mardi 1 mars 2016

Mystérieuse fessée (7)

– Tu l’apprends par cœur ?
Ça faisait un quart d’heure qu’il m’examinait le derrière sous toutes les coutures Patrice… Qu’il scrutait… Qu’il palpait… Qu’il pinçotait…
– Non… Je réfléchis…
– Et c’est mon cul qui t’inspire ?
– Dans un sens, oui… Parce que je suis en train de me demander un truc…
– C’est quoi ?
– Tu vas hurler…
– Dis toujours !
– Et si c’était Daphné ?
– Derrière toute cette histoire ? Non, mais t’es pas bien ! Daphné, c’est vraiment la dernière personne que j’irais soupçonner d’une chose pareille…
– Ben, justement ! Raison de plus. Ça lui laisse les coudées franches…
– Pourquoi elle irait faire ça ? Il y a aucune espèce de raison…
– Pour le plaisir de tirer les ficelles sans que personne se doute de quoi que ce soit…
– Faudrait être particulièrement tordue…
– Elle l’est peut-être…
– Je m’en serais rendu compte depuis le temps…
– Pas si elle est vraiment très douée…
– Bon, mais tu vas me les tripoter longtemps les fesses ?
– T’aimes bien d’habitude…
– Parce que d’habitude tu t’y prends pas comme ça… Là, j’ai l’impression d’être chez le toubib…
– Penses-y quand même à ce que je viens de te dire…
– J’y penserai, oui… Mais franchement, je la vois pas du tout dans le rôle…
– Tu connais Basile Lemoine ?
– Non… Qui c’est ?
– Un type qu’a fait ses études avec elle… On a bu un coup ensemble hier soir tous les deux…
– T’es pas allé lui raconter que je me suis ramassé des fessées au moins ?
– Bien sûr que non ! Je suis pas complètement idiot…
– Et alors ? Ce Basile ?
– A un frère, Sébastien, qui est sorti, il y a des années, avec une copine à Daphné… Il y avait des hauts… Il y avait des bas… Et souvent de l’eau dans le gaz…
– Oui, ben ça, comme tout le monde…
– Daphné a voulu s’en mêler… Les rabibocher… Et, à l’un comme à l’autre, elle s’est mise à prêcher les vertus de la fessée : il n’y avait rien de tel pour cimenter un couple… Ça le faisait sortir des sentiers battus… Ça le rendait très complice… Sébastien, lui, ne voyait pas vraiment d’inconvénient à tenter l’expérience… Si ça marchait, tant mieux… Et si ça ne marchait pas, tant pis : au moins ils auraient essayé… Mais bon, Sébastien, lui, il avait le beau rôle. La copine, elle, par contre, elle n’était pas chaude… Se laisser tambouriner le derrière, fût-ce par son petit ami, ne la tentait pas vraiment… Elle était malgré tout prête à sauter le pas si ça devait sauver son couple… À condition d’avoir la certitude qu’il y aurait des résultats à la clef… Pas question de se prêter à ça si le succès n’était pas au rendez-vous… Et Daphné de dépenser des trésors de persuasion pour la convaincre… Mais bien sûr que ça marchait ! Bien sûr ! Et de lui citer des exemples en pagaille… Sans pour autant parvenir à la décider vraiment… Elle ne se décourageait pas, revenait constamment à la charge… C’en était devenu carrément persécutif… Tant et si bien que, de guerre lasse, ils ont fini par lui laisser croire qu’ils avaient suivi ses judicieux conseils… Ils n’en ont pas été quittes pour autant… Elle voulait savoir comment ils procédaient… À quelle fréquence ça avait lieu… S’ils baisaient après, etc. Sans doute a-t-elle fini par soupçonner qu’ils la menaient en bateau parce qu’elle s’est mise à vouloir que la copine lui montre son postérieur… Soi-disant pour se rendre compte si elles étaient assez appuyées les fessées… C’était indispensable… Si on voulait que ce soit vraiment efficace… Et au bout du compte, de fil en aiguille, tout ce joli monde a fini par se brouiller à mort…
– Tu crois vraiment que ça peut être elle ? Qu’elle serait allée me faire un truc pareil ?
– On ne peut pas ne pas se poser la question, moi, j’trouve !
– J’arrive pas à y croire…
– C’est quelque chose qu’a l’air de l’obséder en tout cas…
– Mais de là à aller imaginer quelque chose d’aussi machiavélique…
– Oh, alors ça, tu sais !
– N’empêche… N’empêche… Maintenant que j’y pense, il y a plein de trucs qui me reviennent… Des réflexions… Des attitudes… Plein de choses…
Et j’ai éclaté en sanglots…
– Pleure pas, va !
– Je lui faisais confiance, moi ! Et elle…
– C’est pas non plus absolument certain…
– Oui, oh, tu parles ! La garce ! Non, mais quelle garce ! Ah, elle veut jouer ? Eh bien on va jouer…

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