jeudi 3 octobre 2019

Fessées punitives (23)


Émilie voulait nous voir, Océane et moi.
– Non, parce qu’ils se sont encore réunis à la maison, là, tous les quatre, hier soir. Et il est sérieusement question qu’ils exigent qu’avant de recevoir sa fessée, Bérengère serve d’abord l’apéro à poil.
Océane a écarquillé les yeux.
– Ah, oui ! Carrément !
J’ai haussé les épaules.
– Ce serait encore une idée d’Étienne, ça, que ça m’étonnerait même pas.
Émilie m’a aussitôt reprise.
– Ah, non, non ! Il y est pour rien sur ce coup-là. C’est son Clément en personne qu’a suggéré ça.
– Eh ben dis donc ! Et elle qui était persuadée que jamais il n’accepterait que d’autres types la voient à poil !
– Oui, mais ça, comme on disait l’autre jour, on les connaît jamais vraiment, les mecs.
Ce qu’elle pensait Océane, elle, c’était que de nous avoir vues la recevoir toutes les trois, la fessée, ça lui avait sûrement fait considérer les choses d’un autre œil.
– Et peut-être même que ça lui a donné envie de rajouter un petit plus.
Oui, enfin, la question maintenant, c’était surtout de savoir comment Bérengère allait réagir…
– Faudrait la prévenir ! Et sans tarder. Qu’elle soit pas prise de court.
Elle ne pouvait pas, Océane.
– C’est le coup de feu au magasin en ce moment. Et j’ai déjà pas mal manqué la semaine dernière. Alors !
Émilie non plus.
– Les cours en ce moment, c’est vraiment pas de la tarte. Et si je perds pied…
Il ne me restait plus qu’à me dévouer.
– Mais tu nous raconteras, hein !

Elle m’a accueillie avec un grand sourire.
– Lucile ! Oh, ça me fait plaisir de te voir ! Quel bon vent t’amène ?
Bon vent. Ce n’était pas vraiment le mot.
– Écoute, Bérengère, faut que je te dis un truc. Pour la fessée que Valentin doit te donner, là…
Elle m’a coupé la parole.
– Je sais, oui. Clément m’a dit.
Il lui avait dit quoi ? Que…
– Oui, ça ! Oh, il m’en veut, Clément. Énormément. Faut dire aussi que je le comprends dans un sens. Parce que vu comment je l’ai fait cocu ! J’étais complètement dans ma bulle. Il y avait plus que ça qui comptait : m’envoyer en l’air. Encore et encore. Et je l’ai fait passer pour un con. Je m’en rends bien compte maintenant. Je l’ai humilié. Alors qu’il veuille me rendre la pareille, je peux pas lui en vouloir. Peut-être, sûrement même, que c’est le seul moyen qu’il ait pour arriver à passer l’éponge et à me pardonner. Alors si c’est le prix à payer… Parce que je ne veux qu’une chose, moi maintenant, je n’aspire qu’à une chose, c’est que tout soit oublié, c’est que tout soit à nouveau comme avant entre nous. Comme s’il n’y avait jamais rien eu.
Elle a soupiré.
– Tu comprends ? Je sais pas. C’est pas facile à expliquer. En tout cas, ce qu’il y a de sûr, c’est que ça va pas être une partie de plaisir pour moi. Je vais sacrément morfler. Rien que d’y penser…

Océane, à qui je suis allée, en sortant, rendre aussitôt compte de notre conversation, a haussé les épaules.
– Oui, oh, alors ça, que ce ne soit pas une partie de plaisir pour elle, moi, je n’en suis pas si sûre. Enfin si ! Si ! Évidemment ! Et on aurait l’air d’en douter qu’on la mettrait en fureur. Mais moi, je suis bien persuadée que ce n’est pas si simple et que, même si elle ne l’avouerait et ne se l’avouerait pour rien au monde, tout au fond d’elle-même être humiliée ne lui déplaît pas tant que ça.

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