jeudi 10 mars 2016

Escobarines: Carte bleue (2)

– Vous l’avez retirée alors votre plainte maintenant ?
– Pas encore, non… Et je ne le ferai pas tant que je ne me serai pas intégralement remboursée…
– Ce sera quand ?
– Si j’ampute, chaque mois, le salaire de l’une et de l’autre de 500 euros, dans quatre mois vous êtes quittes…
– 500 euros ! Va pas nous rester grand-chose !
– Vous n’aurez qu’à vous restreindre un peu sur les fringues, le maquillage et autres fantaisies…
– Même ! Il y a tout le reste à payer… La bouffe… Le loyer… L’électricité… J’y arriverai jamais, moi ! C’est pas possible…
– Ni moi non plus !
– Je veux bien me montrer conciliante… 250 euros… Sur huit mois… Mais avec une bonne petite fessée à la clef, à chaque échéance…
– Oh, non ! Pas encore la fessée !
– C’est à prendre ou à laisser… À vous de voir…

– Pour ce que vous nous avez dit hier…
– Oui ?
– On préfère quand même les 250 euros… Seulement… S’il vous plaît, vous taperez pas trop fort, hein ? Pas comme la dernière fois… Et le lundi vous nous le ferez plutôt…
– Le lundi ? Pourquoi le lundi ?
– Que ça ait le temps de disparaître avant le vendredi soir… Parce que le week-end on sort… Et que lever un mec quand on a les fesses toutes rouges, c’est pas possible… Ce serait trop la honte…
– Vous vous croyez vraiment en situation d’imposer vos conditions ?
– Ben, non, mais…
– Eh, bien alors ! Je taperai aussi fort que cela me paraîtra nécessaire et au moment où moi, je l’aurai décidé… Est-ce que c’est clair ?
– Oui…

– Bon… Mais si vous me racontiez un peu toutes les deux… C’est souvent ?
– Quoi donc ?
– Que vous vous ramenez un mec – comme vous dites – le vendredi soir…
– Ah… Oh, encore assez, oui… Et pas seulement le vendredi… Le samedi aussi des fois un autre… Ça dépend de ce qu’il y a sur le marché… Mais enfin faut bien reconnaître que, le plus souvent, on trouve… Ben, oui… On est jeunes, hein ! Alors si on en profite pas maintenant…

– On est le trente… Et on est vendredi… Ça tombe plutôt mal pour vous…
– Ça peut pas attendre lundi ? Oh, M’dame Robin ! S’il vous plaît !
– Vous vous taisez… Vous vous déshabillez… Et vite ! J’ai pas que ça à faire… Allez ! Allez! Parce que plus vous allez traîner et plus ça va tomber dru… Là ! Eh, ben voilà… Vous êtes sacrément bien fichues quand même toutes les deux… Pas étonnant qu’on vous tourne autant autour…
– Les plus punis, ça va être les garçons, hein ! Et c’est pas juste… Parce que c’est pas de leur faute tout ça… Ils y sont pour rien…
– Bon… Pour cette fois…
– Vous allez passer l’éponge… Chouette !
– Certainement pas, non ! Il n’en est pas question… Non… On va couper la poire en deux… Il y en a une qui va la recevoir maintenant sa fessée et l’autre lundi matin…
– Laquelle ?
– À vous de décider…
– Oui, ben ça va être Camille maintenant alors !
– Et pourquoi moi ?
– Parce que… Qui c’est qu’a eu l’idée de lui relever les numéros de sa carte à Madame Robin ?
– Oh, l’autre ! Mais c’est en rigolant que j’avais dit ça… Vu qu’elle l’avait laissée traîner… Et toi, tout de suite, t’as sauté sur l’occasion… Qui c’est qui l’a acheté le premier truc ?
– Oui, oh, tu parles ! Un CD à 15 euros…
– N’empêche que c’est toi qu’as commencé…
– Et que tu t’es engouffrée à fond dans la brèche… Si on faisait les comptes…
– Eh bien ?
– Deux fois plus que moi t’en as piqué, je suis sûre…
– Oui, oh, alors là, je suis bien tranquille… Si on vérifiait…
– Oh, mais c’est quand tu veux…
– J’apprends tout un tas de choses très intéressantes, dites donc, là, les filles ! C’est passionnant… Mais faudrait quand même que vous vous décidiez… Sinon c’est toutes les deux que vous allez y attraper maintenant…
– Ce serait idiot…
– Je te le fais pas dire…
– On tire au sort ?
– Allez ! Pile, c’est toi… Face, c’est moi… Pile !
– Évidemment, fallait s’y attendre !
– Irina, alors ? Bon, ben viens là ! Oh, mais Camille te racontera sa soirée, va ! T’auras pas tout perdu…

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