même ! Ce serait pire sinon.
– Du coup, on a envisagé d’autres solutions. Une en particulier.
– Ah, oui ? Laquelle ?
Il a souri, mis un doigt sur ses lèvres.
– Ce que tu peux être chiant quand tu t’y mets !

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