Bérengère voulait nous voir. De toute urgence.
– Qu’est-ce
qu’il se passe ?
Elle
était aux quatre cents coups. Et avait de toute évidence pleuré.
– Je
suis conne ! Non, mais qu’est-ce que je peux être conne quand
je m’y mets !
– Si
tu nous expliquais au lieu de te lamenter ?
– Je
me suis fait gauler. Et en beauté. Sur le fait il m’a prise.
J’étais au lit avec un mec. Va nier, toi, après ça !
– On
t’avait dit de faire gaffe. On te l’avait pas dit ?
– Je
sais, oui, mais bon… Je croyais, moi, j’étais sûre qu’il
préférait rien voir. Qu’il en avait pris son parti. Oui, ben,
t’as qu’à y croire ! Comment ils peuvent être sournois,
les types, n’empêche, quand ils s’y mettent ! Et hypocrites
d’une force !
– Il
a réagi comment ?
– À
ton avis ? Hyper mal ! Il me quitte.
– Oh,
mais il y a peut-être moyen de…
– De
rien du tout. Il a embarqué ses affaires et il est parti s’installer
chez sa sœur.
– Ah !
– Et
la fessée ? Tu y as pensé ? Tu lui en as parlé ?
– Vous
pensez bien que oui ! Il a rien voulu entendre. Il a dit que ça
y avait jamais rien fait. Et qu’il y avait aucune espèce de raison
pour que ça se mette à marcher comme ça, d’un coup, comme par
enchantement. Non, cette fois, c’est cuit. Et bien cuit. Il s’est
montré on ne peut plus clair.
– Et
si on allait lui parler ?
– Vous ?
Je crois pas que ça serve à grand-chose. Remonté comme il est.
– On
peut toujours essayer.
– Oh,
si vous voulez ! Au point où j’en suis n’importe comment.
On a
d’abord envisagé d’y aller toutes les trois. En force. Mais, à
la réflexion, ce n’était pas forcément une bonne idée.
– Il
risque de se sentir agressé. Il va se braquer.
Et
on a décidé de lui envoyer Océane.
– Elle
est de son âge, Océane. Et puis, elle est diplomate. Elle saura
comment le prendre.
Elle
n’est revenue que deux heures plus tard.
– Alors ?
– Oh,
ben alors, ça a pas été sans mal. Mais ça devrait être bon.
– Ça
devrait être ou ça l’est ?
– Ça
l’est. À condition qu’il y ait fessée, évidemment.
– Oui,
ben ça, fallait s’y attendre.
– Et
que ce soit Valentin qui la lui donne.
– Valentin ?
Pourquoi Valentin ?
– Je
sais pas, mais il a énormément insisté là-dessus.
– Ça
l’excite, faut croire…
– Quel
salaud ! Non, mais quel salaud ! Et moi qui croyais qu’il
supporterait pas de me voir fessée par un autre !
– On
connaît jamais vraiment un mec.
– Surtout
quand c’est le sien !
– Oui,
oh, faut pas se faire d’illusions, moi, je crois ! Ils sont
tous plus ou moins copie conforme en fait.
– J’ai
la trouille, les filles ! Vous pouvez pas savoir comment j’ai
la trouille. Jamais je vais arriver à supporter. J’aurai bien trop
honte. Et puis il tape fort en plus, Valentin.
– Faudrait
savoir ce que tu veux !
– Je
veux pas qu’il me quitte, Clément. Je veux pas.
– Eh
bien alors !
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