– Allo… Vincent ? C’est moi !
Alexandra…
– Alexandra ! Depuis le
temps ! Ça fait plaisir de t’entendre… Qu’est-ce que tu deviens ?
– Oh, ça va… Bien… Plutôt bien…
Dis-moi… Je pourrais pas passer te voir ? Je serai dans ton coin ce weekend…
Et je te présenterai mon nouveau petit copain comme ça… Tu verras : il est
adorable…
– Avec grand plaisir… T’arriverais
quand ?
– Vendredi soir… Si ça te va, bien
sûr…
– Pas de problème… Je vous attends
pour dîner…
Alexandra avait été, étudiante, ma voisine
deux ans durant… Une voisine qui me sollicitait beaucoup… D’abord parce que mes
connaissances en anglais lui étaient fort utiles quand elle se perdait dans les
méandres d’un article scientifique américain… Et ensuite parce qu’il lui
arrivait, vivant seule, d’être prise, la nuit, de véritables crises de panique
et qu’elle venait alors me demander une hospitalité que je lui accordais bien
volontiers… Elle avait également pris l’habitude de me faire ses confidences ou
de solliciter mon avis sur une relation sentimentale balbutiante… Quand elle
avait déménagé – fort loin – nous avions gardé quelque temps le
contact et puis, comme c’est souvent le cas dans ce genre de situation, nous
nous étions progressivement perdus de vue… Aussi étais-je ravi de la revoir…
– Que je suis contente !
– Et moi donc !
Le repas fut animé et consacré, pour
l’essentiel, à l’évocation de nos souvenirs… Elle parlait beaucoup, buvait tout
autant… Au point que son Lucas, un garçon pourtant fort taciturne, lui en fit à
plusieurs reprises la remarque…
– Bois pas trop, Alex… Tu sais que
tu tiens pas la mer…
Elle n’en tint aucun compte tant et si
bien que, quand ils montèrent se coucher, elle était passablement éméchée et se
mit aussitôt, la porte à peine refermée, à l’accabler de reproches… Non, mais
comment il s’était comporté ! Il tirait une gueule à table, mais une
gueule ! Et cette façon qu’il avait eue de la reprendre sans arrêt devant
moi !
– C’était pas sans arrêt…
– Ah, non ! Ben je sais pas ce
qu’il te faut… Oh, et puis ferme-la, tiens, tu m’agaces…
S’ensuivirent toutes sortes de
reproches… Il passait les trois quarts de son temps avec ses copains… Lui
laissait tout faire à la maison… Etc… Etc… Quand ça s’est calmé il était pas
loin d’une heure du matin… Et une heure et demie quand elle a remis ça… Et sa
Vanessa ? Il la voyait encore… Elle était sûre qu’il la voyait encore… Que
c’était pas fini…
– Laisse-moi dormir…
Elle l’a abreuvé d’injures… Plus d’une
heure durant… Quelques instants de répit et c’est reparti de plus belle… Toute
la nuit… Quasiment toute la nuit…
Au matin il s’était enfui…
– J’m’en fous ! C’est un con…
Ça aurait pas duré n’importe comment…
– Et à part ça… tu n’as rien à me
dire ?
– Si ! Oui… Je suis désolée…
Pour cette nuit… Je suis désolée…
– Tu peux… Ah, tu peux… C’est
inqualifiable la façon dont tu t’es comportée… Absolument inqualifiable… Je
travaille, moi ! J’ai besoin de me reposer… Et je peux te dire que si je m’étais
écouté ! Vingt fois j’ai failli descendre…
– Il fallait… Ça m’aurait arrêtée…
– Valait mieux pas… Parce que dans
l’état d’esprit où j’étais c’est une fessée que tu te serais ramassée… Et carabinée…
Ç’aurait été amplement mérité, avoue ! Non ?
Elle m’a jeté un bref regard… A hésité…
– Si ! Dans un sens, si !
– Il n’est pas trop tard…
Je lui ai soulevé le menton du bout du
doigt…
– Pourquoi t’es comme ça ?
Hein ? Pourquoi ? Déjà là-bas… À l’époque…
Les larmes lui sont montées aux yeux…
– C’est plus fort que moi… Chaque
fois c’est pareil… J’ai beau le savoir… Me promettre de pas recommencer… Je détruis
tout autour de moi… Je saccage systématiquement tout… Je l’ai perdu, là, Lucas…
C’est clair que je l’ai perdu… Même toi… T’aurais toutes les raisons de m’en
vouloir… De plus avoir envie de me revoir… Jamais…
– Faut reconnaître que t’as fait
fort…
– Je veux pas… Que tu m’en veuilles…
Qu’on se voie plus… Punis-moi ! S’il te plaît, punis-moi ! Je t’en
supplie…
– Viens !
Dans la chambre…
J’ai lentement dénoué le peignoir… Au-dessous
elle était nue…
J’ai fait claquer le fouet en l’air…
Trois fois…
Elle est, d’elle-même, allée s’allonger
docilement sur le lit…
– Combien ? À ton avis ?
T’en as mérité combien ?
Elle a hésité…
– Vingt ?
– Ce sera trente…
– Trente… Si tu veux… Comme tu veux…
C’est toi qui décides…
Et elle a enfoui la tête dans les
coussins…
C'est bien utile. La fessée aide à sauver les relations aimables.
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