Dessin de Georges Reinhardt Weguelin
Nos
troupes ont résisté. Tant qu’elles ont pu. En vain. Mais les
Romains étaient dix fois plus nombreux. Cent fois mieux entraînés.
Mille fois mieux équipés. Ils nous ont vaincus
Ils
nous ont rassemblés, nous, les survivants, dans la grande salle de
réception du palais.
Le
centurion veut savoir.
– Laquelle
d’entre vous est la reine ?
Je
ne réponds pas. Personne ne répond.
Il
hurle.
– Qui ?
On
reste muets.
– Très
bien. Vous allez tous être mis à mort.
Je
m’avance.
– C’est
moi.
– Tu
as en effet le port bien altier. À genoux, Ta Majesté !
Je
m’exécute, la mort dans l’âme.
Il
s’esclaffe.
– C’est
une position qui te va à ravir.
M’oblige,
du bout du doigt, à relever la tête. Plonge ses yeux dans les
miens.
– Tu
seras mon esclave. Quant à tes compatriotes, qui nous ont si
insolemment résisté, ils vont être châtiés comme il se doit. Et
exécutés.
Je
me prosterne à ses pieds. Je lui entoure les genoux de mes bras.
– Grâce,
romain ! Pitié ! Épargne-les ! Prends ma vie, mais
épargne-les !
Il
fait longuement attendre sa réponse.
– À
une condition…
Tout
ce qu’il voudra.
Il
fait un signe. On lui tend un fouet. Il m’en passe l’extrémité
autour du cou. Et il tire, m’obligeant à incliner la tête devant
lui.
– Tu
vas être fouettée, Ta Majesté. Devant eux. Par dix d’entre eux.
Que j’aurai préalablement désignés. Et qui, eux, seront
épargnés. Si j’estime qu’ils ont mis suffisamment de cœur à
l’ouvrage.
Il
me fait relever.
– Dévêts-toi,
esclave !
Leur
vie est entre mes mains. Je ne proteste pas. J’obéis.
– Tout !
Et
je suis nue devant lui.
– Tourne-toi !
Allez !
Et
je suis nue devant mes sujets.
Dont
tous les regards sont fixés sur moi. Qu’il m’oblige à regarder.
– Mains
sur la tête !
Il
fait durer. Un temps infini.
Et
puis il les choisit. Un à un. Lentement. En prenant tout son temps.
Huit hommes. Deux femmes. Sur lesquels j’ai régné. Et qui vont me
fouetter. À tour de bras. Parce que leur vie en dépend.
Je
suis à nouveau à genoux.
Le
premier coup m’arrache un cri.
Je
ferme les yeux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire