Dessin
d’Otto Schoff
J’ai
passé la soirée chez Cordelia. On a déliré comme deux petites
folles toutes les deux. Un peu sur tout. Mais tout particulièrement sur les mecs du
boulot. Dont Baptiste, évidemment.
– On
peut faire une croix dessus. L’une comme l’autre.
Oui,
c’était bien aussi mon avis.
– Il
est pas réceptif. Pas du tout.
Mais
ce qui l’agaçait surtout Cordelia, c’était de pas arriver à
comprendre pourquoi.
– Parce
qu’il a pas l’air d’avoir de nana finalement…
– Peut-être
qu’il s’intéresse qu’aux mecs.
– Ou
que ça le branche pas du tout, le sexe.
– Un
mec que le sexe branche pas, j’en ai encore jamais vu.
– Faut
un début à tout.
Elle
a soupiré, levé les yeux au ciel.
– On
aura toujours la ressource de se goder en pensant à lui.
Et,
du coup, on s’est mises à évoquer notre saga du joujou qu’elle
m’avait offert.
– Il
en aura vu des choses, celui-là, mine de rien. Et quand je dis des
choses…
– Sans
compter que c’est peut-être pas fini.
Dans
la foulée, elle a voulu que je lui lise les dernières pages de mon
journal à fantasmes.
Et
elle s’est caressée en m’écoutant.
– J’aime
trop ça, la façon dont tu racontes… Et puis alors cette histoire
de la Cour de Catherine II ! Comment j’aurais aimé vivre ça,
moi ! C’est trop… C’est vraiment trop… Faut vraiment que
tu la continues.
Ses
doigts se sont emballés. J’ai eu envie aussi.
Tant
et si bien que, quand on s’est enfin couchées, il était quatre
heures du matin.
– Lucie !
Oh, Lucie ! Réveille-toi ! On va être en retard.
– Quelle
heure il est ?
– Huit
heures et demi.
– Oh,
putain !
Et
j’ai navigué, au radar, jusqu’à sa salle de bains, les seins à
l’air, vêtue, en tout et pour tout, d’une minuscule petite
culotte rose.
J’y
suis entrée en trombe et me suis trouvée nez à nez avec un type en
bleu de travail.
Je
l’ai fixé, stupéfaite.
– Oh,
pardon !
Et
je me suis rapatriée, aussi vite que possible, dans la chambre de
Cordelia.
– Il
y a un bonhomme !
– Un
bonhomme ?
L’ar
faussement innocent, sourcils froncés.
– Ah,
oui ! Oui. C’est le plombier. Il a la clef. Je l’avais
complètement oublié, celui-là !
– Tu
parles que tu l’avais oublié ! Fiche-toi bien de moi. En
plus !
– Si !
Si ! Je t’assure…
En
riant sous cape. Et en constatant.
– En
douce qu’il a bien dû se rincer l’œil, n’empêche…
– Ah,
oui ? Eh bien maintenant, c’est les oreilles qu’il va se
rincer.
– Qu’est-ce
tu fais ?
– Comme
tu vois, j’ouvre la porte. Pour qu’il entende mieux.
– Qu’il
entende mieux quoi ?
– La
fessée que je vais te flanquer.
– Tu
peux pas faire ça !
– Je
vais me gêner…
– Tu
sais bien que les fessées, moi, je braille tant et plus. Et que si
ça dure…
– Tu
jouis. Raison de plus… Allez, en position.
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