– T’as des idées ? De trucs à lui raconter… T’as des
idées ?
– C’est pas ça qui me manque…
– Et… on peut savoir ?
– Quand ce sera au point…
– Faudrait quand même pas vous cantonner à ça tous les deux…
Faudrait que tu la fasses parler d’elle… Que tu lui parles de toi… Que ça lui
donne envie de te rencontrer… Parce que sinon dans six mois on en est toujours
au même point…
– Ça y est ? Tu lui as écrit ? C’est
vrai ? Lis-moi ça… Attends… Attends… Je m’installe… Là… Vas-y !
– " N'allez pas vous imaginer, ma chère
Martina, que j'aie passé ma vie – et que je la passe encore – à distribuer
des fessées à droite et à gauche… Non… C'est un domaine dans lequel, je l'avoue,
j'ai tendance à être très sélectif… Peut-être plus que de raison…"
– Très bien ça… Très très bien… Ça va forcément lui
donner envie de faire partie de la sélection…
– " Si bien que les trois ou quatre
femmes – pas plus – que j'ai eu l'occasion de fesser m'ont toutes
laissé un souvenir impérissable… Ainsi Stéphanie par exemple… Stéphanie, c’était
une amie de Marielle, ma compagne de l’époque… Elle était mariée à Luc, un
grand brun qui avait toujours le mot pour rire… Nos deux couples avaient sympathisé
et nous sortions souvent ensemble ( restaurant, cinéma, etc… ) Nous
avions même partagé, cette année-là, trois très agréables semaines de vacances
sur un camping de la côte atlantique… Et c’est au retour de ce séjour que… un
beau matin… « C’est moi… C’est Luc… Je peux te demander un
service ? » Il pouvait… Bien sûr qu’il pouvait… « Je suis coincé
au boulot, là… Je peux pas bouger… Une réunion avec les grands pontes… Le
problème, c’est qu’il y a un dossier essentiel sur lequel on est amenés à travailler
qu’est resté à la maison… Alors je te dis pas comment je vais me faire taper
sur les doigts… » « Et tu voudrais que j’aille te le chercher, c’est
ça ? » « Si ça t’ennuie pas, oui… Je sais que toi, le mardi, tu
bosses pas… Parce que ça fait une heure que j’essaie d’avoir Stéphanie… Sur le
fixe… Sur son portable… Ça répond jamais… Elle a dû encore filer passer la
matinée je ne sais où… » « Bon, ben j’y vais… » « Merci… Il
est bien en évidence sur le petit meuble à côté de la télé… Un dossier bleu… Tu
peux pas te tromper… Passe par derrière… Par la cave… Tu sais où est la clef… »
Je savais, oui… Sous l’escalier extérieur… Entre une boîte d’engrais à rosiers
et une autre d’anti-limaces… Je suis monté… Direction la salle de séjour… J’en
ai poussé la porte… Et là ! Là ! Me tournant le dos, le casque vissé
sur les oreilles, entièrement nue, échevelée, Stéphanie dansait… Seule à
seule avec elle-même… Hors du monde… Hors du temps… »
– Elle devait l’avoir à fond la musique… Pour pas entendre
le téléphone… Ni t’entendre arriver…
– Je te rappelle quand même que c’est une histoire et
que…
– Oui, je sais… Je sais… C’est bon… Vas-y !
Continue…
– « Elle dansait… Dansait… Et moi, je la
regardais… Je fixais sa croupe, médusé, stupéfait… Parce qu’à l’évidence elle s’était
ramassé une fessée… Et une belle ! Qui lui avait laissé de sacrées marques…
Dont je ne parvenais pas à détacher les yeux… Stéphanie ! Si j’avais pensé…
Imaginé… Et qui est-ce qui ? Luc ? Je le voyais pas vraiment dans le
rôle… Mais alors qui ? J’en étais là de mes interrogations quand elle s’est
soudainement retournée… Un hurlement… Le casque qui voltige… La fuite… Vers la
chambre à coucher… Dont elle est revenue, quelques courts instants plus tard, enveloppée
dans un peignoir à fleurs dont elle finissait de nouer la ceinture… « Mais
enfin… tu peux me dire ce que tu fais là ? » J’ai expliqué… Le
dossier… Le téléphone qui répond pas… Le dossier… Qu’il fallait absolument que
je porte à Luc d’ailleurs… Sans tarder… Il devait l’attendre… Elle me l’a tendu…
« Je suis désolé… Je pouvais pas savoir… » « Tu pouvais pas, non…
Ni moi non plus… Mais… » « Oui ? » Elle a hésité… « Je
peux compter sur toi ? Tu diras rien ? Parce qu’il est pas au courant
Luc… Et je voudrais pas qu’il sache… Pour rien au monde… » « Tu as ma
parole… » « Merci… »
– Et tu la laisses en suspens à ce moment-là notre Martina,
je parie…
– Exactement…
– Génial… Je t’adore… Si ça marche notre truc tu
pourras me demander tout ce que tu veux…
– Vraiment tout ?
– Oui… Enfin presque…
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