Mais qu’il parle à la fin ! Qu’il parle ! N’importe
quoi. Qu’il la traîne dans la boue ! Qu’il la mette plus
bas que terre. Mais qu’il dise quelque chose. Tout plutôt que cet
insupportable silence réprobateur.
Mais
non ! Il chevauche à ses côtés. Sans un mot. Sans jamais se
tourner vers elle.
– Sylvain…
– Mademoiselle ?
Il
ne la regarde toujours pas.
Elle
explose.
– Mais
dites quelque chose enfin !
Il
hausse les épaules.
– Je
n’ai pas à juger des faits et gestes de Mademoiselle.
Il
marque un long temps d’arrêt.
– Si
elle estime devoir, en toute conscience, s’offrir au premier venu…
– Ce
n’est pas le premier venu…
– Madame
joue sur les mots.
– Mais
pas du tout enfin !
– Que
Madame me pardonne, mais il a suffi à ce vétérinaire de claquer
des doigts pour qu’elle s’allonge aussitôt dans le foin et
qu’elle lui ouvre ses cuisses.
Elle
rougit sous l’affront. Mais elle fait profil bas.
– Je
sais, Sylvain. Je sais. Je m’en veux tellement. Si vous saviez !
Il
se montre intraitable.
– Ce
qui n’empêchera pas Madame de recommencer.
– Mais
non, Sylvain, je vous assure…
D’un
ton mal convaincu.
Il
esquisse un imperceptible sourire.
– Non,
la seule chose que Madame comprenne…
Son
cœur s’accélère.
Il
les fait attendre, les mots. Il les fait venir de très loin. De très
très loin.
– C’est
une bonne fouettée.
Il
se tourne vers elle. Il la regarde cette fois. Il la fixe. Droit dans
les yeux.
Elle
baisse les siens.
– Sans
doute suis-je, moi aussi, quelque peu fautif. De ne pas m’être
montré suffisamment sévère à son égard. De l’avoir ménagée.
J’aurais dû cingler plus longtemps. Et plus fort.
Elle
frémit.
– J’aurais
dû trouver les mots. Ceux qui font mouchent. Qui mortifient. Qui
font passer à tout jamais l’envie de recommencer.
Elle
frissonne de tout son être.
Les
mots, oui. Les mots. Oh, oui !
Son
regard se fait dur. Rapace.
– Mais
il n’est pas trop tard. Il n’est jamais trop tard.
Et
c’est, soudain, humide entre ses cuisses.
Il
ramène les chevaux à l’écurie.
– Attendez-moi
là !
Dans
la grange.
D’un
ton qui ne souffre pas de réplique.
Elle
l’entend à côté. Il prend tout son temps.
Il revient enfin.
– Dévêtez-vous !
Et tout ! Vous enlevez tout.
Elle
se détourne pour le faire.
Il
exige.
– Face
à moi.
Elle
obéit. Elle est nue devant lui. Entièrement nue. Bras ballants.
Immobile.
Et
elle a honte. Tellement honte…
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