lundi 7 janvier 2019

Une arrivée prématurée


Dessin de N.Carman

J’ai sonné. Une première fois. Une deuxième fois. Une troisième.
Elle a enfin ouvert.
– Eh bien, Ninette, aviez-vous donc résolu de me laisser dehors ?
Elle était écarlate, échevelée, la coiffe de travers. Et l’allure fautive.
– Oh, non ! Mais Madame n’attendait pas Mademoiselle si tôt. Elle est sortie.
– Et vous en profitiez pour recevoir quelque amoureux.
Elle a pris un air horrifié.
– Oh, non ! Non ! Je puis jurer à Mademoiselle…
– Vous mentez mal, Ninette. Très mal. Tout, dans votre tenue et dans votre attitude proclame haut et fort que j’ai interrompu vos ébats. Oh, mais nous l’allons trouver, ce galant. Nous l’allons trouver. Prenez mon bagage et suivez-moi !

J’ai parcouru les pièces, une à une.
C’est dans la chambre de ma sœur que la joute avait eu lieu. Le lit était défait, la fenêtre ouverte. À l’évidence, le maraud venait de s’enfuir par là en oubliant, dans sa précipitation, sa casquette sur une chaise.
Je la lui ai lancée au visage.
– Eh bien, aurez-vous encore le front de nier ?
Elle a gardé le silence, tête basse, les yeux rivés au sol.
– Que va faire Mademoiselle ?
– Et que voulez-vous donc que je fasse ? Prévenir bien évidemment ma sœur qu’en son absence vous batifolez dans son lit avec vos amants.
– Mais elle va me renvoyer !
– Assurément…
– Je supplie Mademoiselle de n’en rien faire.
– Je ne saurais y consentir. La faute que vous avez commise est d’une extrême gravité.
– Alors punissez-moi ! Punissez-moi, je vous en conjure. Mais gardez-moi le secret.
– Vous punir, Ninette ? Et comment donc ?
– Comme vous voudrez. Comme il vous plaira.
– Une fessée alors…
– Si Mademoiselle estime que je l’ai méritée…
– Vous l’avez amplement méritée. Reconnaissez-le au moins !
– Oui.
– Très bien. Alors venez là ! Là… Près de la table. Et penchez-vous !
Elle l’a fait. De bonne grâce. J’ai relevé la robe, baissé la culotte. Et poussé un long grognement de satisfaction.
– Hum ! Que voilà une croupe comme je les aime ! Dodue à souhait. Rebondie que c’en est un plaisir. Et d’une blancheur d’albâtre. Ah, il doit se régaler, votre amoureux !
Et j’ai lancé une première claque. Qui l’a fait sursauter.
– Ah, c’est excitant, hein, de forniquer dans le lit de sa maîtresse !
Une deuxième. Une troisième.
– On y éprouve des sensations d’une intensité ! C’est l’extase. Le bonheur absolu. Non ?
Une dizaine. En pluie. En rafale.
– Mais si ! Bien sûr que si ! Vous avez planté furieusement vos ongles, de plaisir, dans les chairs de votre partenaire. Et crié comme une perdue. Ce que vous allez recommencer à faire. Et sans tarder.
Et j’ai tapé. Fort. Débondé. Libéré. À plein régime.
Elle a hululé. Piaillé.
– Ah, ben voilà ! J’aime. Beaucoup. Infiniment. Encore ? Allez, encore !
Feulé. Beuglé.
– Vous savez que avez une voix ravissante quand vous la laissez pleinement s’exprimer. Et que votre croupe est maintenant d’un rouge profond du plus bel effet. Comme sans doute votre petite frimousse. Faites voir… Ah, si, si ! Faites voir ! Effectivement, oui. C’est ravissant. Ah, on a passé un excellent moment toutes les deux, hein ! Oh, mais on recommencera. Bientôt. Très bientôt. Je vous le promets. En attendant, allez vite changer les draps de son lit avant que ma sœur ne rentre…

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