Sylvain
chevauche à ses côtés. Et il parle. Des châtaignes dont il y a
profusion cette année. Du vin qui ne devrait pas être aussi mauvais
que redouté, tout compte fait. Du nouveau vétérinaire qui est
jeune, si jeune, mais qui semble néanmoins connaître son affaire.
Elle
écoute et elle n’écoute pas. Elle est ailleurs. Encore dans son
rêve de la nuit. Et déjà dans son après-midi avec Gontran.
Sylvain
parle. Il parle inlassablement. De la Commune. Des exploits qu’il
aurait alors soi-disant accomplis.
– La
barricade de la rue Lepic, je l’ai tenue, à moi tout seul, près
d’une heure durant.
Et
puis de la guerre. De la guerre qui approche, hélas, à grands pas.
De la guerre dont personne ne veut, mais que les dirigeants finiront
malgré tout par faire advenir.
Elle
frissonne.
La
guerre. Gontran. Son Gontran. Elle ne veut pas.
Elle
l’interrompt.
– Sylvain…
Il
se tourne vers elle.
– Mademoiselle ?
– Je
ne pourrai pas. Je ne pourrai jamais…
– Vous
ne pourrez pas quoi ?
Il a
parfaitement compris, mais il veut qu’elle le dise. Il veut le lui
faire dire.
Elle
baisse la tête.
– Le
quitter. Quitter Gontran.
Il
saute à terre. Il lui tend la main.
– Que
Madame descende de cheval !
Elle
obéit.
Ils
sont au milieu des bois. Pas âme qui vive à des kilomètres à la
ronde. Il attache les chevaux. Il brandit la cravache.
Elle
sait ce qu’il lui reste à faire. Elle n’attend pas qu’il le
lui demande. Elle se détourne et elle se dénude. Les fesses. Et le
dos.
L’ordre
claque, sec, impérieux.
– À
genoux !
À
même le sol. C’est froid. Des brindilles lui picotent la peau. Et
elle a honte. Tellement honte. Mais c’est pour lui. Pour Gontran.
Il va tellement aimer voir sa peau striée, en suivre les
boursouflures du bout des doigts. Gontran…
Et
Sylvain frappe. Des coups appuyés. À intervalles réguliers. De la
base du cou au haut des cuisses. Méthodiquement. Sur toute la
surface. Elle serre les dents pour ne pas crier. Les larmes lui
montent aux yeux. Tu vas aimer, Gontran… Oh, comme tu vas aimer !
Et
ça repart. Dans l’autre sens. Insupportable, mais bon. Si !
Oui. Tellement bon. De plus en plus. Elle tombe face contre terre. Et
le plaisir la prend. Toute. La fulgure. Un plaisir fou. Elle enfouit
sa tête dans les feuilles pour ne pas le crier. Pour qu’il ne
l’entende pas le crier.
Il
s’arrête. Elle se relève. Elle n’est plu que brûlure. Elle se
rhabille. Le frottement des vêtements sur sa peau est un véritable
supplice, mais…
Elle
remonte à cheval. Ils chevauchent en silence.
Gontran
passe les mains sous sa robe.
– T’en
as reçu une ! Ah, si, si ! T’en as encore reçu une.
Ses
yeux brillent. Il est tout dur contre elle. Il veut voir.
Il
va voir.
– Oh,
là là, oui ! Et quelque chose de bien. C’est qui ? Ton
mari, hein ?
Non.
Elle fait signe que non.
– Qui
alors ? Dis-moi !
Elle
lui met un doigt sur les lèvres.
Il
n’insiste pas. Il la couvre de baisers. Et il est en elle.
Impatient. Impérieux. Il y éclate son plaisir. Et fait surgir le
sien.
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