Elle
se regarde, par-dessus l’épaule, dans sa psyché.
C’est
inscrit en rouge flamboyant sur toute la surface.
Il
n’y est vraiment pas allé de main morte.
Ben,
c’est toi qui lui as demandé !
Oui,
mais pas de taper comme un sourd !
T’avais
pas précisé…
Ça
coulait de source.
Elle
hausse les épaules. Elle sourit. Elle suit la ligne d’une cinglée
rougeoyante, du bout du doigt. L’y enfonce. Plus fort. Plus loin.
– Aïe !
Pas
question, en tout cas, que, pour le moment, Pierre l’approche. Mais
c’est quelque chose qu’il ne lui demandera pas, elle en est sûre,
avant plusieurs mois.
Elle
est couchée sur le ventre. Elle ne dort pas. Il y a un cœur brûlant
qui lui bat dans les fesses. Douloureux, mais pas vraiment
désagréable. Elle ferme les yeux. C’est pour Gontran. C’est
pour lui. Elle est heureuse. Apaisée.
Et
elle a honte. Tellement honte. Fouettée. Par un serviteur. Même si
c’est Sylvain. Qu’elle connaît depuis des années. Qui était
déjà au service de ses parents. Surtout parce que c’est Sylvain.
Comment a-t-elle pu ? Elle repousse les images. Elles
reviennent. Comment elle s’est trémoussée ! Elle rougit.
Quel spectacle obscène elle lui a offert ! Et comment elle a
crié ! Sans la moindre pudeur. Sans la moindre retenue. Honte…
Oh, oui, honte ! Mais cette honte, elle est… Non, ne dis
rien ! Elle ne veut pas savoir. Elle ne veut pas !
Sylvain
l’aide à mettre le pied à l’étrier. À enfourcher Flamboyant.
Elle
grimace.
Il
arbore un air faussement inquiet.
– Quelque
chose ne va pas, Mademoiselle ?
Elle
baisse les yeux.
– Si,
si ! Tout va bien.
Et
elle éperonne. Il la laisse caracoler un bon moment devant lui et
puis, le chemin s’élargissant, il vient à sa hauteur.
– Madame
a réfléchi ?
– Réfléchi ?
Mais à quoi donc ?
– À
ce qu’elle compte faire…
Ce
qu’elle compte faire ?
– Pour
ce monsieur…
Mais
rien. Rien de spécial. Rien du tout.
Il
insiste.
– Si
une faute se répète… Ou se prolonge…
Elle
ne répond pas.
Quand
elle lui tend les rênes, au retour, ses mains tremblent.
Gontran
l’étreint. L’étouffe de baisers.
– Tu
es fou…
– De
toi, oui…
Et
il lui dénude la poitrine, s’infiltre sous sa robe, s’empare de
ses fesses, s’arrête brusquement, la regarde, interloqué.
– Qu’est-ce
qu’elles ont ? Elles sont toutes chaudes. Fais voir !
Elle
veut l’en empêcher. Un peu. Pas vraiment. Pour la forme.
– Ah,
si ! Si ! Fais voir !
Il
les découvre, se penche sur elles.
– Eh,
ben dis donc !
Il y
promène une main.
– Ton
mari ?
Il
n’attend pas la réponse.
Il
la veut. Davantage encore que d’habitude. Elle est à lui.
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