jeudi 3 octobre 2013

La passion de Madame la Directrice ( 6 )



– T’as des idées ? De trucs à lui raconter… T’as des idées ?
– C’est pas ça qui me manque…
– Et… on peut savoir ?
– Quand ce sera au point…
– Faudrait quand même pas vous cantonner à ça tous les deux… Faudrait que tu la fasses parler d’elle… Que tu lui parles de toi… Que ça lui donne envie de te rencontrer… Parce que sinon dans six mois on en est toujours au même point…



– Ça y est ? Tu lui as écrit ? C’est vrai ? Lis-moi ça… Attends… Attends… Je m’installe… Là… Vas-y !
– " N'allez pas vous imaginer, ma chère Martina, que j'aie passé ma vie – et que je la passe encore – à distribuer des fessées à droite et à gauche… Non… C'est un domaine dans lequel, je l'avoue, j'ai tendance à être très sélectif… Peut-être plus que de raison…"
– Très bien ça… Très très bien… Ça va forcément lui donner envie de faire partie de la sélection…
– " Si bien que les trois ou quatre femmes – pas plus – que j'ai eu l'occasion de fesser m'ont toutes laissé un souvenir impérissable… Ainsi Stéphanie par exemple… Stéphanie, c’était une amie de Marielle, ma compagne de l’époque… Elle était mariée à Luc, un grand brun qui avait toujours le mot pour rire… Nos deux couples avaient sympathisé et nous sortions souvent ensemble ( restaurant, cinéma, etc… ) Nous avions même partagé, cette année-là, trois très agréables semaines de vacances sur un camping de la côte atlantique… Et c’est au retour de ce séjour que… un beau matin… « C’est moi… C’est Luc… Je peux te demander un service ? » Il pouvait… Bien sûr qu’il pouvait… « Je suis coincé au boulot, là… Je peux pas bouger… Une réunion avec les grands pontes… Le problème, c’est qu’il y a un dossier essentiel sur lequel on est amenés à travailler qu’est resté à la maison… Alors je te dis pas comment je vais me faire taper sur les doigts… » « Et tu voudrais que j’aille te le chercher, c’est ça ? » « Si ça t’ennuie pas, oui… Je sais que toi, le mardi, tu bosses pas… Parce que ça fait une heure que j’essaie d’avoir Stéphanie… Sur le fixe… Sur son portable… Ça répond jamais… Elle a dû encore filer passer la matinée je ne sais où… » « Bon, ben j’y vais… » « Merci… Il est bien en évidence sur le petit meuble à côté de la télé… Un dossier bleu… Tu peux pas te tromper… Passe par derrière… Par la cave… Tu sais où est la clef… » Je savais, oui… Sous l’escalier extérieur… Entre une boîte d’engrais à rosiers et une autre d’anti-limaces… Je suis monté… Direction la salle de séjour… J’en ai poussé la porte… Et là ! Là ! Me tournant le dos, le casque vissé sur les oreilles, entièrement nue, échevelée, Stéphanie dansait… Seule à seule avec elle-même… Hors du monde… Hors du temps… »
– Elle devait l’avoir à fond la musique… Pour pas entendre le téléphone… Ni t’entendre arriver…
– Je te rappelle quand même que c’est une histoire et que…
– Oui, je sais… Je sais… C’est bon… Vas-y ! Continue…
– « Elle dansait… Dansait… Et moi, je la regardais… Je fixais sa croupe, médusé, stupéfait… Parce qu’à l’évidence elle s’était ramassé une fessée… Et une belle ! Qui lui avait laissé de sacrées marques… Dont je ne parvenais pas à détacher les yeux… Stéphanie ! Si j’avais pensé… Imaginé… Et qui est-ce qui ? Luc ? Je le voyais pas vraiment dans le rôle… Mais alors qui ? J’en étais là de mes interrogations quand elle s’est soudainement retournée… Un hurlement… Le casque qui voltige… La fuite… Vers la chambre à coucher… Dont elle est revenue, quelques courts instants plus tard, enveloppée dans un peignoir à fleurs dont elle finissait de nouer la ceinture… « Mais enfin… tu peux me dire ce que tu fais là ? » J’ai expliqué… Le dossier… Le téléphone qui répond pas… Le dossier… Qu’il fallait absolument que je porte à Luc d’ailleurs… Sans tarder… Il devait l’attendre… Elle me l’a tendu… « Je suis désolé… Je pouvais pas savoir… » « Tu pouvais pas, non… Ni moi non plus… Mais… » « Oui ? » Elle a hésité… « Je peux compter sur toi ? Tu diras rien ? Parce qu’il est pas au courant Luc… Et je voudrais pas qu’il sache… Pour rien au monde… » « Tu as ma parole… » « Merci… »
– Et tu la laisses en suspens à ce moment-là notre Martina, je parie…
– Exactement…
– Génial… Je t’adore… Si ça marche notre truc tu pourras me demander tout ce que tu veux…
– Vraiment tout ?
– Oui… Enfin presque…      

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