jeudi 25 avril 2019

Les fessées de Blanche (25)


Il a attendu qu’ils se soient engagés dans l’allée forestière, juste après le carrefour du tremble.
– C’est fait, Mademoiselle.
– Qu’est-ce qui est fait, Sylvain ?
Elle le sait. Évidemment qu’elle le sait. Mais elle demande malgré tout.
– Qu’est-ce qui est fait ?
– Edmond, le vétérinaire, il ne devrait plus revenir. Il ne reviendra plus.
– Merci, Sylvain.
Ils s’enfoncent sous les hêtres.
– Madame ne regrette pas trop ?
Elle fait signe que non. De la tête. Non.
– Et maintenant ?
Elle lève sur lui un long regard interrogateur.
– Monsieur Pierre ne satisfait pas Madame. Il s’en faut de beaucoup.
Elle baisse les yeux, fixe quelque chose au loin, très loin, devant elle.
– Et Madame a des besoins. De gros besoins. Qu’il lui faut impérativement satisfaire.
Elle ne proteste pas. Elle continue à contempler les lointains.
– Avec, de préférence, de fringants jeunes gens, pleins de sève et de vigueur.
Une branche basse lui cingle le visage. Des gouttes lui ruissellent dans le cou.
– Seulement, que Madame songe à l’épouvantable situation dans laquelle elle se trouverait si, d’aventure, il revenait aux oreilles de monsieur Pierre qu’elle a un amant ou, pire, qu’elle les collectionne.
Elle frissonne. C’est une éventualité à laquelle elle ne veut pas songer. Qu’elle ne veut même pas envisager.
Il poursuit, imperturbable.
– Ce n’est malheureusement pas exclu. Parce que les gens parlent. Parce qu’ils se surveillent les uns les autres. Parce qu’ils se délectent du moindre ragot. De la moindre rumeur. Et parce qu’ils se réjouissent de voir leur prochain traîné dans la boue. Surtout si ce prochain est une femme.
Il saisit les rênes de Flamboyant. La force à s’arrêter.
– Je conjure Mademoiselle de ne pas se mettre en danger.
Il cherche ses yeux. Elle finit par les lui donner.
– Si je puis me permettre…
Il hésite. Se décide.
– J’ai fouetté Mademoiselle.
Un tremblement la parcourt toute.
– Et, pour autant que j’aie pu en juger, elle y a pris du plaisir. Beaucoup de plaisir. Presque autant que dans les bras de Gontran. Ou ceux d’Edmond.
– Non. Davantage.
Cela lui échappe. Cela lui a échappé. Elle rougit.
Il la prend dans son regard. Il l’y garde.
– Je sais.
Il lâche ses rênes. Ils font demi-tour.

Ils sont dans la grange. Il ne dit rien. Elle ne dit rien.
Elle se déshabille. Tout. Elle enlève tout.
Elle s’agenouille. Et elle attend. La cravache siffle, s’abat. Sur son dos. Sur ses fesses. Sur ses cuisses. La zèbre, la mord, la brûle.
Elle se tend vers elle. Elle s’offre à elle. Elle lui ouvre ses jambes. Qu’elle puisse s’y engouffrer.
Et son plaisir monte. Son plaisir surgit, la submerge.
Elle le proclame. Sans la moindre pudeur.

Elle se relève.
– Merci, Sylvain.
Elle n’aura plus besoin de Gontran, d’Edmond ou de qui que ce soit d’autre.

FIN


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire