– « Alors ainsi vous aussi, mon cher Oteka… Vous
aussi, vous faites partie du club des divorcés… »
– Je te l’avais dit que c’était primordial, ça, pour
elle, de savoir où t’en étais de ta vie sentimentale… Je te l’avais pas
dit ?
– « En ce qui me concerne ça fera quinze ans le
mois prochain… C’est moi qui ai pris la décision – reconnaissez que, dans
ce genre de situation, ce sont quasiment toujours les femmes qui tranchent dans
le vif – une décision que je ne regrette absolument pas… Que je n’ai
jamais regrettée… C’était devenu parfaitement invivable… La faute à qui ?
Sur le moment j’étais persuadée que c’était la sienne… Il était terriblement
égocentré, ne faisait pas le moindre effort, etc… Mais, avec le recul, j’ai vu
les choses de façon beaucoup plus nuancée… Il y allait tout autant de ma
responsabilité que de la sienne… Notre grand tort, à tous les deux, ça a été de
ne pas accepter tout simplement l’autre tel qu’il était… De vouloir à toute
force le rendre conforme à notre attente… Et ça… il y a rien de pire… Reste que
si ce divorce est sans doute, au bout du compte, l’une des meilleures choses
qui me soient arrivées il n’a pas été non plus sans conséquences négatives… J’hésite
énormément, depuis, à m’aventurer dans quelque relation sentimentale sérieuse
que ce soit… Peut-être suis-je devenue trop exigeante, mais j’avoue ne pas
avoir jusqu’ici rencontré celui avec qui j’aurais envie de retenter l’aventure
de la vie commune… Je ne désespère toutefois pas – je suis
incorrigible, hein – de rencontrer la perle rare… celui avec qui je
pourrais enfin tout partager… jusqu’aux délices de la fessée… »
– Si c’est pas un appel du pied, ça !
– « En attendant vous savez que votre récit m’a
– c’est le cas de le dire – heurtée de plein fouet ? Qu’il me
parle énormément… Pourquoi ? Parce que j’en suis pour le moment, réduite,
moi aussi, à me corriger toute seule… Tout comme votre Stéphanie… »
– Elle y vient… Elle y vient… Tu vois comme elle avance
ses pions ? Comme elle te tend, mine de rien, la perche… Cette fois elle
est prise dans nos filets… Elle est vraiment prise dans nos filets…
– « Bien sûr – et ne fût-ce que sur le
site – il y a des types à la pelle qui ne demanderaient pas mieux que de
me rendre le service de me flanquer la fessée… Mais… Mais ce n’est pas une
fessée à l’état brut que je cherche… Comme suspendue en l’air… Sans rien qui la
raccroche à rien… J’ai besoin qu’elle soit préparée… Amenée… Qu’elle se noue,
en moi, à toutes sortes d’attentes et de souvenirs… Et ça, ça ne s’improvise pas
du jour au lendemain… Il faut qu’il y ait d’abord eu des échanges nombreux…
Qu’un courant soit passé… Qu’une complicité se soit instaurée… Et je peux vous
assurer, d’expérience, que ce n’est pas aussi fréquent qu’on pourrait le
croire… »
– Tu lis entre les lignes, là, hein, j’espère ?!
– « Alors… Eh bien alors – ce n’est, je l’espère,
que transitoire – mais je me débrouille, pour l’instant, toute seule… Avec
mon imagination… Mes fantasmes… Et je me sens, du coup, très proche de votre
Stéphanie… D’autant plus proche que ma hantise c’est – ça a toujours
été – d’être découverte, que, par un malheureux concours de circonstances,
on en vienne à savoir… C’est ce qui lui est arrivé à elle… Et je peux vous
assurer que, pour rien au monde, je n’aurais
voulu être à sa place… Ah, non alors ! »
– C’est pourtant ce qui t’attend, ma chérie, et dans
des conditions dont tu me diras des nouvelles…
– « Qu’est-ce qu’elle a pu éprouver ?
Ressentir en se voyant comme ça percée à jour… Surprise en flagrant délit…
Je n’arrête pas, depuis que je vous ai lu, de me poser la question… Une
question à laquelle j’espère bien n’avoir jamais vraiment de réponse… Parce que
ça voudrait dire… Et rien que d’y penser… »
– Oh, mais tu l’auras la réponse… Fais-nous confiance…
Tu l’auras… Et bien plus tôt que tu ne l’imagines…
– Quelle garce ! Non, Mais alors là quelle garce !
– Qu’est-ce qui t’arrive ? Qu’est-ce qu’elle t’a
fait ?
– Des réflexions… Devant tous les collègues… Sur ma façon de
m’habiller… Qu’elle me rappelait quand même que j’étais amené à être en contact
avec la clientèle… Et que ma tenue laissait à désirer… « C’est le moins qu’on
puisse dire… Déjà que question rendement c’est pas ça qu’est ça… Ah, quand vous
revenez de la réserve en poussant une palette vous risquez pas de vous faire
flasher par un radar… » Ça les a fait rigoler les autres… Oh, mais j’ai
pas dit mon dernier mot… Bouge pas que je vais le contacter le syndicat… Et me
renseigner… Parce qu’il manquerait plus que ça maintenant que les patrons se
mettent à nous dire comment on doit s’habiller…
– Laisse tomber…
– Oui, ben sûrement pas… Alors là…
– Laisse tomber, j’te dis ! D’ici quelques
semaines tu l’auras ta vengeance… Et moi avec… En attendant mate-lui le cul…
Mate-lui le cul tant que tu peux et dis-toi que ce que tu vas lui mettre elle
est pas près de l’oublier…
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