jeudi 24 octobre 2019

Fessées punitives (26)


Ce qui n’a pas loupé.
Une heure après, elle était là, Bérengère.
– Je te dérange pas ?
– Non. Bien sûr que non. Tu veux un café ?
Elle a ignoré la question. Ou ne l’a pas entendue.
– Tu trouves, toi aussi ?
– Je trouve que quoi ?
– Que j’en ai énormément montré.
– On montre toutes dans ces cas-là. Le moyen de faire autrement ? Ça fait partie de la punition n’importe comment.
– Oui, mais moi, à ce qu’il paraît qu’il y en a qui pensent que je l’ai fait exprès de montrer. Et d’en montrer le plus possible.
– Ton Clément ? Il a pensé exactement la même chose de moi, rappelle-toi !
– Non, pas Clément. Enfin si, oui ! Je lui ai pas demandé, mais oui, lui, forcément. Il nous voit toutes comme ça n’importe comment. Non, mais les autres. Julien, par exemple. Il t’a dit quelque chose, Julien ?
– Que t’étais bien foutue. Ce qui, pour rien te cacher, l’a mis en appétit. Ben, oui ! On pourra jamais empêcher un mec d’être un mec. Ils allaient pas garder leurs yeux dans leurs poches non plus. Tous autant qu’ils sont. Et je suis bien tranquille que le Valentin d’Océane, lui aussi… D’autant qu’il était aux manettes…
– Je sais, oui. Il a pas arrêté de bander tout le temps qu’il me l’a donnée, la fessée. J’ai eu tout du long son truc tout dur contre ma cuisse.
– Ah, tu vois bien ! Et Clément, me dis pas que le soir quand vous êtes rentrés…
– Ben si, oui…
– Et même Étienne, je suis sûre. Il a beau jouer les imperturbables, faire celui qui prend tout ça de haut, tu penses bien qu’une fois réfugié dans sa chambre, il est pas resté les deux mains sagement posées sur les couvertures. Ben, oui, c’est comme ça ! Faut se faire une raison. Après, qu’ils aillent s’imaginer tout un tas de trucs, qu’on fait exprès d’en montrer tant et plus ou je sais pas trop quoi, il faut te dire et te répéter que… et d’un ils auront jamais de certitude absolue là-dessus. Et de deux, que c’est leur problème, pas le nôtre. Le nôtre, c’est de savoir si ces punitions qu’on reçoit sont efficaces ou pas, si elles nous empêchent de courir à la catastrophe ou pas. En ce qui me concerne, la réponse est claire et nette. C’est oui. S’il y avait pas ça, je jouerais jusqu’à notre dernier sou, je me connais. Et il y a belle lurette qu’on serait à la banque de France et dans les pires galères. Sans compter que Julien m’aurait très certainement larguée. Personne n’a envie de vivre dans la misère. Et je serais très probablement à la rue. Alors moi, je les bénis, ces fessées. Et je les veux. Parce qu’il y a qu’elles qui peuvent me recadrer et m’empêcher de rechuter. Quand mes petits démons se manifestent, qu’ils se mettent à insister à tout-va, il me suffit d’y penser, de me dire que, si je flanche, ça va me valoir une humiliante fessée déculottée devant vous et c’est radical : elle me passe aussitôt l’envie d’aller faire un tour au casino ou d’aller craquer des cents et des mille en ligne. Surtout maintenant qu’il a été décidé qu’au moindre faux pas de ma part, ce serait Étienne qui me le ferait. J’aurais bien trop honte avec lui. Rien que d’y penser… Je sais pas pourquoi, mais alors il m’impressionne d’une force, ce type !
– C’est sa façon de regarder peut-être. De te faire te sentir en faute même quand t’as rien fait. Moi aussi, il me met mal à l’aise. N’empêche qu’ils les ont pas choisis au hasard, les binômes, hein ! Ils savaient très bien ce qu’ils faisaient. Parce que moi, comment ça m’a vexée, que ce soit Valentin qui me la donne la fessée ! Depuis le temps qu’on est amies, Océane et moi, tu parles si je le connais, lui ! Et jamais, au grand jamais, je serais allée m’imaginer qu’un jour je me retrouverais les fesses à l’air en travers de ses genoux. Et que ce serait mérité. Non, parce que comment j’ai déconné ! C’est pas possible de déconner comme ça. J’ai honte, tu peux pas savoir ce que j’ai honte. Ah, il a eu de la constance, faut avouer, Clément !
Elle s’est levée.
– Va falloir que j’y aille ! Mais n’empêche…
Elle a repris son sac.
– N’empêche que depuis qu’il y a eu ça, hier, je me sens mille fois plus amoureuse de lui. C’est bizarre, non, tu trouves pas ?
– Oh, non ! Non, c’est pas bizarre, non. Pas du tout.

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