– Coucou, Martial… C’est moi,
Lucie… Une petite tchatche… ça vous dit ?
– Avec vous toujours…
– Merci… C’est gentil…
– Je ne vous demande pas de quoi
vous voulez qu’on discute… De la même chose que d’habitude, je suppose ?
De fessée…
– Vous moquez pas ! Il y a
qu’avec vous que je peux parler de ça…
– Et c’est un sujet qui vous tient
à cœur… C’est le moins qu’on puisse dire…
– Trop… Il y a des jours penser à
autre chose je peux pas… J’y arrive pas…
– Vous vous l’êtes donnée
aujourd’hui ?
– Deux fois…
– En pensant à quoi ?
– Ce fantasme, là, vous savez bien…
– Oui… Une chambre d’hôtel… Vous êtes à
genoux sur le lit, les fesses à l’air… Jamais vous l’avez vu le type… Vous le
connaissez pas… Il vous fait attendre… Longtemps… Et puis il finit par entrer…
Sans un mot, sans un bonjour, rien, il vous flanque une magistrale correction
au martinet… Et il repart comme il est venu… Vous le reverrez jamais…
– C’est ça… C’est exactement ça… Et
pendant toute la scène je me retourne pas… Pas une seule fois… Jamais… Savoir à
quoi il ressemble je veux pas… Je veux surtout pas… Ça gâcherait tout… C’est de
la folie cette scène… Sans arrêt je me la repasse… Sans arrêt…
– Au point que souvent, le soir, vous
attendez que votre mari soit profondément endormi et que vous allez vous
réfugier discrètement dans la salle de bains où… toute seule avec vous-même…
– Comment vous le savez ?
– C’est pas bien difficile à
deviner… Et il vous est jamais venu à l’idée…
– Qu’un jour ou l’autre il pourrait
me prendre en flagrant délit ? Si ! Bien sûr que si… Oui, ben alors
là vaudrait mieux pas… Parce qu’il est pas du tout, mais alors là pas du tout,
du genre à apprécier… Il y a que de lui que je peux avoir mon plaisir… Et de
personne d’autre… Même pas de moi…
– Il réagirait comment ?
– Ça, j’en sais rien du tout… Et je
préfère pas savoir…
– D’autant qu’il risquerait de
découvrir, dans la foulée, à quelle rougissante activité vous vous livrez…
– « JE » me livre ?
Il n’en croirait pas un mot et n’aurait de cesse qu’il ne m’ait fait avouer le
nom de mon supposé complice…
– Peut-être qu’un jour…
– Oui ?
– Il y en aura un… Peut-être qu’un
jour vous éprouverez un tel désir que ce fantasme devienne réalité…
– Vous croyez que je n’y ai pas
pensé ?
– Oh, que si ! Vous ne cessez
pas d’en rêver… Et il suffirait de si peu de chose pour que vous vous décidiez
enfin à sauter le pas…
– Vous ne croyez pas si bien dire…
Si je m’écoutais…
– Si vous vous écoutiez ?
– Non… Rien…
– Mais si ! Dites…
– Vous
savez pertinemment…
– Je sais quoi ? Que depuis
que nous dialoguons vous caressez le secret espoir que je finirai bien par être,
un jour, cet anonyme de l’hôtel ?
– Pas depuis que nous dialoguons,
non… C’est plus récent…
– Ça a vraiment une importance ?
– Non… Aucune…
– Eh bien alors ! Nous savons,
l’un comme l’autre, ce qu’il nous reste à faire…
– J’ai peur…
– Il y a aucune espèce de raison…
– Oui, mais alors… vous vous en
tiendrez scrupuleusement à ce qui aura été décidé… vous me promettez ?
– Vous avez ma parole…
– Vous ne chercherez pas à voir mon
visage… Sous aucun prétexte… Et vous quitterez la chambre au dernier coup de
martinet… On est bien d’accord ?
– On est d’accord… Vous pouvez compter
sur moi…
– Alors demain… Je vous enverrai un
mail… Pour vous dire où et quand…
– Vous m’avez menti… Vous êtes
toujours là… Je vous entends respirer… Vous êtes revenu…
– Mais oui, ma chère femme, oui… Je suis
revenu… Je ne voulais pas manquer le clou du spectacle… Et j’avoue que je ne suis
pas déçu…
– C’est toi, Damien ?! C’est
pas vrai que c’est toi… Tu m’as trompée… Tu t’es moquée de moi…
– C’est moi, oui… Mais t’arrête pas
en si bon chemin… Continue ! Continue ! Que je voie comment tu jouis
après une bonne fessée… Après on aura à parler tous les deux… Et on aura plein
de choses à se dire…
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