lundi 8 avril 2019

Un défi

Tableau de Charles-Lucien Léandre

– Pas chiche !
– Oh, alors là !
– On le fait ?
– On le fait.

* *
*

– Depuis le temps…
– Oh, pas tant que ça quand même…
On a pris l’apéro, tous les six, sur la terrasse. On est passés à table. Où on a parlé de tout. De rien. De sport. De nuisances sonores. Des huiles essentielles.
Vers la fin du repas, j’ai amené, l’air de rien, la conversation sur les vacances naturistes.
Ils en pensaient quoi, eux ?
Oui, ben Clotilde, elle, un truc pareil, c’était complètement hors de question.
– Te foutre à poil comme ça, devant des gens que tu connais ni d’Ève ni d’Adam. Ah, non alors ! Merci bien.
Kevin était de son avis.
– Oui. Et puis en plus, j’aurais bien trop peur de bander moi là-dedans.
Jérémy n’était pas d’accord avec lui.
– Mais alors là, pas du tout ! Parce que j’y suis allé, moi, une fois. Ça n’a absolument rien d’érotique. Tout le monde est à poil. Oui, bon, ben voilà !
Léa, elle ne savait pas trop.
– Parce qu’en théorie, dans la tête, comme ça, oui, pourquoi pas ? Mais si je devais vraiment le faire, je sais pas si j’en serais capable.
Ils ont voulu savoir…
– Et toi, Pauline, tu dis rien ?
– Oh, moi, c’est vraiment pas le genre de truc qui me poserait problème.
– Tu dis ça, mais…
Elle s’est faite péremptoire.
– La nudité ne m’a jamais posé le moindre problème. Quel que soit le contexte…
Ils se sont récriés.
– Ben, voyons !
– Non, mais à qui t’espères faire croire ça ?
– Traitez-moi de menteuse tant que vous y êtes…
– Mais non, mais…
Et ça a argumenté tant et plus. Elle, à soutenir mordicus qu’elle en avait strictement rien à foutre qu’on la voie à poil. N’importe où. N’importe quand. Et eux, qu’elle leur en poussait une grosse.
Finalement, de guerre lasse, Kevin l’a mise au défi.
– Eh ben, vas-y !
– Quoi ?
– Mets-toi à poil…
– Ici ? Maintenant ?
– Ben oui ! Puisque, soi-disant, ça te pose pas de problème.
– Parce que tu crois que j’en suis pas capable ?
– Prouve-le !
Elle n’a fait ni une ni deux. Elle s’est désapée. Complètement. Elle leur a fait face.
– Et là ? Pas calmés ?

* *
*

– Leurs têtes ! Non, mais leurs têtes ! T’as vu ça ?
– Ah, t’as aimé, hein !
– Un peu que j’ai aimé ! Et je suis pas la seule. Comment il me dévorait des yeux, Jérémie ! Je suis sûr qu’il devait bander d’une force !
– Même Léa, c’était loin de lui déplaire… Ça se voyait comme le nez au milieu de la figure.
– J’en connais deux qui vont y attraper tout-à-l’heure. Et en beauté !
– Il y a pas qu’elles qui vont y attraper…
– J’espère bien…
– Et ça va même être pas plus tard que tout de suite.
– Tu sais ce qu’il faudrait un jour ? C’est qu’on recommence, avec d’autres ce coup-là, pas les mêmes. Et juste avant tu m’auras mis la fessée. Comme on fait des fois.
– Tu es démoniaque…
– Et t’as encore rien vu… Fais-moi jouir en attendant 

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