Dessin d’Escobar
Elle s’est
pelotonnée contre moi.
– Merci.
Merci de m’avoir punie. Et puis du reste. De me l’avoir fait. De
m’avoir…
– Baisée ?
Elle s’est pressée
plus fort encore.
– Oui.
– Bon… Et
maintenant si tu me racontais ?
– Si je te
racontais quoi ?
– Quand tu
imagines que t’en reçois des fessées, c’est comment ?
– Humiliant.
Toujours très humiliant.
– Tu aimes ça
que ce le soit, hein !
– Plus ça
l’est et plus j’aime.
– Qui c’est
qui te punit ?
– Oh, plein
de monde. Ça dépend. J’en ai tout un tas des situations dans ma
tête. Je puise dedans. En fonction du moment. De ce qui s’est
passé dans ma journée. De comment je suis lunée.
– La dernière
fois, la toute dernière fois, c’était quand ?
– Hier.
– Tu
racontes ?
– Tu connais
le magasin de sapes, avenue Berlioz ?
– Qui ne le
connaît pas ?
– Dans
l’après-midi, j’y suis passée. J’ai fureté. J’ai fouiné.
J’ai pris tout mon temps. Tellement de temps qu’elles ont fini
par me jeter des regards soupçonneux, la patronne et sa vendeuse.
Toutes les deux. Comment ça m’a mise mal à l’aise ! Je me
sentais coupable, mais coupable ! Comme si j’avais vraiment
quelque chose à me reprocher. T’es idiote, mais t’es vraiment
idiote ! N’empêche qu’il se lisait sur ma figure, mon
mal-être. Et dans toute mon attitude. J’avais beau essayer de me
contrôler, il y avait rien à faire. Tant et si bien que les deux
autres, je le voyais bien, elles étaient de plus en plus
soupçonneuses. Je me suis enfuie, rouge de confusion. Et, une fois à
la maison, j’ai imaginé. J’avais vraiment volé quelque chose.
Une jolie bague. Sur le petit présentoir qu’elles ont près de la
caisse. Elles m’ont arrêtée. Juste au moment où j’allais
sortir. « Pas si vite ! Qu’est-ce tu caches, là ? »
« Rien. Rien du tout, je vous assure ! » « On
va voir ça ! » Elles se sont emparées de mon sac, y ont
presque aussitôt découvert mon larcin. La vendeuse a triomphé.
« Je vous l’avais dit ! Elle a la tête à ça. Et il y
a autre chose, si ça tombe. Oui, il y a sûrement autre chose. »
« On va vérifier, c’est facile. » Et elles m’ont
fouillée. Leurs mains dans mes vêtements, malgré mes
protestations. Sous mes vêtements. Sur moi. Elles n’ont rien
trouvé. « Vous filez ! Je veux plus vous revoir ici. »
La vendeuse s’est scandalisée. « Non, mais vous n’allez
tout de même pas la laisser partir comme ça ! Faut la punir !
Une bonne fessée. Que ça lui serve de leçon » J’ai
protesté. « Ah, non, hein ! Non ! Pas une fessée ! »
Mais elles n’ont rien voulu savoir. « C’est ça ou les
gendarmes. » Elles m’ont forcée à m’agenouiller sur une
chaise, elles m’ont relevée ma robe, baissé ma culotte. La
patronne m’a tenu par les poignets pour m’empêcher de la
rabattre ou de mettre les mains et la vendeuse m’a fouettée. J’ai
crié, je me suis tortillée. Que ça faisait mal ! Mon Dieu,
que ça faisait mal ! Il y a des gens qui sont entrés. Des
clients. Une femme. Et puis un couple. Qui se sont approchés. Qui
ont regardé. Qui ont ri. Et fait tout un tas de réflexions. L’homme
surtout. Comment j’avais honte !
– Et comment
t’aimais ça, avoir honte ! Parce que rien que d’en parler,
de raconter, t’es toute trempée…
Elle a souri, m’a
glissé une main entre les cuisses.
– Toi aussi !
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