jeudi 8 novembre 2018

Les fessées de Blanche (1)



Sylvain, son fidèle cocher-palefrenier, l’aide à descendre de cheval.
– Merci.
Il lui prend les rênes des mains, entraîne Flamboyant vers l’écurie.
– Ah, oui, j’oubliais, Sylvain. Vous pourrez atteler cet après-midi ? J’ai à sortir.
– Mais certainement, Mademoiselle Blanche…
Elle sourit intérieurement : il n’a jamais pu se résoudre à l’appeler Madame.

– Place Clichy…
Il fouette.
Il faut absolument qu’elle y aille. Qu’elle règle le problème de vive voix. Qu’elle convainque Gontran de cesser de lui adresser ces lettres enflammées qui lui font courir des risques insensés. Ces lettres que Pierre finira nécessairement, un jour ou l’autre, par intercepter. Avec toutes les conséquences que cela ne manquera pas d’avoir. Elle soupire. C’était folie ce soir-là. Pure folie. Vingt ans ! Un gamin qui a la moitié de son âge ! Un moment d’égarement qu’elle regrette amèrement. Il faut qu’il le comprenne et qu’il tire, lui aussi, définitivement un trait sur ce qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Qui n’a jamais vraiment eu lieu.

– J’en ai pour cinq minutes, Sylvain. Attendez-moi là…
Elle gravit l’escalier. Elle sonne. Son pas. La porte. Il n’en croit pas ses yeux.
– Vous, Blanche ! Toi !
Il veut la prendre dans ses bras. Elle le repousse doucement.
– Non ! Attends ! Il faut qu’on parle.
– Après ! Après ! Tu es là. Je l’ai tellement attendu ce moment.
Et il lui couvre les cheveux, le front, les paupières de baisers.
– Gontran…
Les lèvres, le cou.
– Tu es fou…
Mais elle s’abandonne contre lui. Elle laisse aller sa tête contre son épaule. Il y a son désir dressé contre son ventre.
– Gontran…
Et c’est elle qui cherche ses lèvres.
– Gontran…
Ils chavirent ensemble sur le lit.
Il se fait pressant. Passionné. Il s’enivre d’elle. De ses seins. De ses fesses. De ses liqueurs intimes.
Et elle s’abandonne. Et elle s’ouvre toute grande pour lui. Et son plaisir la submerge. En longs sanglots d’un bonheur éperdu.

Elle reprend son souffle, blottie contre lui. Elle lui caresse l’épaule, du bout du pouce.
– Je ne reviendrai pas, Gontran. Il ne faut pas. Il ne faut plus…
– Hein ? Mais pourquoi ?
– Je suis mariée.
– Il te délaisse.
– C’est trop dangereux.
– Mais il ne saura pas. Il ne saura jamais.
Et il la couvre de baisers.
Elle le repousse.
– Non, Gontran, non !
Mais il veut. Tellement. Mais elle veut aussi.
Et il est à nouveau en elle. Et elle suffoque de plaisir.

Cinq heures.
Elle est folle. Complètement folle.
Elle s’habille en toute hâte.
– Tu reviendras ?
Elle reviendra.
En bas, Sylvain est là. Qui l’attend.

4 commentaires:

  1. Cocher-palefrenier.. Un métier qui rapporte sans doute xDD

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  2. Aujourd’hui ce serait chauffeur-mécanicien, dont les chances sont pareilles avec une telle patronne...

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  3. Oui, mais le contexte de l'époque et le contexte actuel ne sont pas du tout comparables (relativement à la fessée)

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