jeudi 11 avril 2019

Les fessées de Blanche (23)


Mais qu’il parle à la fin ! Qu’il parle ! N’importe quoi. Qu’il la traîne dans la boue ! Qu’il la mette plus bas que terre. Mais qu’il dise quelque chose. Tout plutôt que cet insupportable silence réprobateur.
Mais non ! Il chevauche à ses côtés. Sans un mot. Sans jamais se tourner vers elle.
– Sylvain…
– Mademoiselle ?
Il ne la regarde toujours pas.
Elle explose.
– Mais dites quelque chose enfin !
Il hausse les épaules.
– Je n’ai pas à juger des faits et gestes de Mademoiselle.
Il marque un long temps d’arrêt.
– Si elle estime devoir, en toute conscience, s’offrir au premier venu…
– Ce n’est pas le premier venu…
– Madame joue sur les mots.
– Mais pas du tout enfin !
– Que Madame me pardonne, mais il a suffi à ce vétérinaire de claquer des doigts pour qu’elle s’allonge aussitôt dans le foin et qu’elle lui ouvre ses cuisses.
Elle rougit sous l’affront. Mais elle fait profil bas.
– Je sais, Sylvain. Je sais. Je m’en veux tellement. Si vous saviez !
Il se montre intraitable.
– Ce qui n’empêchera pas Madame de recommencer.
– Mais non, Sylvain, je vous assure…
D’un ton mal convaincu.
Il esquisse un imperceptible sourire.
– Non, la seule chose que Madame comprenne…
Son cœur s’accélère.
Il les fait attendre, les mots. Il les fait venir de très loin. De très très loin.
– C’est une bonne fouettée.
Il se tourne vers elle. Il la regarde cette fois. Il la fixe. Droit dans les yeux.
Elle baisse les siens.
– Sans doute suis-je, moi aussi, quelque peu fautif. De ne pas m’être montré suffisamment sévère à son égard. De l’avoir ménagée. J’aurais dû cingler plus longtemps. Et plus fort.
Elle frémit.
– J’aurais dû trouver les mots. Ceux qui font mouchent. Qui mortifient. Qui font passer à tout jamais l’envie de recommencer.
Elle frissonne de tout son être.
Les mots, oui. Les mots. Oh, oui !
Son regard se fait dur. Rapace.
– Mais il n’est pas trop tard. Il n’est jamais trop tard.
Et c’est, soudain, humide entre ses cuisses.

Il ramène les chevaux à l’écurie.
– Attendez-moi là !
Dans la grange.
D’un ton qui ne souffre pas de réplique.
Elle l’entend à côté. Il prend tout son temps.
Il revient enfin.
– Dévêtez-vous ! Et tout ! Vous enlevez tout.
Elle se détourne pour le faire.
Il exige.
– Face à moi.
Elle obéit. Elle est nue devant lui. Entièrement nue. Bras ballants. Immobile.
Et elle a honte. Tellement honte…

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