lundi 28 octobre 2019

Les fantasmes de Lucie (74)




On était pelotonnées l’une contre l’autre.
Elle a murmuré.
– Hou… Comment t’as tapé ! Bien plus fort que les autres fois. C’est un vrai brasier, mon cul !
A souri.
– Mais j’aime bien. Beaucoup. Énormément. Et j’aime bien que tu me laisses la main sur les fesses comme ça, après. Ça me fait me sentir un peu plus à toi encore. J’adore !
Elle s’est redressée sur un coude.
– Je t’encombre pas trop au moins ?
– Bien sûr que non !
– Parce que tous les soirs je suis là, avec toi, maintenant. T’as peut-être pas forcément envie. Tu me le dirais, hein !
– Mais oui !
– Promis ?
– Juré ! Mais faut que je te dise quelque chose…
Elle m’a jeté un regard anxieux.
– Quoi ? C’est grave ?
– Mais non ! T’inquiète pas comme ça ! Non. C’est juste que je suis passée au magasin de sapes, avenue Berlioz, histoire de voir à quoi elles ressemblent ces deux femmes qui ont été à l’origine de ton fantasme.
– Oui. Et alors ?
– Alors on a un peu discuté toutes les trois. Et je leur ai parlé de toi. Elles se souvenaient très bien. Je leur ai dit du coup.
– Tu leur as dit quoi ?
– Que tu leur avais volé une bague.
– T’as pas fait ça !
– Ben si ! Pourquoi ?
– Mais c’est pas vrai !
– Dans ton fantasme, si ! Elles s’en doutaient n’importe comment. Je leur ai même précisé que je t’avais punie pour ça. Une vigoureuse fessée. Ce qui les a manifestement ravies.
– Oh, la honte ! Jamais j’oserai y remettre les pieds, moi, là-dedans, maintenant !
– Il faudra bien pourtant. Parce que je leur ai promis que tu viendrais leur montrer tes fesses. Qu’elles voient que t’as vraiment été punie. Que je leur ai pas raconté des salades. Oh, mais fais pas cette tête catastrophée ! Je leur ai pas dit. Je suis pas idiote.
– Hou ! Tu m’as fait peur !
– Mais j’y suis vraiment allée. Et on a parlé. Pas mal. Longtemps. Des vols entre autres. C’est une véritable plaie pour elles. Surtout les petits objets, comme les bagues justement. Il y a pas de système anti-vol pour ça et ça se dissimule facilement. Alors tu penses bien que j’ai voulu savoir du coup : elles faisaient quoi quand elles en prenaient une sur le fait ? Elles ont haussé les épaules. Qu’est-ce que je voulais qu’elles fassent ? Au début, elles portaient systématiquement plainte. Ce qui n’aboutissait pratiquement jamais. « Et les gendarmes ont fini par être excédés à la longue. Tout juste s’ils nous reprochaient pas de vendre des articles qui se volent facilement. Alors maintenant, nos chapardeuses, on se contente de les sermonner et de les foutre dehors. Avec interdiction de revenir. Mais bon, c’est pas vraiment une solution. » J’ai suggéré : « Et une bonne fessée ? » Ah, ça, elles devaient bien reconnaître qu’elles y avaient pensé et que ça les démangeait souvent. « Mais bon ! Malheureusement, c’est inenvisageable. Ça nous retomberait dessus. » Oui, oh ben moi, j’avais une sœur, c’était plus fort qu’elle. Fallait qu’elle pique. Elle pouvait pas s’empêcher. Je supportais pas. Et je laissais pas passer : elle avait beau avoir trente ans bien sonnés, chaque fois que je m’en rendais compte, je lui en collais une. Et elle avait pas intérêt à broncher, alors là !
– Je vois.
– Je t’ai bien débroussaillé le terrain, avoue ! Et si jamais maintenant tu veux le vivre pour de bon, ton fantasme…
Elle a soupiré.
– Bien sûr que ça me tente ! Bien sûr ! Mais, en même temps, ça me fout une de ces trouilles !
Elle a reposé sa tête sur mon épaule.
– Je verrai. Je te dirai.

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