lundi 11 février 2019

Fais voir!


Dessin de P.Silex

– Alice ! Mais qu’est-ce tu fais là ?
– Il y a plus le cours de psycho maintenant le mardi.
– Ah, je savais pas.
– Oui, ben ça, je me doute que tu savais pas. T’aurais pas ramené un type ici, sinon.
– Écoute…
– C’était qui ? Pas Louis en tout cas. C’était pas sa voix. Et puis Louis, n’importe comment il est à Carcassonne aujourd’hui. Alors c’était qui ? Hein ?
– Un collègue. Qui voulait que je lui explique un truc. Alors comme on avait tous les deux un trou dans notre emploi du temps.
– Prends-moi bien pour une truffe !
– Non, mais si, je t’assure !
– Donc, c’était un collègue. Qu’est-ce tu lui avais fait à ce pauvre homme pour qu’il te flanque une fessée ?
– Une fessée ! Non, mais ça va pas ? Qu’est-ce que c’est que ces inventions ?
– C’est pas des inventions. J’ai parfaitement entendu.
– Tu te l’es imaginé.
– J’ai rien imaginé du tout. Ça y allait, les claques. Et tu braillais tant que tu pouvais.
– Mais jamais de la vie, enfin !
– Ah, non ? Fais voir alors !
– Quoi ?
– Ton derrière. Fais-le voir ! Ça doit pas te poser de problème s’il y a rien. Alors fais-le voir.
– Bon, écoute, Louis est quelqu’un de bien. De très très bien. Avec qui je m’entends à la perfection. Seulement il y a un domaine où il est resté extrêmement vieux jeu. Où t’as tôt fait de le scandaliser.
– Ah, ça ! C’est sûr que c’est pas à lui que tu peux aller demander de te tambouriner le popotin. Et donc, tu t’es trouvé quelqu’un tout disposé, lui, à te rendre ce menu service.
– C’est quelque chose dont j’ai besoin. Dont j’ai viscéralement besoin. Si tu savais !
– J’me doute, oui. Tu courrais pas le risque que Louis l’apprenne sinon… Bon, mais fais voir ! Allez, fais voir ! Ah oui, quand même ! Hou là là ! Eh ben dis donc ! Pour taper, il a tapé, on peut pas dire. T’as les fesses dans un état ! Combien de temps ça met pour partir ?
– Ça dépend… Mais là, faudra bien compter trois ou quatre jours.
– Ah, quand même !
– Pour que ça ait complètement disparu, oui !
– Et donc, tu choisis les semaines où Louis est en déplacement.
– Il vaut mieux, oui. Parce que s’il se rendait compte de quoi que ce soit…
– Ce serait mort, vous deux, alors là, ça, c’est sûr. Mais ça fait vraiment tant de bien que ça ?
– Ça fait surtout très mal.
– Ben alors ?
– C’est justement ça qui fait du bien. D’avoir mal Et d’avoir honte. Tellement honte. Tu peux pas comprendre.
– Si ! Je crois. Bon, mais c’est qui ce type alors, finalement ? C’est vraiment un collègue ?
– Oh, non, non ! Je m’y risquerais pas. On sait jamais. C’est beaucoup trop dangereux.
– C’est qui, alors ?
– Le frère d’une amie. Tu connais pas.
– Il pourrait me le faire à moi ? Que je me rende compte.
– À toi ? Je sais pas. Mais ça fait vraiment très mal, tu sais…
– Oui, ça, j’ai compris. Tu lui demanderas ?
– C’est pas sûr qu’il veuille.
– Tu penses bien que si ! Un homme, pour voir une femme toute nue, il est toujours partant. Surtout si là, en plus, tu lui dis que je suis une petite peste et que je risque de tout aller raconter à Louis.

2 commentaires:

  1. Plus délicieux les uns que les autres, votre stock de dessins classiques reste intarissable..

    RépondreSupprimer
  2. J'en découvre de nouveaux tous les jours. Tant et si bien que je finis par ne plus savoir où donner de la tête. ;)

    RépondreSupprimer